Hollande remporte la primaire socialiste

Malaussène

Revenante
22 Août 2007
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Paris
Ce soir, avec mon homme, on a regardé le discours de Aubry prononcé après les résultats du vote de dimanche. Et notre perception a été très différente. Lui n'était pas convaincu du tout. Il la trouvait "sincère", mais pas convaincante. En fait, le fond de son discours lui échappait complètement. Pour lui, ça manquait d'arguments accrocheurs. D'explications. Il y avait le "quoi", mais il manquait le "comment".
Pour moi en revanche, elle était bien. Le "comment" (arriver aux objectifs définis, je veux dire) était sous-entendu, évident. Et c'est là que je me suis rendue compte que son discours n'était peut-être efficace que face à des militants socialistes, ou en tout cas de gauche (mon mec, traditionnellement, vote plutôt à droite). Des gens qui avaient les "mêmes bases" qu'elles, les mêmes modes de pensée. Dans une situation pareille, effectivement, pas besoin de creuser les points théoriques. En revanche, pour le citoyen "lambda", pas du parti quoi, ça semblait creux.

Surtout que juste après, on a écouté l'interview de Hollande, de ce matin sur RTL. Qui a bien plus convaincu mon homme. Mais dans cette situation-là, Hollande s'adressait à l'ensemble des français, et pas, principalement, à ses militants. Il a ainsi avancé beaucoup moins d'idées, mais les a plus développées... Moi, en revanche, je le trouvais plutôt langue de bois... Vide, un peu.

Il faudra que je reprenne les éléments de discours, si j'en ai le courage, pour essayer de voir si mon analyse tient la route. Mais ça a été très frappant, en tout cas...
(bon, en tout cas, on a été parfaitement d'accord sur un truc : niveau mauvaise fois et raccourcis falacieux mais percutants, Copé pète clairement les scores)
 

Malaussène

Revenante
22 Août 2007
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Paris
Pantaleon;2615722 a dit :
Dans mon cas je l'ai dit (mais ça n'était pas sur ce sujet), c'est purement à l'instinct, l'émotionnel, presque l'inconscient. Comme ça d'intuition je ne le sens pas avoir la carrure. Juste de l'imaginer parlementer avec d'autres Chefs d?État, j'y arrive pas. Comme je le disais sur cet autre sujet, c'est un peu stupide de raisonner comme ça mais c'est vraiment un ressenti spontané, sans réels arguments derrière pour ma part. Mais en général je fais assez confiance à mon intuition.
J'imagine que si on cherchait plus en profondeur, ça doit être à l'origine sa gestuelle, son attitude corporelle, ce genre de choses, qui nous donne cette impression.

Merci (:
C'était les mêmes arguments avancés par mon copain... Je me demande à quoi ça tient, parce que visiblement, vous êtes nombreux à penser comme ça, donc bon...
 
26 Novembre 2005
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Lille
Montebourg rectifie le tir : après avoir dit hier qu'il se pourrait qu'il ne donne aucune consigne de vote pour le deuxième tour dimanche, il assure ce matin qu'il fera "certainement un choix" après avoir reçu les réponses aux quatre questions qu'il pose aux finalistes de la primaire.

"Je prendrai mes responsabilités", "je suis un dirigeant politique, je suis capable de faire des choix et je ferai certainement un choix." a-t-il dit sur Europe 1.
 
26 Novembre 2005
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Lille
Nicolas Sarkozy n'aime pas les primaires et le fait savoir : "La Ve République ne peut être l'otage des partis politiques et le candidat pris en otage par son parti, le général de Gaulle a voulu une élection à deux tours, pas à quatre tours" a-t-il dit ce matin lors d'un petit déjeuner à l'Elysée.

C'est une fin de non recevoir adressée à tous ceux, à droite, que les primaires emballent, dont le Premier ministre François Fillon qui trouve qu'elles constituent un « processus moderne » qui conviendrait « à droite comme à gauche » et « pour toutes les grandes élections ».

