Un violeur et sa victime témoignent, ensemble, contre la culture du viol

1 Août 2015
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Bon... moi j'ai trouvé l'article intéressant sur le point suivant:
Je trouve que c'est bien qu'on voit qu'un violeur, c'est pas forcément un psychopathe sadique qui vous attrape au coin d'une rue. Cela peut être une personne 'bien' en apparence, une personne sans trouble mental, votre ami, votre petit ami. 'Humaniser' le violeur ce n'est pas lui retirer sa responsabilité, mais c'est montrer que le viol est une réalité et que les profils du violeur sont variés.

Intérêt ? -> Empêcher les situations du type ' Non mais je le connais lui. c'est un type bien, ça peut pas être un violeur', ' C’était son petit copain et ils s'entendaient super bien.. on peut pas vraiment parler de viol là '.
Sur ce point, je trouve que cet article s'inscrit bien dans la lignée des articles sur la culture du viol de mademoizelle.

En revanche, je suis absolument révoltée, attristée, abasourdies par le nombre de femmes ayant subis un viol sur ce forum. Je ne me rendais pas compte que ce crime était si répandu... Courage à vous toutes !
 
M

Membre supprimé 226135

Guest
@Burial je partage ton avis sur l'explication qui n'est pas justification et la prévention.

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Bref tout ça pour dire que les faits et la rationalisation sont à magner avec précaution et quand on a déjà fait une partie du travail, ou quand on a envie d'aborder le sujet de manière plus détachée psychologiquement, sociologiquement, sinon ça peut juste nous enfermer dans notre sentiment d'impuissance.
 
M

Membre supprimé 226135

Guest


[USER=226135]@Ursinae
je me rends compte d'un truc, tu dis qu'un coupable qui a purgé sa peine pourrait participer à la lutte, hors le mec de la vidéo n'a pas purgé sa peine. Vu qu'il n'a pas été condamné.

Ou si on veut laisser des témoignages de violeurs, que ce soit fait par écrit et non pas dans une jolie petite salle lors d'une conférence publique. On a pas besoin de voir leur tronche en live pour entendre leurs propos. T'imagines une victime qui voit son violeur faire une conférence oklm (lors d'un TED EN PLUS) ? le choc que le simple fait de le voir peut entrainer ?
Non mais c'est un peu comme si Dahmer était passé à la télévision au journal de 20h pour dire qu'il était déso et qu'il n'avait jamais voulu tuer (ce qu'il a dit à la police).

Puis là dans cette vidéo on ne voit qu'une victime en fait. Peut être qu'il en a violé d'autres "sans le savoir" ou du moins sans le dire à la presse. La sincérité c'est très facile à reproduire avec un peu d'entrainement. Je ne dis pas qu'il n'est pas sincère, je dis qu'il n'est peut être pas sincère et ça, il n'y a que lui qui sait. Et donc dans le cas où il aurait violé d'autres personnes et que ces mêmes personnes tombent sur la vidéo...Ahem.[/USER]

Effectivement, j'y avais pensé, et je ne trouve pas ça bien. Mais si la victime de la vidéo ne porte pas plainte, personne ne peut le faire pour elle (sauf si éventuellement il y a eu d'autres viols comme tu le dis, sur d'autres personnes).
Mais par contre pour ce que tu dis d'une victime qui serait choquée, j'ai bien précisé que dans un contexte où la victime et le violeur serait d'accord pour en parler, absolument pas pour le fait de l'imposer à d'autres, donc je ne comprends pas ce passage. Idéalement il faudrait un travail fait en prison, que ce soit un travail de groupe ou individuel, mais les violeurs ne doivent pas être emprisonnés sans avoir été rééduqués là-dessus. Et pour que ça fonctionne le témoignage de violeurs ayant compris leurs actes peut être bénéfique pour la prévention d'autres.
Il ne s'agit pas de dire en public qu'on est désolés et qu'on ne voulait pas le faire, il s'agit de toucher le plus grand nombre afin qu'eux ne le fassent pas. Et ça pourrait être fait après un procès et une peine, quelqu'un de réellement désolé pourrait le faire. Et la différence avec le meurtre, c'est que la victime est encore là pour en parler, et que sa parole est aussi légitime, et si elle souhaite cet échange ou le rendre public, il faut y réfléchir.

