@Melle Sosostris Y a tellement de façons de phraser cette question de manière subtile que ça pourrait aider les personnes racisées à un peu moins subir de microaggressions que de ne pas poser
cette question. A chaque fois, je vais me braquer (je veux dire, je le sens dans mon corps que mes peurs sont réactivées, "triggered"), voire me figer pendant 2 secondes, mais 2 secondes de trop pour montrer mon malaise.
Par exemple "tu as grandi où?", "tu vis dans quelle ville?", "tu connais l'hôte.sse de l'enfance, lycée etc." (dans une fête), "tu as étudié/travaillé ici?" etc etc.
Du coup, si on me pose quand même
cette question, je réponds à l'intuition parce qu'après 20, 30, ans, tu sais d'instinct quel type de personne est en face de toi. Le relou, le raciste, le raciste "pas-raciste", le gars qui te parle en chinois parce que t'es asiat', l'autre qui veut savoir parce que t'as "une tête de", celui qui veut te classer, celle qui aime les enfants métisses ("tes enfants seront trop beaux!". Whaaat?!?), celleux avec sous-jacent "en fait t'es pas vraiment d'ici", la curieuse mal venue, genre oh je veux savoir ton histoire parce que t'as une couleur de peau, comme si mon histoire appartenait à la voie publique, une personne qui demande ça parce que c'est ton histoire mais ne dit pas que c'est "trop cool!" (non mon histoire familiale est douloureuse, vis-la d'abord avant de t'exclamer). La dernière catégorie étant à peu près la seule catégorie de personnes à laquelle je réponds parce que je sais qu'elles vont m'écouter. * Tout le reste, je réponds par syllabes et je les laisse gamberger dans leur frustration. Et dans ces moments, j'ai parfois du soutien d'autres racisé.e.s ou enfants d'immigré.e.s, ce qui est magnifique.
(Et encore, ma typologie doit être encore qu'une énième portion de ce que le monde m'a offert).
Je plussoie définitivement
@Diophantienne, de la part de racisé.e, cette question n'est pas autant chargée alors ça peut passer. Sans compter qu'iels ont tendance à ne pas la poser directement...
(par contre, le plus difficile c'est les blanc.he.s de 2e ou 3e génération qui ont une histoire relativement respectée qui comprennent pas pourquoi moi je peux pas être autant décontractée sur la question des origines. Nan ma petite, c'est une question trop chargée, historiquement à un niveau systémique, et émotionnellement à un niveau personnel. )
(j'utilise souvent un "tu général", ça me permet d'enlever ma frustration
)
(petit edit précision: * Parce qu'évidemment, les gens qui posent
cette question s'attendent souvent à une réponse simple. Sauf que non. Sauf que si tu poses cette question, tu dois être prêt.e à écouter des heures s'il le faut. Sinon, autant s'abstenir. Franchement, je comprends pas ces gens. Iels me posent
cette question et limite s'énervent après si je ne réponds pas ce qu
'iels veulent. Whaaaat?!? bis)