Pour Harlem Désir, le premier secrétaire du PS par intérim, "les propos du Président de la république traduisent surtout un immense désarroi de Nicolas Sarkozy face au succès des primaires et à la forte participation des Français à cet événement".
 
6 Janvier 2009
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C'est étrange, quand on voit les sondages de voir que Martine Aubry dépasse largement François Hollande (lui même dépassé par les mad qui n'iront pas voter) alors que dans les médias il est à 54%

Je me demande si cela est du à l'age moyen des madmoizelles, au fait que les votantes soient plus PS que sympathisantes de gauche ou alors au fait que nous soyons toutes des nanas. Non pas que nous voterions automatiquement pour une femme pas "solidarité" mais au contraire que de nombreuses personnes ne voteraient pas pour elle pour cette raison.

Mon interrogation est peut être hors propos et le sondage du forum surement trop peu représentatif pour en tirer des conclusions, mais il y a quelques jours j'en discutais avec ma s?ur et elle disait justement qu'elle voterait Hollande au second tour parce qu'elle craignait qu'une femme ne soit pas élue face à Sarkozy, comme en 2007. Même si Aubry et Royal n'ont pas grand chose en commun, elle a peur des procès en incompétence qu'on avait fait à Ségolène Royal (qui étaient je le pense sincèrement aussi, plus qu'un peu teintés de sexisme)
 
18 Avril 2010
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Brest
Ma réflexion commence petit à petit à maturer. Le choix de dimanche va pour moi être très difficile. J'ai voté Montebourg, je me suis engagé dans la campagne, et pour moi, ça a vraiment été une belle campagne et un vote d'adhésion à des idées, à un vrai projet de société.
C'est d'ailleurs assez drôle de voir tout les responsables des deux camps redoubler d'effort pour séduire les électeurs de Montebourg, chacun y allant de son petit " j'ai toujours défendu la 6ème République" " mettre une dose de protectionnisme", alors qu'on avait surtout recueilli beaucoup de mépris pendant la campagne. Passons ... Montebourg a pris une telle place dans les médias, on aurait bien aimé avoir le quart de cette médiatisation avant le vote, je pense que l'on serait au second tour.


J'aurais du mal à voter pour F. Hollande. Je ne sais pas si la stature de Président est un vrai argument, par contre je ressens la même sensation que beaucoup vis-à-vis de Hollande. Son bilan au PS ne plaide pas en sa faveur, sa peur des conflits, son sens du consensus mou, non sur des idées mais sur des postes et des arrangements de personne, ses errements idéologiques ne plaident pas en sa faveur dans une période comme maintenant. Mais visiblement, il plait aux personnes âgées, ce qui explique les différences entre le sondage sur Mad avec la situation réelle, surtout quand on voit le poids actuel dans l?électorat des plus de 60 ans. Pour moi, c'est le spécialiste des phrases creuses, qui sonnent bien mais ne veulent rien dire. Je crois qu'il est trompé sur son histoire de "président normal". La situation n'est pas une situation normale, elle demande une force de conviction que ne semble pas avoir Hollande. Par contre, il faudrait un profond changement de nos institutions, qui ont permis un Président monarque comme Sarkozy, ce qu'il ne semble pas en vouloir faire. Je vois pas mal de points communs entre Hollande et Jospin. Aucune envie mais une espèce de résignation de raison chez ceux qui disent vouloir voter pour lui, un certain mépris des partenaires de Gauche, surtout aucun changement, aucune audace, aucune vraie mesure et cette espèce de sentiment d'invulnérabilité de celui qui se pense déjà gagnant
Martine Aubry semble plus à Gauche sur le discours que Hollande. Elle a auprès d'elle des gens comme Hamon, Emmanuelli de l'aile Gauche du PS mais le pacte avec DSK ne plaide pas vraiment en se faveur, les économistes qui l'entourent non plus. J'ai l'impression qu'elle croît que les voix de Montebourg lui reviennent de droit, ce qui je pense est une erreur. Les voix de Montebourg ne sont pas majoritairement des voix de la Gauche du PS, il a pris beaucoup de voix ailleurs qu'au PS, à Gauche bien sûr chez des militants du FdG mais aussi chez des écologistes, des centristes sur les questions institutionnelles notamment, chez des gens qui voulaient un renouvellement au PS. Je ne sais pas si ces gens viendront voter dimanche. Sur Martine Aubry elle-même, j'ai vraiment beaucoup de mal à la cerner. J'ai un peu peur sur ces capacités à mobiliser les foules. J'ai eu l'occasion de la voir en discours et si je ne l'ai pas trouvé désastreuse, c'était loin d'être enthousiasmant. En fait, je ne me souvient pas vraiment ce qu'elle a dit. Aubry est à géométrie variable, et je n'arrive pas à me positionner vis-à-vis d'elle. Hamon ou DSK, Modem à Lille ou Gauche forte, retour à 3% de déficit en 2013 ou augmentation de 50% du budget de la culture ?

