Veille Permanente Classisme

[Mad_Ame]

Je crois typiquement, que le job d'été en soi est un truc plutôt privilégié, puisque c'est un été.

Je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi; j'ai commencé à travailler les étés dès que j'ai été en âge de le faire (15-16ans). C'est un truc de privilégié quand, comme tu le dis toi-même, tu arrives à avoir une place grâce au piston (ça m'est arrivé d'avoir cette chance!) mais, clairement, bosser les étés ça me permettait de m'acheter des trucs qui me feraient plaisir tout au long de l'année, y compris pour les anniversaires et les cadeaux de Noël, sans taper dans la poche des mes parents, qui ne permettait pas vraiment de le faire (sinon au prix de confort alimentaire).
Dans mon coin les boulot d'été ce sont plus des jobs agricoles (Vendanges, castration du maïs et récoltes fruitières en particulier), les services à la personnes (surtout le soin aux personnes âgées), agent.e de service (ménage) dans les camping et les hôtels, et quelques postes techniques dans le spectacle ou l'évènementiel.

 

[schizophrenia]

Pardon, je me suis mal exprimée, je voulais juste réagir à l'argument de "elle a pu gouter aux jobs d'été" ce qui en fait une personne de la classe sociale populaire. Je voulais juste expliquer que d'avoir un job d'été signifie souvent être étudiant à côté, donc cela ne permet pas de se classer dans la classe sociale populaire. Je trouve ça très violent en fait de dire "si je sais ce que c'est que la misère, j'ai été caissière un été au franprix de ma ville" alors qu'en parallèle tu prépares un master de droit. Ca te donne une idée de ce qui est le monde ouvrier, mais tu n'en fais pas partie. Pouvoir faire un "boulot d'été", c'est bien souvent pouvoir être étudiant le reste de l'année.
Même si bien sur, certaines personnes n'ont même pas besoin de bosser financer faire des études ou loisirs (et ont tout le loisirs de faire des stages, ce qui rend leur cv plus avantageux).
Ensuite, oui, une partie des jobs d'été (souvent les plus prestigieux) se trouvent globalement grâce au réseau. En tout cas, dans mon département c'était ce que décrit @HeavyMetalAngel

 

[Mad_Ame]

@schizophrenia Ha oui d'accord, "avoir pu goûter" c'est si jôôôliment dit, je comprends mieux Oui effectivement, moi je bossais l'été du temps que j'étais au lycée (et l'été juste avant que j'entre en 3ème), puis j'ai dû travailler en même temps que ma licence, j'nai pas réussi à tenir le rythme, j'ai abandonné la licence et ai continué à travailler . Je suis partie dans un cursus en alternance, ça m'a permis de valider un diplôme tout en étant payée.
Je suis complètement ignorante sur la question mais, est-il possible qu'une personne de classe populaire et/ou qui soit dans une situation précaire, puisse aussi être en master de droit? Je pense aux bourses qui -je le sais bien, ne sont pas suffisantes- cumulées avec un job étudiant (est-ce possible d'être en master et d'avoir un job étudiant? quand je vois que j'ai pas su tenir pour une simple licence!) permettraient à l'étudiant.e de subvenir un peu à ses besoins?

Edit: taille du texte

 

[Lady Stardust]

Je suis complètement ignorante sur la question mais, est-il possible qu'une personne de classe populaire et/ou qui soit dans une situation précaire, puisse aussi être en master de droit?

Je rebondis sur ça (sans que ça ait trop de rapport avec ce que tu dis ) mais y'a plein de fois où je trouve ça pas pertinent de mettre sur le même plan "personne de classe populaire" et "étudiant.e qui est dans une situation précaire" : les "étudiants précaires" issus des classes moyennes à haut capital culturel ne sont pas à mon avis à considérer comme "de classe populaire" (enfin disons oui et non quoi).

Je pense aux bourses qui -je le sais bien, ne sont pas suffisantes-

Ça, ça dépend
En province, dans une grosse ville étudiante, avec uniquement mon abonnement de train à 50 euros l'année payé par ma mère côté soutien parental, je vivais bien avec 420 euros de bourses par mois (échelon maximum à mon époque, à la fin de mes études ça avait grimpé à 480 euros par mois). En plus de mes dépenses usuelles (loyer, nourriture, box internet, tramway, etc), je faisais de (petites) économies et me payais quelques bouquins et un ou deux burgers, bars ou cinés avec des amies par mois... (et avec un job d'été à 650 euros par mois je faisais plus d'économies et pouvais subvenir à mes besoins les mois sans bourses).
Bien sur un exemple personnel n'est pas généralisable mais je lis vachement souvent que "on ne peut pas vivre avec les bourses" et ça me laisse souvent perplexe Mais là ça rejoint la discussion quelques pages avant sur ce qu'on considère nécessaire par mois pour vivre, et qui je pense dépend vraiment de son milieu socio-économique et socio-culturel de base (bon bien sûr ça dépend du montant des bourses aussi, entre l'échelon 1 et le 7 y'a beaucoup de différences, et du lieu de vie).


