Bon très bien. J'écris ça parce que je suis en colère, et que j'espère que j'arriverai à me souvenir de ce sentiment pour la fois prochaine.
Amphi, 16h. C'est la pause, je viens de manger un chewing-gum qui m'a desséché la gorge, je sors des rangs pour monter aux toilettes. Je suis à peine à la sortie de l'amphi que je le vois, tenant la taille d'une fille différente de celle de la dernière fois, en train de parler et de rire. Impossible pour moi d'aller boire sans passer devant eux et le couloir est désert. J'ai fait demi-tour en espérant vraiment qu'ils ne m'ont pas vu tout à leur bonheur et je suis retournée m'asseoir.
Premièrement je me sens débile. Parce que la perspective de le croiser ne devrait pas me gêner et encore moins de voir sa pote à qui il roule des pelles. Je me sens conne, parce que moi j'avais créé toute une belle histoire dans ma tête, parce qu'avant la semaine dernière je le voyais comme doux, sympa et gentil. Mais il faut que je me rende à l'évidence, oui il est tout ça, mais il est aussi pourri par la rancœur et je n'ai pas besoin de ça. Je m'étais dit que jamais je ne courberai l'échine pour un mec, que j'étais fière et forte et que je me suffisais à moi même. Il est maintenant temps de l'appliquer. Ce n'est pas bon pour moi. Je me fais du mal à y croire encore et à penser que je peux le faire changer d'avis par des tactiques et des plans ridicules, mais c'est faux. Je m'embourbe dans le déni et je refuse de me laisser atteindre. J'ai déjà donné, je me suis promise de ne pas m'écraser à nouveau.
J'ai la haine maintenant, non seulement contre lui mais aussi contre moi. Parce que si je ne m'étais pas imaginée toute cette histoire, je n'aurai jamais laissé quelqu'un me traiter comme ça. Alors maintenant ça suffit. Ce n'est pas se respecter que de continuer à m'accrocher à lui et je refuse catégoriquement de ressembler à celles qui ne vivent que dans le regard d'un mec. Ce n'est pas moi, et si je ne peux pas être authentique avec quelqu'un c'est qu'il n'est pas fait pour moi.
J'avais dans l'idée de le chauffer et de rire de lui, pour me venger mais aussi un peu pour qu'il s'attache à moi, mais je ne le ferai pas. C'est le placer au centre du monde, penser à lui, penser à ce que je devrais faire, penser à ce que je devrais dire, et ce n'est pas tourner la page. Je n'ai pas à m'occuper des problèmes des autres et encore moins de ces problèmes d'affections, parce que ce qu'il lui faut c'est une bonne claque pour qu'il arrête de croire que tout est acquis. J'espère que - même si je n'ai pas vraiment cédé - une autre fille lui apprendra qu'on n'obtient pas toujours ce qu'on veut, et que non, toutes les filles ne sont pas les mêmes. Putain.