Je n'ai pas eu d'enfant, je n'en ai jamais vraiment ressenti l'envie et je sais maintenant que j'en aurai jamais (je suis dans l'âge critique pour enfanter, mais même si ce n'était pas le cas ou que je pouvais / voulais adopter, ce serait encore et toujours non).
La raison ? Ma mère. Mon père est mort jeune, mon frère et ma mère se sont fâchés définitivement (m'entraînant au passage dans leur conflit) il y a une bonne dizaine d'années, mes oncles (frères de ma mère) sont décédés, et ma mère s'est plus ou moins éloignée / fâchée (et m'a donc éloignée de tout le monde par la même occasion) de sa belle-soeur et de tous ses neveux/nièces (mes cousins et cousines).
Et du coup, ben il ne reste que moi : tout repose sur mes épaules, et c'est trop lourd, trop de pression, trop de responsabilités. Pour ma mère, les enfnats doivent rester auprès de leurs parents toute leur vie pour s'en occuper, surtout quand ils seront vieux. Et donc quand je lui dis que je veux partir à l'étranger pour le travail (une opportunité de dingue que je ne peux pas laisser passer), elle me fait la gueule. Elle me dit qu'elle me laisse vivre ma vie (trop gentil : elle m'a laissée partir faire mes études et travailler en région parisienne, pour vivre ma vie, et comme si j'avais le choix de toutes les façons de la région où je travaille, vu que je suis prof) et donc que non elle ne me brime pas. Mais partir sur un autre continent, là non c'est pas possible. Elle me demande pourquoi je ne pars pas au Luxembourg par exemple, ou en Italie ? Ben parce que je ne parle pas l'allemand, encore moins le luxembourgeois et pas non plus l'italien (ni l'espagnol, ni l'arabe pour parler des pays proches de où elle vit. Et parce que c'est comme ça : je suis prof, je prends le boulot où je le trouve. Alors je pourrais certes choisir l'Irlande ou l'Angleterre, mais et si tout simplement je ne pouvais / voulais pas ?
On m'offre une opportunité de dingue (le genre qui ne se refuse pas, avec salaire x 2 ou 3 voire plus, et d'autres conditions de travail et de vie bien plus confortables que ce que j'ai actuellement), et je devrais donc refuser, pour rester près d'elle... Entre enseigner dans un lycée pas terrible de la RP, avec des élèves entre hyper difficiles et quasiment illéttrés qui vous agressent physiquement et verbalement, vivre dans une banlieue pas top parce que salaire bas et n'avoir aucune perspective d'avenir -ah si dans deux ans, 50 euros bruts d'augmentation et celle d'après sera en 2026, on aura même pas atteint les 100€ de plus en 5 ans ça couvre même pas l'inflation-, et voir au contraire l'avenir professionnel s'assombrir en tant que prof en région parisienne (élèves de plus en plus difficiles, inadaptés, de moins en moins de moyens, de plus en plus de boulot, une détestation toujours plus forte des profs par le public, etc), plus la vie en RP que je ne supporte plus (la saleté, l'agressivité, le jem'enfoutisme de tous -je me gare où je veux même si ça bloque tout le monde 10 mis par ex.-, les transports en commun -j'ai attendu 65 mins un bus qui passe normalement toutes les 15 mins la semaine dernière et ça arrive très régulièrement-, etc.) et l'expatriation dans un pays (où tout n'est pas rose certes) avec la possibilité d'avoir un mode de vie simplement plus beaucoup plus agréable et donc la possibilité de me sentir bien dans ma vie et ma tête pour la première fois depuis plusieurs années, le choix devrait être vite fait. En tous les cas, le mien est déjà fait. Mais pour ma mère, partir c'est l'abandonner. Alors que :
1. je suis sa fille pas sa mère. Elle est majeure et peut s'occuper d'elle toute seule. Elle a une retraite qui lui permet de vivre confortalement.
2. Si elle n'avait pas d'argent, ce n'est pas avec mon salaire actuel que je pourrais l'aider.
3. On ne se voit que 2 fois par an : à Noël et l'été (je descend la voir). Le pays où je vais m'expatrier a aussi des vacances d'été et de Noël de la même durée.
