@Esquisse rose Je pense que c'est article:
Le Rassemblement national obtient ses meilleurs scores dans les zones rurales et périurbaines où les étrangers sont rares. Pour ces électeurs, le vote RN n’est pas lié à une expérience malheureuse de la diversité mais à une quête de respectabilité sociale. Leur objectif est de se distinguer des...
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Pas ouf, mais il est aussi disponible en PDF pour celles qui n'ont pas d'abonnement le monde :
Ce qui est intéressant dans l'article, c'est qu'il parle d'une théorie sur le racisme qui est souvent moins médiatisée mais qui m'avait beaucoup marquée quand je l'avais entendue il y a plusieurs années.
En gros, on pense très souvent que plus on connait des étrangers, mieux on va les comprendre et donc moins on va être raciste. C'est même le pilier de certaines campagnes nationales ou européennes contre le racisme : on encourage à les gens à interagir et à se mélanger pour être moins racistes car on se dit que s'ils se rendent compte que leurs peurs et stéréotypes sont faux, ils abandonneront ces peurs. C'est une vraie théorie sociologique, pas juste un cliché bien-pensant, je précise.
Mais il y a une autre théorie concurrente (et les deux ne sont pas incompatibles) qui dit un peu l'inverse : parfois, quand tu fréquentes des étrangers, ça ancre les peurs et stéréotypes bien plus profondément car elles sont ancrées sur une expérience réelle, sur quelque chose que tu vois. A l'heure que le racisme sans étrangers, on peut le dissiper en le confrontant à la réalité.
Dans cette théorie du racisme ancré dans l'expérience, l'idée c'est que si tu as des stéréotypes racistes, et que tu rencontres une personne appartenant au groupe au question, tout ce qu'elle fera qui ira un tant soit peu dans dans le sens de tes préjugés et croyances va les conforter et les transformer en vérité dans ton esprit. Et c'est d'autant plus pernicieux que parfois, tu ne comprends pas toutes les nuances d'un comportement culturel qui t'es étranger, donc tu vas y ajouter tes propres interprétations qui iront dans le sens de ce que tu penses. Parfois, si tu penses que disons les Allemands sont extrêmement rigides, tu vas interpréter toutes leurs actions comme rigides et ainsi alimenter le stérotype ou vice-versa, si tu constates un comportement récurrent sur un point spécifique chez les Allemands qui ne te convient pas, tu vas commencer à développer une image négative des Allemands.
Bref, il y a des votants qui privilégient le vote RN justement parce qu'ils ne connaissent pas d'étrangers et en ont une vision fantasmée. Et pour d'autres, ce sera exactement l'inverse : ils vont voter RN parce qu'ils connaissent justement des étrangers et que leur peur est d'autant plus forte qu'elle est ancrée dans quelque chose de réel.
Dans tous les cas, les représentations médiatiques, politiques et imaginaires jouent un rôle important dans le rapport à l'autre (l'article parle de beaucoup plus que ce que j'ai raconté ici, il y a plus de nuances et de sujets couverts).