Je n'ai pas parlé des programmes, car pour moi, c'est peu ou prou la même chose à quelques nuances près qui seront amenées à évoluer au fil de la campagne. Le modèle idéologique est le même. Ils sont restés coincés sur l'objectif unique de battre Sarko, ils n'ont pas vraiment compris l'ampleur de la crise démocratique, économique, financière, sociale, écologique. Il n'ont pas compris qu'il fallait changer le modèle qui nous a amené à la pire crise depuis 1929. J'approuve le projet du PS mais il arrive trop tard, il était bon pour 2007, pas pour aujourd'hui.

Aucun des deux ne m'enthousiasme, aucun des deux ne me convainc . J'attends donc la réponse des deux "impétrants" :taquin: à la lettre de Montebourg et le débat de ce soir pour arrêter définitivement une position mais pour l'instant, en gros : Je ne voterai pas Hollande, sauf coup de génie, sait-on jamais et j'attends d'être plus convaincue par Aubry. Si ce n'est pas le cas, je voterai blanc au second tour.
 
26 Novembre 2005
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Lille
Selon un sondage Opinionway publié par Le Figaro, l'écart entre les deux candidats se resserre !

François Hollande est à 54% (-4 points) des intentions de vote chez les sympathisants de gauche pour le second tour de la primaire PS, contre 46% pour Martine Aubry (+4 points).
Chez les sympathisants du PS, Hollande est à 58%, Aubry à 42%.

Le débat de ce soir (à partir de 20h35, sur France 2) pourrait bien être déterminant !
 
26 Novembre 2005
3 465
6 402
5 334
Lille
Ségolène Royal se prononce à l'instant en faveur de François Hollande, sans attendre donc l'issue du débat de ce soir.
 
21 Février 2011
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Paris
Le débat de ce soir m'a convaincue également, j'irais voter Hollande dimanche.
J'ai trouvé qu'effectivement, Martine Aubry était assez percutante sur la forme, mais sur le fond, elle ne cessait de revendiquer une différence avec François Hollande qui n'existe pas dans les faits car ils sont pratiquement tout le temps alignés sur les grandes orientations qu'ils comptent mettre en oeuvre.
Se revendiquer différent quand on l'est, très bien (Hello Montebourg) mais agresser l'Autre pour exister c'est pas ce que j’attends d'une Présidente.
Je ne veux plus d'un (ou d'une) Président agressif et obsédé(e) par le "Moi, Je Moi, Je", je veux quelqu'un qui soit en mesure de prendre des décisions difficiles et qui soit en mesure de faire preuve de pédagogie pour expliquer le changement et Hollande le fera selon moi.
Et comme le disait une Mad plus haut, j'ai du mal à comprendre en quoi François Hollande serait moins charismatique que Martine Aubry....
 
26 Novembre 2005
3 465
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Lille
La réponse de Martine Aubry à Arnaud Montebourg



Paris, le 12 octobre 2011

Mon cher Arnaud,

J’ai bien reçu ta lettre et j’y réponds avec grand plaisir.