4. Le téléphone et Internet sont deux merveilleuses inventions qui permettent de communiquer de loin. Elle le sait déjà vu qu'on s'appelle tous les jours... Peut-être croit-elle que dans le futur pays où je vais habiter le téléphone n'existe pas ou envoie des maléfices (vu que c'est un pays arrieré ? c'est un pays d'Amérique du Nord mais bon...). Y'a le décalage horaire, certes, mais suffit de s'organiser : elle travaille pas hein donc je l'appellerai le midi à ma pause déjeuner, il sera 19h chez elle, elle aura déjà dîné, c'est bon. En ce moment je l'appelle aussi à 19h, sauf que ben il est aussi 19h chez moi. Mais c'est vrai dans le pays d'accueil il ne sera chez moi que midi. Ca va faire que la ligne de téléphone va s'auto-détruire à chaque fois, j'en suis sûre.
5. Elle peut venir me voir. Elle aime pas prendre l'avion toute seule donc ok je viendrai la chercher et repartirai avec elle, donc je ferai 2 fois l'aller-retour (avec le prix assorti), mais je suis égoïste.
6. Elle pourra venir habiter avec moi. Mais elle veut pas changer sa vie. Ben moi je veux changer la mienne, et ma vie a je pense autant de valeur que la sienne, mais apparemment pas.
7. Elle me dit que je ne pourrai pas venir l'aider en cas de problème : ben c'est déjà le cas, j'ai un boulot et non je ne peux pas partir pour aller la secourir comme ça en cas d'urgence. Et même si je pouvais le faire (avec un chef compréhensif), la télé-transportation de ma région à la sienne n'existe toujours pas. Il faut un billet de train. De là bas il faudra prendre l'avion, ben je prendrai l'avion si besoin, même si ça doit me coûter une blinde, je ne pourrai juste peut-être pas être là le jour même. Sauf que c'est déjà le cas.
8. Elle me dit qu'elle ne pourra pas prendre d'animal de compagnie parce que s'il lui arrive qqchose, ben je ne pourrais pas prendre l'animal de compagnie en question et elle ne veut pas qu'il aille à la SPA. Bon déjà j'aime les animaux, mais s'entendre dire que JE ne dois pas partir (et donc souffrir) parce que s'il lui arrive qqchose son futur animal de compagnie devra aller à la SPA et donc souffir, et que lui c'est pas juste, heu... Je ne dis pas que si elle prend un chien et que demain il lui arrive qqchose et que l'animal termine à la SPA c'est pas triste, mais je ne vais pas conditionner ma vie à cette question-là. De ttes les façons, s'il lui arrive qqchose ou qu'elle doit aller à l'hôpital demain, le chien devra bien aller qq part (en tous les cas temporairement) car je ne pense pas pouvoir obtenir de congé pour pouvoir aller m'occuper du chien de ma mère. Et si je récupère le chien, vu je suis normalement partie de 7h à 19h de mon appart, plus pas le temps pour le sortir le matin, trop crevée le soir, il sera malheureux avec moi, donc autant que l'animal aille ailleurs. D'ailleurs si je voulais adopter un chien à la SPA avec mon mode de vie, on me rirait au nez.
9. Si j'avais des enfants, je ne serais pas dispo pour elle tout le temps déjà. simplement.
Elle ne se rend pas compte à quel point elle a complètement foutu une partie de ma vie en l'air en me racontant en détails combien les hommes de sa vie (mon père, ses deux copains suivants) étaient horribles, et ce depuis l'âge de 5 ans. J'étais sa confidente, maintenant, je dois aussi passer le reste de ma vie à na pas vivre, à essayer de ne pas me tirer une balle (j'y pense régulièrement parce que je n'en peux plus de tout ça et de plein d'autres trucs et que je me dis que si je n'étais plus là, je n'aurais plus ce poids de la culpabilité, de la responsabilité écrasante de me dire que je rends ma mère malheureuse, que je vais la faire mourir, de me dire que si je meurs, ma mère ne s'en remettra pas, mais que je pense parfois qu'il vaut mieux que je disparaisse pour ne plus avoir ce poids c'est un cercle vicieux oui). Je l'aime mais je n'en peux plus : j'ai rien demandé à personne, et donc non je n'aurai pas d'enfant, parce que je ne veux pas lui faire porter la responsabilité de ma vie, au détriment de la sienne....
Désolée du pavé, et je ne sais pas si ce post ne serait pas mieux ailleurs dans un autre fil en fait...