@Chat-au-Chocolat C'est à dire que la délinquance, il faut en parler de manière intelligente. Et c'est rarement ce qu'on entend dans les discours les plus véhiculés.
Il y a les solutions court-termistes, privilégiées par la droite et l'extrême droite (je schématise), que sont la répression, l'usage de la force, la violence. Souvent, on va invoquer un retour à l'autorité, une autorité de l'Etat qui serait incarnée par la force policière. Avec en filigrane une instance marquée sur le laxisme supposé des institutions aujourd'hui qui ne sont pas assez fortes, assez fermes, pour faire face.
Et la vision sur le long terme, qui tend à favoriser la prévention, l'éducation, la prise en compte des circonstances favorisantes (milieu social, familial, perspectives d'avenir et leur absence). Tout de suite, ça devient plus complexe, car on élève le débat au-dessus des considérations un peu bas de plafond du type "faut multiplier les contrôles de flics et faire passer aux gosses l'envie de faire des conneries, je te materais tout ça, moi". Et surtout, on admet que la solution n'est pas magique, que ça ne va pas être miraculeux, que c'est un travail de fond qui mobilise de nombreux intervenants, qui va faire lourdement appel à l'Etat, à ses ressources, à sa politique publique, et qui va mettre peut-être plusieurs années à porter ses fruits. Ça demande de mettre de l'argent dans les communes dites populaires, fonder des maisons de quartiers, des bibliothèques, donner des subventions aux écoles et aux mairies pour qu'elles puissent emmener leurs élèves au musée, au théâtre, en classe de découverte, etc. Bref, donner d'autres horizons.
Sauf qu'axer le débat public là-dessus, ça demande une vraie volonté politique et un désir de se remonter les manches, de se mouiller. Forcément, c'est bien plus consensuel de voir le problème par le petit bout de la lorgnette et de flatter les bas instincts du peuple en promettant toujours plus de violence. Il y a cette frange de discours un peu simpliste qui parle par exemple de la "culture de l'excuse" quand on avance l'idée que la délinquance juvénile doit être contextualisée pour être comprise. Pourtant, ces thèses-là ne datent pas d'hier. C'est la philosophie de l'ordonnance du 2 février 1945 relative à l'enfance délinquante qui a posé les fondations de la justice pour les mineurs telle qu'on la pratique encore aujourd'hui dans les tribunaux : favoriser l'éducatif sur le répressif.