Mandorle;3286020 a dit :
Parce que ces concepts sont eux-mêmes issus de sociétés qui voient justement le monde sous l'angle de la domination masculine (dont le seul pendant envisageable serait une forme de domination féminine) ; par ailleurs, l'idée de société matriarcale/patriarcales a il me semble été assez largement revu pour être plutôt envisagé sous l'angle de société patrilinéaires/matrilinéaires. En histoire, la manière et les catégorisations d'appréhender une période sont avant tout révalateurs du mode de pensée de la société dont l'historien est issu ; je pense qu'on peut appliquer le même raisonnement à l'ethnologie.
Je suis d'accord sur le principe. Seulement, alors que le point de vue est différent, la dualité que j'ai proposée demeure, et c'est là tout l'intérêt.
Disons que les divisions qui partagent la société changent d'un peuple à un autre, mais il y en a une que nous retrouvons toujours : l'homme et la femme.
Mandorle;3286020 a dit :
Tu reconnais toi même qu'il y a des exceptions, des flous, qu'il s'agit plus d'une tendance que d'une séparation feme et établie. Est ce que ce n'est pas justement parce que tu es le produit d'une société sexiste que tu vas analyser tout autre groupe humain sous la forme d'une séparation irréductible homme/femme ?
Et, même en considérant cette séparation comme vraie et universelle, cela ne change rien au fait que la façon d'envisager cette séparation est contingente. Le fait même que les rôles varient considérablement selon les sociétés n'est il pas révélateur du fait que notre propre façon d'envisager ces rôles n'a rien d'une vérité absolue ?
Tout à fait! Il se peut également que chez certains animaux, le mâle et la femelle aient un comportement identique. Seulement, ce n'est pas le cas chez l'être humain et ses proches cousins, ce qui donne une base instinctive à cette distinction, que dépasse ma propre vision. Il s'agit donc d'une division nécessaire et non contingente.
Mandorle;3286020 a dit :
La société a fait l'être humain : ok, mais en quoi est ce contradictoire avec le fait que les catégorisations qu'on fait des êtres humains sont elles mêmes sociales ? (et ce n'est pas un peu contradictoire avec ce que tu dis sur la nature et la culture ?)
Je ne crois pas que qui que ce soit ici renvoie à un état de nature utopique où on trouverait le bonheur dans la neutralité. Le problème de ces catégories, dans notre société, c'est qu'elles sont le plus souvent exprimées sur le mode de l'injonction (« sois un homme ! » « les vraies femmes sont comme ça »), et qu'elles sont fortement hiérarchisées, mettant les caractéristiques vues comme masculines (celles des « vrais » hommes hein, pas les tapettes) au dessus de celles qui sont vues comme féminines. Et sans réelle possibilité de rechercher autre chose que ces catégories ; même en considérant que ces catégories ont une valeur universelle (je me méfie personnellement de l'universalisme, mais bon), il est indéniable que le contenu qui y est attaché reste culturel (ne va pas me dire que les femmes portent des jupes et les hommes des pantalons dans toutes les sociétés du monde ). Or, la domination d'une catégorie sur une autre, ainsi que la violence faite à ceux qui sont hors catégorie, me paraissent à elles seules justifier qu'on les remette en question.
Bon, et tu dis que la société a fait l'être humain, mais tu parles un peu plus haut d'un état « animal ». Ce n'est pas un peu contradictoire ?
Quand je dis que la société a fait l'être humain, c'est pour souligner que nous n'avons pas crée ces catégorisations, elles font selon moi partie intégrante de notre nature.
Je préciserai aussi ma pensée sur le "zoon politikon", puisqu'elle peut sembler contradictoire : bien que nous nous définissions nous-mêmes comme à l'opposé du monde animal, nous n'en sommes qu'une évolution, une complexification. Nos instincts ont abouti à une structure complexe de comportements, mais ils demeurent les mêmes. Et quand je parle d'état animal, les guillemets sont là pour nuancer, parce que je parle de l'homme au temps ou, de nos propres critères, il était "animal".
Enfin, je ne critique pas la remise en question, mais j'y reviendrai.
Mandorle;3286020 a dit :
c'est toi qui a amené cette expression dans un de tes posts précédents ; manifestement, tu utilises des termes dont tu n'es pas capable de définir le sens (et je suis tout à fait d'accord avec ce que @
Westeros a dit là dessus).