Pour ton dernier paragraphe, c'est possible oui. Et l'idée de l'écrit est peut-être meilleure que l'oral.
 
16 Août 2011
225
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metz
L article est "mal" écrit et on a l impression que "peace and love" le "pauvre" il savait pas, il est désolé, il ne va pas bien... Et il n'y a aucun rappel de ce qu est un viol = un crime.

Je peux comprendre l initiative de la victime, cela se fait mais de façon privée et des essais psychologique en parlent pour le cheminement dans la reconstruction de (sur)vie de la victime, pas du bourreau...

Être abusée, violée, battue, c'est très dure à vivre et chacune et chacun le vit comme elle peut.

Un crime est restée impunie et derrière chaque agresseur il y a un humain, qqn de bien (peut être...) Exemple extrême et point Godwin: Hitler, Mussolini et autre dictateurs...ce sont des humains...
Et Nuremberg? Est ce que vraiment il y a à pardonner et étaient ils vraiment repentis? Il y en a qui ont eu aussi l excuse du "je ne savais pas" :/

Bref, retravailler l article pour ne pas avoir cette impression de "love love" et de "c'est pas vraiment la faute de l homme". En fait c'est vraiment cela qui est mis en cause pas la démarche de la victime! (vaut mieux le dire et redire :))

J'ai aussi une grande question/interrogation, les femmes qui ont décidé de rester avec leurs bourreaux et pardonner, comment faites vous? Vous resteriez avec un homme qui vous frappe, qui commet un meurtre ou autre? J'ai vraiment du mal à comprendre ^^' (et je ne juge pas je cherche seulement à comprendre donc vraiment désolée si je suis offencente ce n'est pas mon but et supprimerais/éditerais s il le faut!!!)
Une des femmes dans les com' reste mais ne pardonne pas, j'ai l impression d y voir le syndrome de Stockholm et pour se reconstruire ce n'est pas évident du tout et ce n'est pas de la faiblesse du tout!!!

Il faut savoir aussi que l amour ne justifie pas tout :sad:

En tout cas courage à toutes les victimes!!! (ce n est pas évident de vivre avec "ça", le traumatisme sera gravée à vie, pardon ou non, il s estompe mais reviens par vague surtout dans nos moments de vulnérabilité...je l'ai vécu/le vis seule car pas crue quand j'ai osé en parler et encore juste une toute petite partie de mon calvaire...aujourd'hui cela va mieux, mais ce n'est pas évident de survivre et vivre)
 
16 Août 2011
225
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metz
@JAK-STAT malheureusement je connais :sad: j'ai pas mal étudié le sujet et en apprend toujours dessus...

Pour les gens qui tuent, violent...par plaisir, ils ont des gros problèmes psy (comme les personnes qui paraissent "bien" sous tout rapport) c'est explicable, pas excusable (pour moi en tout cas et beaucoup d autres personnes)

Et le problème du viol dans l imaginaire collectif, c'est que cela n arrive que dans la rue/parking, en pleine nuit alors que oui ça arrive mais dans la majorité des viols se passent chez soi, chez des amis, ... La plupart sont des personnes proches...et les personnes ne veulent pas en entendre parler j'ai l impression (le déni surement...)

Et des gens biens pour certaines personnes sont le mal incarné pour d autres...cela aussi il ne faut pas l oublier et les humains restent des personnes qui se font du mal, font la guerre...loin de l humaniste qui veut la paix dans le monde... L homme est un loup pour l homme... :/
 
  • Big up !
Réactions : Burial et JAK-STAT
27 Février 2015
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Le problème n'est pas "on manque d'un autre point de vue" mais "cet article est mal écrit car il n'a ni nuance ni recul ni contexte sur un sujet hyper touchy, ce qui crée des réactions très mitigées".


