@GoldenFish Pour exercer en tant qu'interprète, il te faut effectivement un diplôme équivalent à bac+5. Par contre, il existe le métier d'interface (il est un peu décrié par les interprètes qui les accusent de "ternir" la profession et de voler leur boulot, c'est un peu la guéguerre. Pareil, la première question de beaucoup de Sourds quand tu débarques c'est "t'as un diplôme?". Pour certains c'est la preuve que tu vas faire un boulot de qualité, pour d'autres ce statut de diplômé va les faire se sentir inférieurs. Bref on s'en fout, c'est pas le propos ici).
Pour faire la comparaison:
Un interprète:
- est diplômé, ce qui veut dire qu'il a approfondi ses compétences autant en Français qu'en Langue des signes (faut être parfaitement bilingue) et qu'il a suivi des cours pour prendre du recul sur sa pratique, a appris à se rendre neutre et à suivre le code déontologique des interprètes (ne pas se mêler au discours, ne pas laisser transparaître sa propre sensibilité, TOUT traduire, etc...)
- possède, avant d'entrer dans le cursus d'interprète, au moins un bac+3 (souvent un bac+5). Ce n'est pas tant ses connaissances dans son domaine d'étude qui lui serviront que tous les mécanismes de recherche et de réflexion qu'il a acquis à force de devoirs, exposés, révisions, rédactions qu'il a eus à faire au cours de ses études qui lui permettront d'être très réactif face aux différentes situations qu'il aura à interpréter (tu vas pas bosser les mains dans les poches: tu sais que tu vas traduire un cours de carrosserie? de boulanger? de microbiologie à la fac? une conférence sur la mise en bourse de telle société? tu fais des recherches pour te familiariser avec le vocabulaire et le contexte général avant d'y aller. Bref, c'est comme préparer un mini-exposé tous les jours sur des thèmes que tu ne maîtrises pas)
Un interface:
- a le niveau de français et de langue des signes qu'il a. Il peut être excellent comme il peut sortir "il faut mieux que tu viens" (entendu de mes oreilles. Quelle belle image du Sourd présent il a donné à son interlocuteur) et connaître 50 signes au maximum. Y a pas de formation qui valide son niveau.
- n'a pas vraiment de recul sur son rôle, prend plus facilement partie, se permet d'extrapoler les propos de celui qui parle/signe. Peut aller jusqu'à utiliser un autre vecteur que la LSF pour bosser (passer par l'écrit par ex)
Pour donner un exemple concret: tu interprètes un cours pour un étudiant
L'interprète va traduire UNIQUEMENT ce que le prof dit, ni plus, ni moins. Si le Sourd ne comprend pas, c'est à lui de se manifester et demander au prof des éclaircissements (évidemment, l'interprète traduit la question et la réponse). Quad le cours est fini, l'interprète dit au revoir et s'en va.
L'interface va traduire ce que dit le prof, va souvent reformuler de son propre chef, ajouter des exemples que le prof n'a pas donnés. Si le Sourd ne comprend pas, il aura tendance à demander à l'INTERFACE de lui réexpliquer (pendant ou après le cours, en LSF ou à l'écrit). L'interface est plus "le copain" du Sourd, il n'y a pas vraiment de distance professionnelle entre les deux.
Très sincèrement, je crois que dans certaines situations il vaut mieux un interprète qu'un interface et dans d'autres, vu le contexte ou le profil du Sourd, il vaut mieux un interface qu'un interprète.
Si ça peut te donner une idée de carrière...