@Boadicée mais justement, dans ce que tu dis, c'est intéressant de voir que certaines patientes amab finissent par avoir une fluctuation cyclique alors même qu'elles n'en auraient pas besoin.
De manière plus générale, ça repose la question de pourquoi est-ce qu'on prend des hormones, dans quel but. (La réponse varie selon chaque personne, et je ne veux pas ici imposer une idée qui devrait s'appliquer à tou-tes, c'est plus un questionnement que je me pose.)
Mais si pour certaines le traitement hormonal a des effets atténuant la dépression (si l'atténuement de la dépression a pour cause le traitement hormonal et pas ses conséquences, en fait, ou d'autres choses comme une amélioration de la qualité de vie via une transition sociale par exemple - ce que posait comme question l'article de recherche), alors on peut se dire qu'au-delà d'un simple outil visant à sculpter les caractéristiques sexuelles secondaires d'une personne, le traitement hormonal change le fonctionnement hormonal du corps d'une personne trans et ce fonctionnement hormonal modifié peut être nécessaire, ou tout du moins utile, au bien-être et la santé mentale de cette personne. Si le traitement hormonal a un effet sur la dépression des gens trans, alors les taux hormonaux ne servent pas juste à réguler un cycle mensuel, et ils ont peut-être une quantité d'utilités secondaires dans le corps, utilités qu'on connait peut-être assez mal au final.
C'est d'ailleurs ce que j'avais compris des hormones - ce n'est pas un truc simple qui a un effet bien défini dans le corps d'une personne. Et puis, après tout, les gens avec pénis produisent aussi des oestrogènes, les gens avec vagin de la testostérone, ce n'est pas l'un ou l'autre selon les sexes mais une balance des deux, avec une dominance de la testostérone ou de l'oestrogène qui va, entre autres, modifier le corps via une puberté. A ce dont je me souviens, l'absence complète d'une des deux hormones n'est pas nécessairement une bonne chose (ou en tous cas pas pour tout le monde, vu qu'il n'y a pas vraiment de règle absolue chez les humains, à part, peut-être, "on meurt tou-tes à la fin"
)
(Le début du traitement hormonal avait provoqué tout un tas de changements chez moi, notamment une amélioration de mon humeur, la disparition de ma dépression, la mort de ma libido, et je trouvais ça curieux qu'autour de moi, on attribue la cause de tous ces changements à un "tu vas mieux" psychologique en rejetant d'office toute explication physiologique; de même je trouvais ça curieux que mes médecins se fichent pas mal de contrôler les taux de ce traitement qui changeait tant de choses, et se contentent d'un "c'est dans la bonne fourchette" sans chercher plus loin - comme si on se contentait d'un à peu près au lieu d'un résultat idéal pour une personne unique. Mais après, je ne suis pas endocrinologue, et par la force des choses je suis obligée de faire toutes ces recherches moi-même (je ne peux pas poser mes questions à des médecins, ou plus exactement on considère que c'est pas la peine de me répondre et de m'expliquer mon traitement). Je raconte peut-être des évidences et j'enfonce peut-être des portes ouvertes du coup.)
Et puis je pense que ce serait encore plus renforcer l'idée que "une femme cis est comme ça donc une femme trans doit être pareil" -> une femme cis à un cycle mensuel hormonal, donc une femme trans doit avoir ce cycle..
Pour ça, malheureusement, je pense qu'on peut renforcer des préjugés quelle que soit la direction prise (l'idée inverse, "une femme trans est pas comme une femme cis" n'est pas forcément mieux, après tout). Le véritable problème, c'est de s'imaginer que toutes les femmes trans sont pareilles (comme toutes les femmes cis, d'ailleurs). Je crois que beaucoup de médecins font ça, et plutôt que de voir ce dont le la ou lea patient-e a besoin, appliquent un schéma-type "vous êtes trans donc il vous faut ça" sans réfléchir, comme si les raisons amenant lea patiente chez lea docteur et les solutions à appliquer étaient uniformément les mêmes.
Parce qu'après, il y a des femmes trans qui ne veulent pas de traitement hormonal, et il y en a d'autres qui en veulent pour plein de raisons différentes, du mal-être dans son corps à la volonté d'acquérir un passing, ou autre.