Après il me semble que @schizophrenia ne parle pas des transfuges de classe mais des étudiants faisant des jobs d'été ET dont les parents assurent habituellement les dépenses le reste de l'année...

 

[schizophrenia]

@thalieacanthe ; @Lady Stardust a bien mieux résumé que moi ce que je pense sur la précarité étudiante (attention, je ne veux pas du tout minimiser la souffrance induite par cette précarité). Si cette précarité est un état passager, avec des parents de classe moyenne, avec des perspectives d'avenir autre, avec du capital culturel (désolée de tout ramener à ça, mais je trouve ça tellement important) : bah tu ne peux pas vraiment te déclarer d'une classe. La mémoire musculaire d'un ouvrier, c'est voir ton père crever à petit feu parce que son dos ne le porte plus après quarante ans de mise en rayon et de ménage, pas avoir des courbatures parce que tu as fait un mois de caissière chez Carrefour. Je le dit parce que ce fut mon cas, et je trouve que si je parlais de "ma mémoire ouvrière" après juste un mois d'étudiante, je volerais au gens qui ne connaissent que ça le droit de parler de la vie au travail.
D'ailleurs c'est un sujet qui m'interroge beaucoup car j'étais bien plus épanouie comme caissière en job d'été (mieux payée, meilleurs horaires, meilleure considération) que dans mon travail actuel (double master) où je suis payée moins que le smic horaire pour des tâches bof, mais où j'ai "le prestige de l'emploi" (à savoir une carte en plastique). Quand je dis à mes parents que j'envisage de repasser à un boulot moins qualifié pour avoir plus de temps, ils sont effrayés à l'idée d'un "déclassement". Moi qui selon eux, en suis arrivée là.
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Pour les jobs d'été il faut juste se poser la question de quels jobs : mon frère ne savait pas rédiger un cv et lancer des entreprises à 18 ans, il aurait jamais pu obtenir ce précieux sésame. Moi j'avais des connaissances au conseil départemental du coin, j'ai pu obtenir un chouette boulot d'accueil du musée, qui en prime, passe bien sur un CV.

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@Mad_Ame : Ma meilleure pote (partie d'un CAP secrétariat), a réussi son master de droit en cumulant des jobs à côté. Outre le fait qu'elle soit brillante elle a 1) mis énormément de temps à tout valider (7 ans voire , 2) elle était chez sa mère et se tapait trois heures de trajet par jour 3) on était dans une fac qui prenait soin d'aider les personnes salariées à avoir les mêmes avantages que les autres. Mais globalement, toute personne normalement constituée - comme moi - aurait jamais pu réussir.

 

[abricotte]

Bonjour !

J'ai beaucoup d'intérêt pour cette veille que je lis silencieusement, encore assez naïvement mais attentivement. Merci à toutes les personnes qui l'alimentent d'ailleurs.
J'ai repris du début pour voir si des ouvrages étaient conseillés sur ces thématiques comme dans certaines veilles mais je n'ai pas encore eu le temps de tout parcourir.

Le dernier post de @schizophrenia me fait me demander si vous auriez des conseils de livres/supports audio sur le capital culturel dont vous parlez régulièrement et notamment s'il y a des pistes à explorer sur la façon dont on peut aider à conscientiser cette dimension (pour en limiter les effets d'interprétation négative sur ceux qui n'ont pas le même que soi) et à réduire l'effet de rupture qu'une différence à ce niveau peut créer dans la communication.

Si des idées vous viennent je suis preneuse !
S'il existe déjà un endroit où une biblio participative est réalisée n'hésitez pas à me l'indiquer.
Sinon je trouverai bien au fil des pages et de mes recherches.

 

[adita]