J'ajoute que sur le web, un article voyage très souvent seul grâce aux réseaux sociaux, et que c'est étrange comme justification d'un article maladroit de demander aux gens de lire le reste du site. Beaucoup vont voir passer l'article sur Twitter ou Facebook, lire et fermer la page, sans connaître Madmoizelle plus que ça. "Ca manque de recul ? Oui mais on a écrit un autre truc en 2013 sur la question, ça permet de voir les choses différemment." Ca ne marche pas sur le web (et dans aucun média d'ailleurs). C'est comme écrire un papier à charge sur quelqu'un sans respecter le contradictoire (sans lui donner une possibilité de répondre) dans l'article, et dire comme défense qu'on l'avait déjà interrogé l'an dernier. On n'a aucune certitude que les gens le liront, donc le mal sera fait.

Tout à fait d'accord avec toi.


Comme beaucoup de lectrices, je crois que cette vidéo aurait demandé un article bien plus fouillé et rigoureux. Il m’a semblé un peu léger, un peu maladroit, et sur un sujet comme le viol ça me semble éminemment regrettable.

Même s’il se présente comme du pur donné, une histoire simplement « partagée » et pas « analysée » (pour reprendre les termes que j’ai lus dans un commentaire), un témoignage est nécessairement conditionné par la manière et le contexte dans lequel il est formulé, et dans lequel il est reçu. Il me semble vraiment important d’y prêter la plus grande attention. Le format d'une conférence TED a ceci de particulier qu'il privilégie systématiquement le caractère "exceptionnel" du récit, la démarche personnelle et le parcours de vie des locuteurs, et la production immédiate d’une émotion forte, positive, chez les destinataires.

Malgré toutes les précautions prises par Thordis à la fin de la vidéo, sur le fait qu'il s'agit d'un cas parmi d'autres, et nullement d'un exemple à suivre obligatoirement, le dispositif en lui-même confère à mon sens aux propos des intervenants, même malgré eux, au moins deux caractéristiques que je résumerais ainsi :
- Une forme d'exemplarité morale
- L’attrait d’une belle histoire

Alors attention, je ne dis pas qu'une histoire de viol ne puisse, pour une victime, devenir une belle histoire de vie. Ni que la mise en récit d'un traumatisme et de ses conséquences ne puisse aider les victimes, ainsi que celles qui reçoivent son témoignage, à se reconstruire et à surmonter ce qu'elles ont vécu. Ni qu’il n’ait rien à apprendre à ceux qui ne sont pas directement concernés. Bien au contraire. Et quelque part je peux tout à fait comprendre que des lectrices aient été touchées positivement par la vidéo et par l’article. En outre, il est vrai qu’on ne peut que se réjouir de voir des victimes de viol prendre la parole en public, via un média populaire et largement diffusé, et parler de la culture du viol. Oui, mille fois oui !

Mais pas n’importe comment. Et donner la parole au violeur de cette manière, ça reste très très problématique à mon avis.

Même s’il se présente comme un cas « unique », un témoignage a fatalement une certaine prétention à représenter quelque chose de collectif ; et à ce titre, ce qui y est dit ne peut pas simplement être renvoyé, d’un revers de main, à « une histoire singulière parmi tant d’autres ». S’il a blessé ou dérangé des lectrices (dont moi), c’est qu’il les a affectées, et s’il les a affectées, ce n’est pas forcément parce qu’elles seraient trop sensibles ou ne sauraient pas faire la part des choses ! Il y a des raisons et il serait souhaitable de prendre ces raisons au sérieux, non ?

