Wait, je disais juste qu'il y avait sans doute des gens pas attirés par ce qu'ils jugeaient intelligents. Me sautez pas dessus. Je ne me dis même pas sapiosexuelle, en plus, j'ai d'ailleurs dit que je trouvais ça limité comme approche de ce qui nous attire chez les autres. Me tapez paaas !
@adita Globalement, je te rejoins, ça peut être assez superficiel, ça se donne souvent un genre. Je ne vais pas revenir dessus, même si je trouve
@Denderah nuance bien ce propos en disant que certaines personnes peuvent employer de terme dans un sens moins snob et élitiste, en cherchant moins à faussement fuir une superficialité qu'on ne peut pourtant qu'endosser si on se définit juste comme quelqu'un qui "aime les gens cultivayyys".
Cependant, tu dis qu'il te faut un feeling, une conversation avant d'avoir un rapport sexuel. Donc qu'il serait insultant et assez pédant de considérer que cela ne serait pas nécessaire pour une majorité de personne. Mais... on peut avoir tout ça avec une personne qu'on ne juge pas spécialement "intelligente". On peut parfaitement s'entendre/ressentir de l'attirance sexuelle avec/pour quelqu'un qui ne portera pour autant pas l'étiquette "intelligent" dans notre esprit. Pour moi, ce n'est pas systématiquement une reconnaissance d'intelligence qui va créer un feeling avec l'autre. En ce sens, le fait de ressentir un feeling avec quelqu'un, de communiquer avec lui de façon agréable, ça ne veut pas dire que cette personne est forcément intelligente. Elle peut l'être, mais pas forcément. Sinon, ça voudrait dire que sans intelligence, on ne crée pas de lien avec les autres, ce qui me semble au mieux réducteur, au pire complètement faux.
De même, je pense qu'une personne qui se dit attirer par des gens qu'elle juge intelligents ne va pas forcément qualifier tous les autres de crétins. On n'est pas ou intelligent ou un crétin, on peut très bien se positionner à un entre-deux assez flou (qui dépendra de la personne qui nous juge ainsi). On peut être frappé par la bêtise ou l'intelligence d'une personne, bien sûr, mais cela ne veut pas dire qu'on va à chaque fois ranger les gens qu'on croise dans l'une ou l'autre de ces catégories.
Quant au fait que la connexion intellectuelle serait en grande partie basée sur les habitus de classe, je suis d'accord. Mais là encore, cela ne veut pas dire que le mot "intelligent", pris individuellement, est classiste, juste que beaucoup de personnes vont avoir une conception classiste de ce mot et le définir en se basant sur lesdits habitus de classe. C'est une conception qui peut d'ailleurs évoluer d'une personne à l'autre, d'un moment de vie à un autre, d'une culture à l'autre...
C'est comme si je disais "secrétaire". La plupart des gens auront une projection mentale féminine derrière ce mot. Cela peut être sexiste en soi, pourquoi se représenter une femme ? Mais s'ils prennent conscience que ce n'est pas un métier "de" femmes, que des hommes le pratiquent, que des femmes peuvent faire autre chose, etc., alors leur conception de ce mot va évoluer. Du coup, pour illustrer, s'ils se disent secrétairesexuels (
), ils pourraient tout aussi bien être attirés par des hommes ou des femmes, s'ils entendent bien ce mot dans un sens non sexiste (et donc non limitatif à un genre précis). C'est un peu bancal comme comparaison, mais je pense qu'on peut très clairement se dire que le concept d'intelligence peut suivre le même type de processus.
Quoi qu'il en soit, il y a possiblement une discrimination derrière, mais pas nécessaire en lien avec la lutte des classes (bien que fortement corrélée à celle-ci, je pense).
@Lilou la licorne C'est vrai que le pendant de l'intelligence n'est pas vraiment jugé attirant, du coup on pourrait se demander s'il est si nécessaire de créer une terminologie pour parler de la tendance générale vers laquelle iront les gens. Mais bon, autant je pense qu'on est rarement attiré par la bêtise ("oh là là, ce regard bauvin, cette incapacité à comprendre ce que je dis, à me suivre quand je parle... qu'est-ce que ça m'excite !
"), autant je pense que le fait qu'une personne soit intelligente n'est pas spécifiquement un but en soi, ni un facteur d'excitation sexuelle systématique. Dans le cas où tu te dirais sapiosexuelle, donc, je pense qu'il ne faut pas, ici, considérer que toute personne qui ne t'éblouit pas par son intelligence au point de faire frétiller ta culotte, est bête... mais juste pas au niveau d'intelligence requis pour te donner du désir.
Pour ce qui est du fait que cette "orientation" sexuelle ne s'appuie pas sur le genre... Je ne sais pas, est-ce que se dire demi-sexuelle (vu dans un autre topic) te semble problématique, alors que ça ne s'appuie pas sur le genre ? Je pense que le but n'est aps forcément de déterminer quel genre nous fait craquer, mais peut-être plus quelle particularité on recherche chez une personne pour définir l'orientation que prend notre sexualité. Non ?
Je peux comprendre qu'une personne veuille absolument comprendre ce qui va provoquer du désir chez elle, après tout, même si cela sort du prisme du genre... Par ailleurs, je pense qu'on peut ne pas conceptualiser sa sexualité selon un genre, tout en ayant d'autres critères qui compteront lors de la création d'une attirance chez l'autre. Parce que, concrètement, si on ne devait avoir une orientation sexuelle qu'en fonction du genre, on serait un peu attiré par tout le monde, à partir du moment où il est de ce genre-là. Alors que non, clairement pas, il y a d'autres choses qui entrent en jeu. Et si on perçoit une systématisation derrière ces éléments (= une personne qui a forcément besoin de considérer l'autre comme extrêmement intelligent), il n'est pas si illogique de se dire qu'on pourrait l'inclure dans sa "carte de visite de l'orientation sexuelle".
