Après la plaidoirie de Tristana, le réquisitoire de l'historien
François Durpaire qui publie sur Rue89 un article intitulé "
Pourquoi j'ai témoigné au procès d'Eric Zemmour".
Extrait :
"
Une échelle de francité
L'erreur d'Eric Zemmour, et qui elle ne saurait être réglée par la justice, est d'insinuer une fracture au sein de la communauté nationale. En nous divisant – « Français » d'un côté, « Noirs et Arabes » de l'autre – il oublie que nous sommes tous français. Que nous sommes tous la France.
Tout en prétendant défendre l'identité nationale, il introduit – et c'est un paradoxe –, une vision bien peu française de la nation. Remettant en cause l'héritage de Renan, pour qui la nation française ne pouvait être en aucun cas « ethnique ».
Se faisant, il défend une vision monolithe de la nation qui pourrait se retourner aisément contre lui-même. En s'adressant à Rokhaya Diallo, il regrettait que ses parents, Sénégalais, ne lui aient pas donné un prénom français.
Ignore-t-il que pour d'autres Français, ni « Zemmour », ni même « Eric » – prénom germanique qui ne se répand en France que dans les années 50 – ne sonnent suffisamment « français » ? Ignore-t-il qu'il y a un risque à introduire une échelle de francité qui inviterait chaque Français à se mesurer à son voisin, comparant si ce n'est son ADN, du moins l'ancienneté de son appartenance à la France ?
Ce risque serait de trouver toujours plus légitimement français que soi… Ignore-t-il enfin qu'une partie des personnes qui se reconnaissent dans ce qu'il dit ne sont pas venues le défendre lors de son procès, non pas du fait de ses idées, mais du fait de ses origines ?"