M
Membre supprimé 138056
Guest
Hello,
Je voudrais contribuer à cet intéressant topic en tant que "nana ayant été avec une personne trans*".
Déjà, j'ai toujours respecté le choix de la personne avec qui j'étais, je n'ai jamais tenté de m'y opposer, je ne suis jamais tombée dans la dissuasion. Je comprends sa position et j'ai eu 50 000 occasions de voir que c'était une question de vie ou de mort. Je sais que c'est viscéral, qu'il faut sortir de cette enveloppe qui ne correspond pas et qui fait mal comme si on avait la gangrène...
J'ai du mal avec les pronoms et ça pourra en gêner certains, désolée par avance. Il fut une époque où j'excellais dans la neutralité, et avec une langue aussi genrée que la nôtre c'était pas de la tarte, mais on y arrive...
Bref. Pour ce qui est de la vie de couple, ce n'est pas "moins difficile" d'accepter la transformation en connaissant/étant avec la personne depuis longtemps, je dirais presque que c'est le contraire. En fait, ce qui fait que les "cisgenres" (je ne connaissais pas ce terme avant de venir ici) peinent à s'adapter, c'est que les questionnements de l'autre nous renvoient à notre propre identité, à notre façon de vivre avec le genre que la nature, puis la société, nous ont donné. Au contact de l'autre en transition, on remet en question nos propres certitudes et nos propres croyances, l'avenir qu'on s'imaginait construire ensemble... fatalement on se dit aussi "et les autres ils vont dire quoi ?"
Par la suite on s'en fout pas mal de ce que les autres pensent et on devient solidaire. On défile en première ligne à la troisième plus grande gay pride de France, debout sur le char dédié aux assos trans*, et on distribue des tracts d'information.
Mais dans le fond l'identité se fissure. Il y a des fêlures qui apparaissent, insidieusement. Mais on lutte quand même, plusieurs années, parce qu'il y a beaucoup d'amour et qu'on veut se remettre en question, s'ouvrir de nouveaux horizons, comprendre, aider, soutenir...
J'ai connu des gens pour qui ça a marché et j'en suis bien contente car, je le répète, le besoin de devenir/d'être enfin naturellement soi est tellement douloureux qu'on aimerait bien ne pas avoir à se rajouter la souffrance de perdre quelqu'un qu'on aime.
Pour moi en revanche ça n'a pas marché, j'ai échoué dans ma tentative d'acceptation. J'ai pris l'initiative de rompre, même si j'éprouvais encore de l'amour, parce que je n'avais d'une part pas le droit de l'empêcher de prendre le chemin de la survie, et d'autre part je n'avais plus la force d'apporter mon soutien. Je pense que la première opération a marqué la fin de mon implication, je ne pouvais simplement plus faire face.
En fait, c'était son identité contre la mienne, c'en est arrivé là, inconsciemment et sans animosité - et de même que je n'avais pas le droit de lui dire de laisser de côté son identité, j'avais le droit de ne pas mettre la mienne dans l'ombre.
Enfin, je ne lui jette pas la pierre, je ne lui en veux pas, c'est la faute à personne, au fond. On ne choisit pas. Et si c'est évidemment la situation de la personne trans* qui est la plus difficile à vivre dans le couple/dans la vie/tout le temps, j'aimerais qu'il y ait un peu de compréhension vis à vis de ceux qui ont du mal avec les pronoms : il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac, tout le monde ne fait pas exprès de se tromper ou de ne pas arriver à parler comme il faudrait. Pour ma part j'avais choisi le neutre pour éviter d'être blessante tout en me laissant le temps d'évoluer.
Voilà voilà, désolée pour la longueur du pavé, mais il me semblait intéressant/utile d'apporter le point de vue de "l'ex" ^^;
Je voudrais contribuer à cet intéressant topic en tant que "nana ayant été avec une personne trans*".
Déjà, j'ai toujours respecté le choix de la personne avec qui j'étais, je n'ai jamais tenté de m'y opposer, je ne suis jamais tombée dans la dissuasion. Je comprends sa position et j'ai eu 50 000 occasions de voir que c'était une question de vie ou de mort. Je sais que c'est viscéral, qu'il faut sortir de cette enveloppe qui ne correspond pas et qui fait mal comme si on avait la gangrène...
J'ai du mal avec les pronoms et ça pourra en gêner certains, désolée par avance. Il fut une époque où j'excellais dans la neutralité, et avec une langue aussi genrée que la nôtre c'était pas de la tarte, mais on y arrive...
Bref. Pour ce qui est de la vie de couple, ce n'est pas "moins difficile" d'accepter la transformation en connaissant/étant avec la personne depuis longtemps, je dirais presque que c'est le contraire. En fait, ce qui fait que les "cisgenres" (je ne connaissais pas ce terme avant de venir ici) peinent à s'adapter, c'est que les questionnements de l'autre nous renvoient à notre propre identité, à notre façon de vivre avec le genre que la nature, puis la société, nous ont donné. Au contact de l'autre en transition, on remet en question nos propres certitudes et nos propres croyances, l'avenir qu'on s'imaginait construire ensemble... fatalement on se dit aussi "et les autres ils vont dire quoi ?"
Par la suite on s'en fout pas mal de ce que les autres pensent et on devient solidaire. On défile en première ligne à la troisième plus grande gay pride de France, debout sur le char dédié aux assos trans*, et on distribue des tracts d'information.
Mais dans le fond l'identité se fissure. Il y a des fêlures qui apparaissent, insidieusement. Mais on lutte quand même, plusieurs années, parce qu'il y a beaucoup d'amour et qu'on veut se remettre en question, s'ouvrir de nouveaux horizons, comprendre, aider, soutenir...
J'ai connu des gens pour qui ça a marché et j'en suis bien contente car, je le répète, le besoin de devenir/d'être enfin naturellement soi est tellement douloureux qu'on aimerait bien ne pas avoir à se rajouter la souffrance de perdre quelqu'un qu'on aime.
Pour moi en revanche ça n'a pas marché, j'ai échoué dans ma tentative d'acceptation. J'ai pris l'initiative de rompre, même si j'éprouvais encore de l'amour, parce que je n'avais d'une part pas le droit de l'empêcher de prendre le chemin de la survie, et d'autre part je n'avais plus la force d'apporter mon soutien. Je pense que la première opération a marqué la fin de mon implication, je ne pouvais simplement plus faire face.
En fait, c'était son identité contre la mienne, c'en est arrivé là, inconsciemment et sans animosité - et de même que je n'avais pas le droit de lui dire de laisser de côté son identité, j'avais le droit de ne pas mettre la mienne dans l'ombre.
Enfin, je ne lui jette pas la pierre, je ne lui en veux pas, c'est la faute à personne, au fond. On ne choisit pas. Et si c'est évidemment la situation de la personne trans* qui est la plus difficile à vivre dans le couple/dans la vie/tout le temps, j'aimerais qu'il y ait un peu de compréhension vis à vis de ceux qui ont du mal avec les pronoms : il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac, tout le monde ne fait pas exprès de se tromper ou de ne pas arriver à parler comme il faudrait. Pour ma part j'avais choisi le neutre pour éviter d'être blessante tout en me laissant le temps d'évoluer.
Voilà voilà, désolée pour la longueur du pavé, mais il me semblait intéressant/utile d'apporter le point de vue de "l'ex" ^^;