@thalieacanthe Désolé je réponds un peu tard et d'autres t'ont répondu, en fait je n'ai pas vraiment compris ton message. je suis d'accord que Christine and the Queen est un transfuge de classe, j'ai tendance à employer ce mot de transfuge plus pour ceux qui viennent des classe populaire mais en soi oui elle a changé de classe sociale et ça fait d'elle une transfuge.
Par contre sur la mémoire des muscles de la classe ouvrière (?) je suis complètement soulée quand je lis ça. Parce qu'elle ne vient pas de la casse ouvrière, et je ne comprends pas ton propos sur les jobs d'été.
Pour parler un peu perso parce que ça illustre bien, je viens d'une classe très populaire, tout en étant pas de la classe ouvrière. Ce sont mes origines, depuis je suis un pur produit de l'école républicaine () et je suis clairement un transfuge, tout comme mon conjoint, ingénieure, CSP+
J'ai bossé à l'usine à mes 18 ans, ça voudrait dire que j'ai la mémoire des muscles de la classe ouvrière? Je trouve ça assez ridicule oui je me suis musclée à mort (+ tendinite) à faire les mêmes gestes et porter des charges toutes la journée, par contre depuis j'ai eu le temps de perdre mes muscles...Ici Chris elle s'approprie une vécu et une "mémoire des corps" qu'elle 'na pas... enfin je trouverai complétement stupide et insultant de me revendiquer de la classe ouvrière parce que j'ai bossé deux mois à l'usine, ça serait pas aussi problématique si c'était pas fait de manière à instrumentaliser tout ça et à "l'esthétiser" avec l'objectif de vendre ses sons, faut pas l'oublier.

Pour le pistons je vois ce que vous voulez dire je viens d'une région avec des vignes (sans qu'il y en ai dans ma campagne) et c'est souvent ceux qui avaient des pistons ou scooter ou parents qui pouvaient faire les vendanges. Et je réalise que je me suis fait pistonner, la mère d'un mec avec qui je prenais le bus travaillait à l'usine où j'ai postulé, il m'avait dit de déposer un CV, c'est à ce moment là que j'ai découvert qu'au fin fond de ma campagne à 10 minutes en vélo il y avait une petite zone industrielle oui oui. Et l'argent gagné ça m'a servi à payer la caution de l'apart pour les études et financer mon permis, beaucoup trop cher et inaccessible pour beaucoup des classes populaires.
Quand je voyais des gens qui me demandais pourquoi je l'avais pas encore je grognais, c'est clairement un privilège de se faire payer un truc à 1500-2000e par ses parents, même si c'est pour un anniversaire...

Pour le reste pas forcement de pistons quand on est étudiant en ville et qu'on bosse au Macdo, perso je me suis pas faite pistonnée pour faire des sandwichs toutes la journées. Après les jobs d'été ont toujours été vitaux pour moi puisque en été pas de bourses et comme @Lady Stardust on avait la même bourse et on vivait toutes les deux dans un appart pas cher, j'avais jamais eu autant d'argent de ma vie avec cette bourse et les APL... C'est à ce moment là que j'ai pu m'acheter des choses à mois, livres, vêtements, etc avec pas un seul euro de nos parents. Et j'ai eu la chance que ça me permette (nous permette) de ne pas bosser pendant l'année (ce qui aurait été difficile avec ma santé en plus des cours).
Donc perso j'estime que j'ai eu de la chance même si le concept de vacances m'a longtemps été étranger ça c'est sûr.
Après les jobs d'été intéressant oui c'est souvent par piston (même si j'ai été médiatrice culturelle sans piston aussi ) mais ça demande de savoir se vendre etc et ça c'est un privilège que j'ai aussi, de par mon parcours etc, c'est pas donné à tout le monde et c'est clairement pas mes parents qui m'ont aidé.

 

[schizophrenia]

J'adore vraiment cette veille, les témoignages et les questionnements sont toujours hyper riches .
Je pense qu'il existe plusieurs types de job d'été, à un degré plus où moins "valorisé" par la société. Comme le dit @adita , il existe des jobs plus valorisant que d'autres. Par ailleurs, je me souviendrai toujours d'un été où je bossais en caisse le matin et à l'accueil d'un petit musée l'après-midi et où une femme qui m'avait royalement snobée lorsqu'elle faisait ses courses, et a pris une dizaine de minutes pour me parler lorsque je faisais l'accueil, présumant de facto que j'étais étudiante.

 

[schizophrenia]

@Poacée

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[Chambray]

@Poacée

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[schizophrenia]

@Chambray : Ca me fait penser à une discussion du malaise dans un bar un jour (infiltrer les bourgeois, ma passion numéro un) où un mec me parlait de ses parties de chasse le dimanche . Et où j'expliquais qu'une partie de ma famille pratiquait la chasse (). Et là, son pote me regarde comme une demeurée en me disant "enfin, on parle de chasse à courre là, vous les prols ne savaient pas ce que s'est, faut avoir un domaine pour ça." . En effet, j'ignorais l'existence de la chasse à courre .

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Edit : suis-je la seule à voir du classisme dans cet article de télérama ?

 

[Pochemuchka-Lilou]

@schizophrenia Je suis sur le cul à la lecture de cet article . Je comprends pas comment on peut se permettre d'écrire ça à propos d'un inconnu qui n'a rien demandé à personne. On dirait vraiment que l'autrice plaque sur lui un fantasme, l'humain passe complètement à la trappe.