Personnellement, beaucoup d’éléments me dérangent dans cette vidéo, que de nombreux commentaires ont déjà relevés avec beaucoup de justesse. Les réactions des madzs qui avaient été blessées par cette vidéo, leur colère et leur dépit, m’ont énormément touchée. Je suis désolée si mon message peut paraître un peu froid à côté :-S. Bref, je ne vais pas pouvoir être exhaustive mais j’aimerais à mon tour revenir sur deux-trois points :


1. L'évacuation totale de la question de la justice pénale. Déjà, il est effectivement assez dérangeant que ne soit pas du tout abordée l'éventualité d'une peine pour le violeur, et qu'il exprime son témoignage alors qu'il n'a jamais purgé de peine, ni même été jugé pour son crime. A la fin de la vidéo, il est même fait référence au viol de manière très euphémisée comme d'une "erreur" : je trouve ça très significatif.

J'ai lu un ou deux commentaires qui disaient que ça n'aurait servi à rien car il regrettait sincèrement, avait compris, etc. A mon sens, non. Et il ne s'agit pas ici de vouloir qu'il endure tous les maux,simplement que son crime devienne aussi l’affaire de la justice et de la collectivité.

C'est le principe de base de la justice en fait : à savoir que ce n'est pas à la victime de décider de la punition. Et ce pour n'importe quel délit ou crime ! Ici, on a vraiment l'impression que le mec s'en est bien tiré, parce que d’une, la victime a pris sur elle pendant des années, et que de deux, elle lui a donné un espace de parole, comme une opportunité de rédemption (avec tout ce que ce terme sous-entend de problématique !). En bref, la propre résilience de la victime semble s’être construite du fait qu’elle ait comme pris en charge la culpabilité et la repentance de son violeur. Si ça l’a aidée, tant mieux, et après tout elle n’avait pas d’autres moyens à sa disposition (c’est bien le problème). Mais ça donne aussi l’impression qu’il pourrait revenir aux victimes de faire ce travail ; or, à mon avis l’une des fonctions des institutions de justice est précisément d’éviter ce type de situation.

La seule alternative évoquée par Thordis à ce qu'elle a fait (entrer directement en contact avec son violeur, lui écrire, le rencontrer), c'est "la vengeance". Lui faire du mal. Sincèrement, je ne voudrais pas remettre en question le courage de cette jeune femme, ni le chemin qu'elle a pris, car effectivement ça lui appartient, et personne n'est légitime pour la critiquer. Elle a en outre fait preuve d’énormément de courage. MAIS je pense vraiment, vraiment, vraiment, que poser cette alternative entre pardonner OU se venger (ou plutôt se morfondre dans un désir de vengeance car celle-ci n’est pas possible) sans même évoquer l'autre option, à savoir porter plainte, est plus que dommage. Tant pis pour la vidéo (les TED talks sont ce qu'ils sont...), mais je crois qu’il est indispensable, dans l’article, de le rappeler (en police 30 et en gras), voire d’insister là-dessus.


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Tant mieux si Thordis a pu trouver une forme de paix malgré ces obstacles, mais la question méritait au moins d’être soulevée dans l’article : comment la prise en considération de la « culture du viol », de ses causes structurelles et de ses conséquences sociales et psychologiques, pourrait justement amener à revoir, par exemple, les délais de prescription et la prise en charge des cas de viol, en tenant compte du temps qu’il peut falloir à la victime pour porter plainte, du fait de ces représentations et/ou de pressions sociales qui compliquent très souvent sa démarche.

2. Une tendance à déresponsabiliser le violeur. Je pense que c’est aussi une conséquence de l’absence d’aspect juridique, et peut-être d’un contre-usage de la « culture du viol ».

Qu’on s’entende : je ne remets pas du tout en question l’existence des représentations pointées dans la vidéo, et qu’on regroupe sous le nom de « culture du viol » (que Madmoizelle a d’ailleurs entrepris de disséquer, à juste titre, dans nombre de ses articles). Il est très important d’analyser ces préjugés collectifs inconscients et de prendre toute la mesure de leurs conséquences pour les victimes comme pour ceux qui commettent un viol. De même, je suis très encline à croire que les individus sont déterminés par les représentations culturelles et sociales, et que cela peut expliquer, par exemple, que certains violeurs n’aient pas tout à fait conscience qu’ils sont bel et bien en train de commettre un crime et une grave atteinte à autrui.