Disons que je le définirais littéralement : état où tous ont les mêmes avantages et inconvénients dans le cadre des traditions et des coutumes. Si j'ai employé ce terme, c'est précisément parce que l'idée de "valeur" appliquée à la culture me semble étrange, et c'est quelque chose que certaines ici me semblent toucher.
Westeros
Justement, je ne pense pas que chacun puisse avoir un rôle. La généralisation et la catégorisation est le propre de l'esprit humain, et nous a également aidé à survivre jusqu'ici.
Non seulement ce n'est à mes yeux pas possible, donc, d'être tous "uniques" aux yeux des autres, mais je ne pense également pas que l'on puisse dépasser les rapports de domination, même légers. Nous pouvons les atténuer, nous pouvons inverser la tendance, mais humains comme nous sommes, il y aura toujours des dominants et des dominés.
Mirmotte
Comme je l'ai dit auparavant, je ne pense tout simplement pas que ce soit possible. Dire "ceci est un arbre" est en soi une généralisation, nous vivons ainsi, cela fait partie de notre mode de pensée.
Je prendrai également un exemple géopolitique pour illustrer ma position : les Etats-Unis dominent le monde, nous sommes d'accord. Par conséquent son peuple et ses alliés bénéficient d'une qualité de vie supérieure, qui est la conséquence directe des malheurs du tiers-monde. Pas d'exploitation ouvrière en Indonésie, pas de T-shirts à 2$. En somme, pour que quelqu'un gagne quelque chose, il faut que quelqu'un d'autre le perde... n'est-il pas, Mandorle? La Renaissance s'est faite au détriment de l'Empire Byzantin, l'unification Allemande au détriment de la France, etc, etc.
Toinette;3286408 a dit :
Sinon je suis ravie, le point "féministe = lesbienne" a été atteint. Formidable, je vais donc immédiatement annoncer à mon mari qu'il est une gouine rouge =D
Bon, je serais curieuse de savoir ce que tu considères comme des rôles féminins et masculins, du coup! Tu peux développer? Donner des exemples? Allez, faut assumer et être précis, là.
C'était pour rire, voyons.
Et non, je ne m'attaquerai pas à ça, je ne suis ni sociologue ni psychologue - à vrai dire je ne suis rien du tout - donc tout ce que je pourrais énumérer, ce ne serait qu'une série de clichés sans finesse, qui ont par ailleurs déjà été cités ici.
RougeCarmin;3287456 a dit :
Moi je propose que tu assumes ton rôle social, que tu fermes ta gueule et retournes à ta cuisine ou que tu ailles laver tes chiottes parce que débattre c'est réservé aux hommes.
...Est-ce que désormais tu perçois en quoi cette idée même de "rôles sociaux" te désavantage et est une injustice flagrante envers tous les êtres humains de cette planète ?
Le rôle social défini pour les femmes dans notre société est une vie entière de servitude et de frustration. Je ne comprends même pas comment tu peux essayer de le légitimer.
Et petite précision : Je ne te demande en aucun cas de "fermer ta gueule", j'utilise juste le vocabulaire machiste récurrent que l'on retrouve au sein des débats sur le sexisme afin d'illustrer mon propos.
Leech;3286138 a dit :
Oh great ! Bon, les filles, c'est bon, on arrête tout, plus besoin de militer, t'façon ça sert à rien, on remballe tout ! Puis bon, ça vaut aussi pour le racisme, l'homophobie, etc. N'essayons surtout pas de changer les choses
. Pauvres folles que nous sommes.
Toinette;3286408 a dit :
Owi, on veut un avenir meilleur et plus juste où chacun est libre de ses choix, je sais c'est vraiment bizarre, mais tu sais y a des gens chelous comme ça qui souhaitent autre chose à leurs congénères que de crever sous les insultes au nom du lolz.
Pas du tout, je pense qu'il faut se battre.
Pour résumer ma position : il faut combattre, mais il faut choisir ses combats pour gagner la guerre. Les choses doivent changer, il faut plus de parité dans le monde technologique ou politique par exemple, mais cela ne veut pas dire que tout doit changer.
Et puis, j'ai fait un effort, j'ai répondu à tout le monde.