Alors, ça évolue assez souvent bien sûr, mais en ce moment je pense que ce sont les suivants : Truman Capote, Toni Morrison, Janet Frame, Tarjei Vesaas, et Georges Perec.
Truman Capote j'ai commencé à vraiment l'apprécier il y a peut-être deux ans, en lisant
Les domaines hantés : j'avais lu
Prières exaucées deux ans avant mais il ne m'avait pas plus touchée que ça.
Les domaines hantés par contre, ça a été un des livres que j'ai le plus aimé lire, il s'est installé dans ma tête petit à petit, j'y pensais beaucoup quand je ne le lisais pas (je mets souvent très longtemps à lire un livre depuis quelques années, j'ai besoin de le laisser "infuser"), et chaque fois que je le reprenais il me touchait de mieux en mieux, chaque personnage me parlait, il était infiniment doux, mélancolique, et poétique, j'aimais son rapport aux lieux et aux corps (des domaines hantés, donc !), aux notions de présence et de passage, j'aimais tout, tout, tout, il me serrait le coeur et en même temps il m'apaisait énormément. Après j'ai lu
De sang-froid avec un peu de méfiance parce que j'avais quelques a priori négatifs sur la démarche, et finalement il m'a boulversée aussi, puis quelques autres, et maintenant j'acheterai n'importe lequel de ses livres les yeux fermés, son écriture est tellement sensible, je la trouve déchirante, et je suis heureuse qu'il m'en reste encore plein à lire. Voilà. Ce que j'ai préferé de lui :
Les domaines hantés, donc (c'est mon roman préferé de toute façon, j'ai decidé),
De sang-froid, et
Les chiens aboient.
Toni Morrison, j'avais acheté
Beloved chez Emmaüs il y a peut-être 5 ans, parce que j'avais repéré son nom dans la bibliotheque de ma mère, et dans une sélection de la Fnac genre "culture afro-américaine" blabla, j'avais vu que Chloé l'avait lu et aimé donc ça m'avait assez motivée pour le lire, et j'avais aussi un peu de réticence au début, je trouvais son style assez pesant, puis c'est pareil, à force d'avancer dedans et qu'il "infuse", il s'est installé, et il a fini par beaucoup m'impressioner. Le style ne me gênait plus du tout, j'avais même fini par le trouver particuliérement beau, elle raconte des choses extrêmement dures, on y retrouve un héritage et une histoire collective lourds et tout, mais son écriture reste profondément intime, très attachée à ce que l'histoire qu'elle raconte a de particulière. Je trouve que ses romans ont une portée folle, et puis ils sont impeccablement construits et maîtrisés, et surtout elle a (finalement!) un style particuliérement riche et vivant, très marquant je trouve. Bon il n'y a pas que ça, en plus, mais je ne sais pas très bien en parler. D'elle, mes préferés sont :
Beloved, donc,
Paradis, et
L'oeil le plus bleu. Et là encore j'ai pas tout lu
Janet Frame c'est entièrement miss-ter qui me l'a faite découvrir, vu qu'elle en parlait beaucoup beaucoup à une époque, et qu'en plus elle m'a offert un de ses recueils de nouvelles, je ne dois qu'à elle d'avoir pu lire cette auteur merveilleuse ! Le premier que j'ai lu c'était
Les hiboux pleurent vraiment, dans une traduction où il s'appelait
La porte étroite, et ça m'avait intriguée sans me marquer vraiment immédiatement aussi fort que les deux précedents, le deuxième essai je crois que c'était Le
jardin aveugle, et il n'a pas non plus été particulièrement concluant, puis c'est vraiment à force de la lire que je l'ai aimée! J'ai aussi vu le film que Jane Campion a tiré de son autobiographie :
Un ange à ma table, qui m'a beaucoup plu et a contribué à mon attachement à elle. Je crois que c'est à partir du troisième roman lu que j'ai commencé à vraiment l'apprécier, il me semble que c'était
Visages noyés mais je n'en suis pas tout à fait sûre. Ce qui me touche chez elle, c'est encore une écriture fortement sensible, elle m'évoque un peu un tableau impressioniste, sa façon de décrire les sentiments, de détailler ce qui l'entoure en s'arrêtant sur des choses très fragiles, a priori insignifiantes, c'est encore forcément assez mélancolique du fait de son experience personnelle, mais je n'y trouve aucune complaisance, il me semble qu'elle a au contraire un amour immense pour les choses, bien que ce qu'elle raconte puisse être violent. Je dis peut-être un peu des bêtises alors je vais m'arrêter là pour elle. Et mes préferés, ce sont
Visages noyés,
Les hiboux pleurent vraiment, ses recueils de nouvelles
Le Lagon et
Poussière et lumière du jour, et son autobiographie en 3 tomes que je n'ai malheureusement pas encore finie. D'ailleurs, le dernier tome,
Le messager, c'est la derniere chose qu'il me reste à lire avant d'avoir épuisé tout ce qu'on pouvait trouver d'elle traduit en français, malheureusement
et pourtant j'ai lu toutes les traductions différentes que je pouvais trouver!