(Enfin, de toute manière, j'ai un peu de mal avec le principe de chercher forcément à se construire des cases et des appartenances de ce type, mais c'est un autre débat, et je le prends dit d'un point de vue personnel.)
Là où je vois une différence, c'est qu'il est quand même plus facile (même si pas non plus automatique) de séparer les gens selon leur genre que selon leur niveau intellectuel, d'un point de vue général, puisque tout le monde n'aura pas la même définition de ce qu'est l'intelligence (alors qu'on aura concrètement la même définition de ce qu'est un homme et une femme, même si les questions sur la non-binarité et la transidentité viennent un peu nuancer tout ça). En cela, il peut sembler délicat de trouver un sens commun derrière "sapiosexuel". Si quelqu'un se dit sapiosexuel, on risque de ne pas vraiment percevoir ce qu'il veut dire, en apposant sa propre conception de l'intelligence sur un concept qu'il perçoit différemment par exemple, ou en ayant des préjugés sur sa propre façon de considérer l'intelligence, etc. Donc c'est clairement un terme qui aura du mal à faire sens, ce qui fait que je comprends parfaitement qu'il fasse autant débat.
Comme tu le dis, ça peut poser question d'avoir besoin de se définir ainsi. J'émets des doutes sur le fait que tout le monde le fera dans une démarche d'auto-congratulation de son intelligence, mais je suis assez d'accord avec toi quand tu émets l'hypothèse que cela doit être très fréquent.
@Ada or ardor Je comprends ton hypothèse. Elle est possible, et en même temps, ça reste une hypothèse donc j'aurais un peu de mal à rebondir dessus pour te dire ce qu'il en était de ce type.
D'un autre côté, s'il avait dit que j'étais "trop drôle pour que je puisse ressentir de l'attirance pour elle", est-ce que cela voudrait dire que sa définition personnelle de l'humour est différente de celle qu'il juge correcte ? C'est délicat, je pense que c'est un principe qui peut s'appliquer à certains, mais pas à tout le monde, parce que cela suppose qu'on recherche forcément ces qualités chez une personne (selon notre définition personnelle et instinctive, s'entend). Alors qu'on peut aussi ne pas "rechercher" ces traits, qui ne comptent pas spécialement pour nous et ne nous provoquent pas grand-chose. Ainsi, une personne qui ne recherche pas l'intelligence ne recherche pas pour autant la bêtise. Non ?
Le fait qu'une personne intelligente puisse être intimidante ne me semble pas non plus incohérent. Je pense par ailleurs qu'on peut très bien se sentir limité et ne pas vouloir d'une personne qui le soit moins, par exemple, pour arriver à suivre (sans forcément vouloir quelqu'un qui soit plus limité que nous).
On peut aussi privilégier autre chose, parfois sans même penser à l'intelligence en soi. La gentillesse, par exemple. Je me souviens que mon oncle critiquait telle jeune fille qui sortait avec son fils parce qu'elle n'était pas aussi intelligente que lui, d'après lui. Bah, pour avoir cotôyer cette fille, et sans me dire "qu'est-ce qu'elle est bête" ou sans jamais penser à son niveau intellectuel tout court, je me suis plutôt dit "qu'est-ce qu'elle est adorable !". C'est vraiment une crème, douce, gentille... Et je peux comprendre qu'on soit attiré par une personne comme elle.
De même, je reviens à ce que je disais plus haut : pour moi, une personne n'est pas intelligente ou bête, elle peut être entre ces deux notions, plus ou moins proches de l'un ou l'autre de ces pôles. Être attiré par une personne "intelligente", ça ne veut sans doute pas dire une personne "tout sauf bête", mais peut-être avec une intelligence vraiment marquée et développée.
@Lady Stardust En fait, j'aurais dû mal à parler de sexisme sans savoir les critères qu'il peut avoir avec les hommes. Est-ce qu'il considère aussi les hommes comme "anormaux" à partir du moment où il les juge trop intelligents ? Et aussi, est-ce que c'est forcément pour se sentir au-dessus de la personne avec qui il veut être qu'il met de côté celles qui lui semblent "au-dessus de lui" intellectuellement parlant ?
Je pense en effet que des hommes vont parfois chercher chez une femme une réalisation sociale qui passera non pas par ce qu'elle a dans la cervelle mais plutôt par sa plastique socialement reconnue comme qualitative. Mais je pense qu'on manque de détails sur ce que voulait dire ce type par là pour se dire qu'il s'agit du même type de comportement.
De toute façon, je pense que c'est très certainement un comportement "genré", lié à l'évolution de ce qu'il fallait faire pour "réussir" socialement. Pour une femme, il fallait être belle, donc on va rechercher ça chez une femme. Pour les hommes, il fallait être riche, intelligent, donc on va rechercher ça chez un homme. Ce qui peut expliquer que plus de femmes semblent se dire sapiosexuelles. Tout en étant en pleine évolution actuellement, puisqu'on redéfinit le rôle de la femme, de l'homme, et les notions de la beauté et de l'intelligence.
Sinon, puisque tu en parles toi aussi, je te le demande à toi aussi : faut-il forcément que les points nécessaires à la naissance d'un désir sexuel chez soi soit liés au genre de la personne ? Je veux dire... une orientation sexuelle doit-elle suivre ce schéma, ou peut-elle s'accorder sur d'autres points ?