Ce que je trouve regrettable, c’est qu’ici le problème est abordé comme quelque chose qui puisse se désamorcer par un dialogue : le côté « mettons-nous tous autour d'une table et discutons tous ensemble de la culture du viol ». Certes, entendre les coupables peut aider à comprendre quels mécanismes ont pu les amener à commettre un tel acte, et dans cette perspective, leur parole est à prendre en compte. Mais l’idée d’un dialogue unilatéral entre les oppresseurs et les victimes n’a absolument rien d’évident. Parce que leur situation n’est pas symétrique. Je suis heureuse (et limite soulagée) pour Thordis que ça se soit bien passé, mais en soi, leur histoire de correspondance et de rencontre physique, sans encadrement ni rien, sans aucune protection ou garantie pour la victime, me fait plus frémir qu’autre chose. C’est peut-être très subjectif de ma part, mais dans le fond ça me semble dangereux et malsain.

En tout cas, je trouve compréhensible que beaucoup de lectrices aient trouvé cette perspective choquante, et qu’elles aient été offensées que ce soit présenté comme une solution.

3. Que les étiquettes de "victime" et de "criminel" (ici "bourreau") soient pointées comme réductrice, dans un même mouvement, comme s'il s'agissait de deux notions symétriques, qui "réduisent" de la même façon et pour les mêmes raisons les individus à ce qu'ils ont subi d'une part, à ce qu'ils ont commis d’autre part. En fait ce qui me dérange c'est que le parcours de la victime et du bourreau soient ainsi mises sur un pied d'équivalence, comme un parcours parallèle. Alors que le viol se caractérise précisément par la profonde dissymétrie du rapport de force qui s’établit entre le violeur et sa victime. Et c’est d’autant plus vrai dans une société (la nôtre, pas seulement celles auxquelles il est fait référence à la fin de son intervention !) où les relations sont profondément inégalitaires, où les victimes de viol sont souvent déconsidérées et réduites au mutisme. Alors, même s’il y a peut-être quelque chose d’émouvant et presque miraculeux à voir cette symétrie rétablie dans l’histoire de Thordis et Tom, et surtout dans la manière dont elle est racontée, il faudrait, au mieux, la considérer comme un point d’aboutissement (même s’il me semble assez improbable), mais surtout pas comme une mise de départ pour traiter du viol et discuter de la culture du viol.

Du coup, cela me pose problème que la parole des violeurs soit ainsi sollicitée, comme à part égale, alors qu’il n’est déjà pas du tout ACQUIS, dans la société, que le témoignage et la souffrance des victimes soient reconnus et considérés.

Là-dessus, je rejoins totalement Natipik :

A mon humble avis, il serait peut être bon de rappeler que pour que tout le monde (hommes inclus donc) puisse prendre part au dialogue autour du viol, il faudrait commencer par donner la parole correctement aux victimes, dans la société en général.

C'est sans doute évident pour les rédactrices de Mad', mais tout le monde n'a pas lu les 4582 articles sur le viol.

Bref, voilà un peu mon point de vue ^^'… c’est très parcellaire et il ne fait que répéter beaucoup de choses qui ont déjà été dites fort justement par d’autres lectrices. On peut admettre qu’il ne s’agissait que d’un témoignage isolé, fait dans les conditions très particulière d’une conférence TED, mais ça ne dispense pas, je crois, de relever les limites de la démarche de ces deux personnes et du dispositif au sein duquel ils sont amenés à témoigner ; d’écouter aussi la voix de celles à qui ce témoignage fait du mal ; de chercher à se poser les bonnes questions en conséquence de tout cela.