Pour Tarjei Vesaas, je crois que j'ai dû en entendre parler pour la première fois dans un entretien dans un magazine littéraire, et j'ai voulu le lire pour une raison très bête : j'aimais la sonorité de son nom, et le titre du roman qui était évoqué :
Les oiseaux. Je l'ai trouvé quelque mois plus tard chez un bouquiniste, et comme c'est de la littérature scandinave et que moi j'allais en vacances en Suède, je l'ai embarqué, et je l'ai lu dans une petite maison au bord d'un lac absolument immense, complètement perdue dans la forêt, et à laquelle on ne pouvait accéder que par bateau, ce dont on se fout, certes, mais comme le lieu était très semblable à celui dans lequel se déroule le roman, et qu'il avait une importance importante, et que je kiffais trop, ça a dû pas mal jouer sur mon appréciation. En fait, j'avais encore jamais rencontré une écriture pareille, très naïve et épurée, très particulière, et ça m'avait bien intriguée. Du coup j'en ai lu quelques autres, que j'ai trouvé tout aussi intéressants et inhabituels, puis j'ai fini par l'intégrer et c'est devenu extrêmement agréable. Après, malheureusement, il existe des traductions un peu foireuses qui peuvent pas mal gâcher le récit, et c'est dommage parce que ses récits sont formidables : ils se concentrent surtout sur les liens entre l'individu et la communauté, et sur les rapports de l'individu à une espece de nature-entité, et comment ton monde intérieur entre en relation avec tout ça, et c'est très cool. Enfin, c'est mon impression. Mes préferés :
Les ponts,
Les oiseaux,
Le germe,
Palais de glace, L'arbre de santal, et il m'en reste encore pas mal à découvrir.
Ensuite Georges Perec, bon alors là j'en ai lu que trois donc ça peut faire un peu con de le mettre dans mes auteurs préferés, surtout que c'est celui que j'ai connu le plus récemment, mais chacun des trois livres que j'ai lu de lui m'a impressionnée comme un truc de ouf malade. J'avais envie d'en lire depuis très longtemps, mais je n'ai commencé qu'il y a deux ans, parce qu'une liste de lectures facultatives pour le lycée me donnait l'occasion de l'acheter. C'était
W ou le souvenir d'enfance, et c'était vraiment trop bien, je voyais un peu l'Oulipo comme un ensemble d'exercices de style parfois cool et souvent rébarbatifs (on a tous des a priori hein!), et en fait c'est Perec qui m'y a introduite : finalement je trouve que ces jeux sur le langage qui sont en fait des reflexions extrêmement intelligentes (je sais que ça va de soi, mais moi je suis un peu conne) sont super cools, et j'ai envie d'en lire plein. Dans les romans de Perec que j'ai lu, il y a une réflexion sur le récit, sur le Verbe, follement pertinente, intelligente (je sais que je me repete), je suis juste en admiration éperdue devant lui et j'ai hâte de le connaître mieux. Donc voilà, mes préferés, c'est-à-dire tout ceux que j'ai lu, dans l'ordre de préference : 1/
La disparition, dont la fin est la fin de roman qui m'a fait le plus pleurer (je suis très sensible comme fille), dont j'ai l'impression qu'il m'a rendue un peu plus intelligente, et qui doit être le texte que j'ai le plus lu au monde, genre une dizaine de fois par jour depuis que je l'ai terminé il y a peut-être un mois de ça. Je dois avoir un peu l'air d'une folle monomaniaque, mais en amour il faut accepter ça aussi. 2/
W ou le souvenir d'enfance, là aussi ça commence assez lentement et ça monte ça monte en tension, et au final c'est le feu d'artifice (enfin, pas vraiment le feu d'artifice, mais au final tu comprends tout le bouquin et tu te dis oh la la qu'est-ce que c'est vertigineux quand même). 3/
Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour, plus léger que les autres, et très très cool tout de même.
Sinon j'aime aussi énormément Carson McCullers, Stefan Zweig, Knut Hamsun, et Shakespeare, mais un peu moins que les autres. Sauf McCullers, mais je l'aime pour de raisons assez similaires à celles pour lesquelles j'aime Truman Capote et mon message est suffisamment long comme ça. Et d'une manière plus générale, je suis fortement touchée par la littérature scandinave et les auteurs du sud des états-unis, mais je ne sais pas pourquoi ? Il y a des choses qui me plaisent que j'ai énoncé plus haut pour parler de Truman ou de Vesaas, un langage, une mélancolie un peu particuliere, quelque chose d'un peu désuet, et que je retrouve dans l'ensemble de ces littératures-là.