Pour ma part, je ne me revendique pas et ne me sens pas militante féministe, dans le sens où je ne suis pas particulièrement active, notamment sur le net. Je ne pense pas que faire quelques retweet fassent de moi une militante engagée.
Par contre, je ne laisse pas grand chose passer dans ma vie de tous les jours. Je réagis dès que j'entends des propos sexistes, machistes, ou qui ne me plaisent tout simplement pas. Je ne fais pas forcément une grande leçon à chaque fois, voire même jamais, ça passe souvent par l'humour. Par exemple, récemment, on m'a sorti "Non mais ça, c'est un truc de garçons", je me suis marrée, et j'ai rétorqué que "Oui, évidemment, tous les garçons sortaient du même moule, avaient les mêmes goûts, que l'intégralité des personnes dotées d'un pénis se retrouvent devant un match tous les soirs en braillant pour encourager l'OMC", bref, en en faisant des caisses. Je trouve que ça passe beaucoup mieux avec l'humour, parce que les gens peuvent se marrer au lieu de répondre. Du coup, ton idée passe, ils peuvent y réfléchir, sans qu'on s'arrête dessus et sans qu'elle ne devienne un sujet de discussion sans fin qui risque de braquer les gens.
Les grandes leçons, je les garde pour quand on me gonfle pour de vrai, ou que ça me touche directement.
Par exemple, au début qu'on était ensemble, ça gonflait mon mec que je rentre à pieds bourrée de soirée, en passant par des quartiers pas forcément des plus glorieux. Pour schématiser, je tiens à utiliser l'espace public comme je l'entends, à l'heure où je l'entends, dans l'état d'ébriété où je l'entends, dans la tenue où je l'entends, parce que c'est mon droit ; et lui s'attache plus à l'idée d'éviter les risques. Du coup, j'ai posé les bases clairement, quitte à insister lourdement, à pas être conciliante du tout, bref, à sortir la grosse leçon. Une autre fois, je me suis violemment pris la tête avec une copine, parce qu'elle avançait que les "gamines de 14 ans en mini-jupes qui sortent à 10h du soir, elles cherchent à se faire violer". Pareil, là j'ai sorti la totale, je me suis vraiment énervée, je lui ai fait une bonne grosse leçon sur "non, le viol, c'est pas cool. personne ne cherche à subir un tel truc pas cool". Depuis, on n'est plus copines du tout
Mon féminisme, je le vis aussi, comme je le disais plus haut, quand je décide de rentrer à pieds toute seule, de ne pas réfléchir à "par où je vais passer" en m'habillant, en gros à éviter tout ce genre de stratégie. Parce que je suis arrivée au point où je sature, où j'en ai marre de fermer ma gueule, d'éviter ci ou ça, de vivre dans l'angoisse permanente. Et je me suis rendue compte que je maîtrisais beaucoup mieux cette angoisse depuis que j'ai refusé d'adapter mon comportement à elle. Je ne dis pas qu'elle a disparue, j'ai toujours peur quand je vais dans un endroit que je ne connais pas et qu'il y a une bande de mecs pas loin qui me mate. Par contre, ça ne me bouffe plus, ça ne me met plus dans des états pas possibles.