Je ne sais pas ce que décidera la rédaction, mais demander, ou du moins espérer, une refonte ou un addendum à cet article, ne me semble pas si disproportionné, au vu de ce qu’il a suscité chez un grand nombre de lectrices concernées par la question.


PS : Désolée pour le pavé^^'
 
Dernière édition :
29 Juillet 2016
1
20
14
Je trouve cet article très "Meh". Déjà, le titre n'a pas de réel rapport avec le contenu de l'article. De plus, celui ci se limite à la traduction de la présentation de la vidéo. J'admire cette femme d'avoir pu pardonner son violeur. Cependant, le traitement que vous faites de son pardon est juste une généralisation : du genre "on doit tous pardonner à nos violeurs", et même pire "les violeurs sont humains, c'est pas leur faute, il mérite le pardon". Dans ce cas la, pourquoi pas aussi pardonner tous les meurtriers de masse ? Au fond, Hitler était juste un pauvre garçon en manque d'affection, il faut lui pardonner, il voulait pas faire de mal (non). En bref, vous vous appropriez son pardon pour l'appliquer à tous les cas de viol. C'est peut être la que se trouve le rapport avec le titre de l'article au final : vous faite de la culture du viol dans cet écrit. Vous faites culpabiliser celles qui ne veulent pas ou ne peuvent pas pardonner. Je m'attendais à un article analysant cette vidéo, présentant les idées de ces personnes sur la culture du viol et comment leur conférence et leur livre vont nous faire prendre conscience de ça, avec peut être quelques références. Au final, on a juste une présentation de leur relation. Enfin, dire que l'article a été validé par une victime de viol, cela généralise encore une fois toutes les victimes. Nous sommes tous/toutes différent/es, et nous ne vivons pas ce traumatisme de la même manière. Pour finir, courage à toutes les victimes de viol, je suis de tout cœur avec vous
 
6 Mai 2016
8
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30
Brest
Chaque victime gère son trauma comme iel l'entend. Clairement. Le souci que pose cet article, c'est que le témoignage de la victime et celui de son agresseur sont placés au même niveau. Alors même que le type n'a JAMAIS été condamné ou ne serait-ce inquiété pour ses actes. Alors peut-être que sa victime n'a jamais voulu/osé porter plainte et je ne connais pas le temps de prescription en Islande, mais ça reste un fait extrêmement problématique qui n'est évoqué nul part dans l'article ! A partir du moment où on est journaliste, on a des responsabilités. C'est normal qu'un article comme celui-là provoque autant d'indignation et de colère, comme constaté dans les commentaires, puisqu'il n'est absolument pas nuancé.
 
12 Octobre 2014
2 542
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Je ne suis pas pour la suppression de l'article car il s'agit de la vision d'une victime et ça a aussi sa place, mais je pense que l'article aurait gagné à être réécrit car en effet c'est un sujet explosif et les réactions allaient largement être prévisibles. L'article à mes yeux a un certain ton qui met un peu trop en avant ce pardon.
Aussi, j'avoue que ça me gêne qu'un violeur ait eu une tribune comme ça (et en plus il va publier un livre... déjà que moi je rame pour en faire publier un...).
Je veux dire, je pense que ça peut être très utile d'avoir la vision des criminels afin d'avoir une vision plus riche sur une problématique (et sans évidemment retirer la culpabilité des violeurs, je pense que la société n'est pas innocente non plus dans le processus qui va faire qu'un violeur va devenir violeur), mais je trouve que ça aurait été beaucoup plus approprié que ce discours soit rapporté par une autre personne que par le criminel lui-même. J'avoue que ça m'a pas mal gênée.

