Pour aujourd'hui, je voulais parler de quelque chose qui me tient à coeur, mais que j'ai tendance à taire, parce que j'ai peur des conséquences si je ne le fais pas. C'est un peu comme un secret, un trésor que je garde pour moi-même et qui ne doit pas vraiment être montré. Une des choses que j'aime le plus chez moi, un de mes traits de personnalité que j'aime le plus, ce sont tous les efforts que je fais pour essayer d'être gentille. J'essaye d'être gentille.
Du coup, je ne sais même pas si ça entre vraiment dans le cadre de l'exercice d'encejour, parce que c'est quelque chose que je cultive plutôt que quelque chose dont j'ai hérité à la naissance - et je me demande aussi si se questionner là-dessus a vraiment du sens. Nous sommes à la fois ce que nous avons reçu et ce que nous décidons d'être; nous sommes à la fois les capacités intellectuelles, cognitives, tout e que nous avons depuis la naissance, et ce que nous avons nous-même décider de garder ou ne pas garder, ce que nous avons voulu développer ou laisser en l'état. Nous ne partons pas de rien mais nous avons le pouvoir de nous changer. Et ce qui est vrai pour la personnalité l'était aussi pour le physique, je suppose - on peut aussi changer notre corps et nos aptitudes physiques, que ce soit de manière classique à travers le sport qui développerait force ou endurance, le travail manuel qui modèlerait nos mains et notre adresse, ou de façon plus spectaculaire comme je l'ai fait, avec une transition par exemple. Il importe au final de questionner nos buts, et le pourquoi qui sous-tend nos efforts et nos quêtes, le pourquoi qui fait qu'on aime ce qu'on aime et qu'on considère nos réussites comme des réussites.
Je réfléchis à haute voix, au final, parce que le trait de personnalité que je voulais proposer, et que je nomme gentillesse, est à mes yeux un changement par rapport à qui j'étais avant, où guidée par d'autres idéaux je pouvais me montrer formidablement insensible à autrui, je crois. J'ai du mal à me souvenir de qui j'étais, avant. J'ai peur de me montrer prétentieuse, arrogante, aveugle à l'existence de mea prochain.e par choix ou par inattention.
La gentillesse dont je parle c'est l'inverse de tout ça. C'est l'effort constant que je fais pour essayer de faire attention aux autres, à l'autre, en tant que personne. Je ne veux pas être oppressive. Je ne veux blesser personne. Je veux aider, alléger la souffrance d'autrui, et faire en sorte, autant que je peux, que chacun.e vive une vie moins difficile.
Il ne suffit pas de vouloir être gentille pour l'être, et c'est pourquoi je dis "j'essaye" et pas "je suis" parce que ça ne dépends pas de moi, mais d'autrui : est-ce que j'ai aidé, ou non, est-ce que j'ai fait du mal, ou non. Fondamentalement, ça n'est pas quelque chose pour moi. Le faire pour moi ce serait vicier le geste. Je ne tente pas d'être gentille pour me dire que je suis gentille, même si je suis avide des remerciements et des gentils mots qu'on me donne en retour, parfois, sans que je le demande, parce que leur spontanéité non sollicitée m'aide à me dire que je ne suis pas une horrible personne, au final. Je suis heureuse de savoir que les efforts que je fais aident d'autres gens, et je suis donc heureuse de les faire. Ca m'aide à me dire que je suis une bonne personne.
Et j'ai toujours peur d'en parler, je le garde pour moi, parce que j'ai peur de me définir comme gentille et considérer que tout ce que je fais est forcément bien parce que je suis gentille - j'ai peur de recommencer à ne plus prendre mea prochain.e en considération. Je me vois comme dangereuse, toujours dangereuse, et je surveille ce que je dis, je me surveille, parce que j'ai peur qu'en prenant de la place j'en prenne trop, qu'en étant gentille envers moi-même je ne le sois plus envers autrui. Mais c'est aussi pour ça que je suis là. C'est pour être gentille envers tout le monde y compris moi. J'essaye d'être gentille, et je suis plus heureuse ainsi.