En ce qui concerne le fait de considérer cette personne comme un monstre ou comme un humain, malheureusement, c'est un humain. Je peux comprendre qu'il soit plus confortable ou pratique de penser que c'est un monstre, mais la diabolisation présente l'inconvénient de ne pas chercher à comprendre le cheminement qui a conduit le violeur à son viol. Et je pense que si on ne tente pas de comprendre ce cheminement, il sera plus difficile de combattre et prévenir ce crime.
Après, je pense aussi que pour certaines victimes, il est trop dangereux de tenter de savoir pourquoi leur viol, car elles pourraient confondre expliquer et excuser, en effet. Du coup, je pense que tenter de comprendre ou d'avoir des réponses n'est pas forcément à la portée de toutes les victimes (un peu comme le disait Ursinae, d'ailleurs).

Quant au fait de se venger ou de porter plainte ou de pardonner, chaque victime a son vécu et ses motivations.
Certaines victimes voudront se venger, d'autres pardonneront, d'autres voudront porter plainte, d'autres ne voudront pas porter plainte mais sans pardonner.
Par exemple, je connais une femme qui était bloquée entre porter plainte ou non car elle voulait que son violeur soit puni mais elle ne voulait pas qu'il subisse en prison ce qu'il lui avait fait subir - elle ne supportait pas cette idée, et du coup à force d'être bloquée, elle a décidé de ne rien faire et de tenter de "tourner la page", sans pardonner.
Le fait de mettre quelqu'un en prison, fuit-il violeur, peut être une idée difficile pour certaines victimes et c'est aussi quelque chose qui fait que certaines victimes ne porteront pas plainte.
Beaucoup ne seront pas d'accord avec cette vision des choses, et je comprends, mais c'est aussi leur droit à ces victimes, d'avoir ce ressenti et de faire ce choix, et on ne peut pas les forcer de faire autrement si ce n'est pas leur souhait, même si beaucoup auraient réagi différemment.
Certaines personnes pourraient même aller jusqu'à dire qu'à cause d'elles, leur violeur est encore dans la nature et que ça sera sur leur conscience, mais voilà, ce n'est pas non plus de la faute des victimes si pour elles, mettre quelqu'un en prison est difficile. Et on n'a pas à leur mettre une responsabilité et/ou une culpabilité supplémentaire en plus de l'épreuve qu'elles ont subi, c'est assez difficile comme ça pour elles.
(Je m'excuse au passage mais je me permets de défendre cette femme que je connais bien de certaines accusations qu'elle s'était prise dans la figure de la part de certains "proches" à l'époque - la faisant limite passer pour complice de son propre viol! - pour ne pas avoir porté plainte).

Je pense qu'il faut respecter le choix et le ressenti des victimes quel qu'il soit, au lieu d'injonctions "il faut pardonner (sinon vous êtes une mauvaise victime)", ou "il faut porter plainte (sinon vous êtes une mauvaise victime)" ou d'autres types de "il faut...".
Une victime qui ne porte pas plainte ne fait pas forcément d'attaque envers celles qui portent plainte, et inversement. Les personnes qui posent problème, c'est celles qui disent "il faut" allant jusqu'à faire culpabiliser la victime (la rendant du coup victime une 2e fois) de ne pas agir "comme il faudrait" selon elle.

Comme dit juste avant, cette épreuve est déjà terriblement difficile sans qu'en plus on nous mette une responsabilité/culpabilité en plus sur nos épaules alors qu'on n'a rien demandé.
Chaque victime est différente, et a sa propre manière de répondre à un traumatisme. Qu'on respecte au moins cela.
 
Dernière édition :
6 Mai 2016
8
51
1 574
30
Brest
@JAK-STAT J'avoue ne pas avoir osé aller voir les commentaires FB.... Mais ça me surprend pas. Parce que sans nuances journalistiques, bah c'est le genre d'article qui peut tout à fait servir aux discours injonctifs, déjà trop nombreux, du genre "bah tu vois qu'on peut pardonner" blabla. Là on parle de l'article de Mad, mais le Huff en a fait un aussi, où le témoignage de la victime de et son agresseur est qualifié de "remarquable" dès le titre de l'article. Là encore, aucune nuance.
 

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