Je veux d’abord nous féliciter collectivement du succès des primaires. C’est un grand succès pour tous les socialistes. Ensemble, depuis le Congrès de Reims, nous avons reconstruit le Parti socialiste et nous l’avons doté d’un projet, ce qui était le préalable à la réussite des primaires et de l'alternance. Tu sais combien je voulais lier les primaires et le projet, toi qui a initié l’idée des primaires avant même le Congrès de Reims. Tu as accepté la présidence de la Convention nationale sur la Rénovation et je suis fière du travail que nous avons accompli. Avec la rénovation, la mise en place des primaires, le non-cumul des mandats, nous avons redonné sa fierté et sa force au Parti socialiste, et nous avons bien servi la gauche et la démocratie française. Parce qu’il a fallu vaincre de nombreux conservatismes, ces combats ont été difficiles et je suis heureuse que nous les ayons menés ensemble, avec l’aide, que je veux saluer, de Ségolène Royal.

La campagne des primaires et les débats que nous avons eus ont convaincu les Français de venir voter massivement dimanche dernier. C’est dire combien, loin des prévisions les plus pessimistes et des attaques de la droite, ils ont intéressé les Français. Nous avons montré un Parti vivant, nourri par le débat d’idées. La confrontation respectueuse des points de vue est féconde, là où la volonté d’unanimisme à tout prix sur fond de divisions personnelles, qui a trop longtemps prévalu à la tête du PS, stérilise la pensée et appauvrit les projets.

Au terme de ces débats, le 1er tour a dégagé une majorité claire et forte pour un changement profond porté par une gauche forte. Les électeurs ont dit leur volonté d’une politique de sortie de crise par l’invention d’un nouveau modèle économique, social et écologique. Ils ne se retrouvent pas dans une politique d’aménagement du système actuel. La volonté de battre le Président sortant est forte mais s’y ajoute une volonté de changer ce système qui a failli, une envie d’espoir, l'envie d’une société plus respectueuse, plus juste, où l’argent ne peut pas tout et où les solidarités sociales, locales et républicaines sont reconstruites. On ne battra pas M. Sarkozy avec du flou, mais avec de la clarté.

Cette aspiration majoritaire n'est pas une surprise pour moi. Elle conforte le projet que j’ai présenté au pays durant la campagne. En 2012, la France ne veut pas seulement une alternance : elle veut une alternative. C'est ma conviction : si on change de présidence, c'est pour changer de politique. Je ne suis pas moi, par exemple, favorable à ce que nous fassions voter une règle d’or après les élections que nous avons refusée avant. De même que je ne souhaite pas associer d’anciens ministres de M. Sarkozy aux futures responsabilités. Nos électeurs ne s’y retrouveraient pas. La France ne s’en sortirait pas. Je suis persuadée que doit émerger une gauche d’après crise, porteuse d’un nouveau modèle qui associe les Français, un modèle plus viable, plus équitable, plus durable.

Alors que le débat se poursuit entre les deux tours de nos primaires, je souhaite répondre et réagir aux propositions que tu m'as transmises. Nos valeurs sont communes, nos idées se renforcent : ta lettre me permet d'exposer concrètement et politiquement ce que je crois essentiel.

Tu connais mon engagement à reprendre la main sur la finance. C’est un préalable au nouveau modèle que nous devons bâtir : l’efficacité dans la justice ! Les mesures que j’appelle de mes vœux n’ont pas changé tout au long de cette campagne : recapitaliser les banques en faisant entrer l’Etat à leur conseil d’administration et en leur imposant en contrepartie d’une part une stricte limitation des bonus bancaires, d’autre part des obligations précises de financement des entreprises et des ménages ; séparer les banques de dépôts et les banques d’investissement, c’est essentiel pour protéger l’épargner des Français ; interdire certaines pratiques spéculatives comme les ventes à découvert ; plafonner les frais bancaires et mieux encadrer le crédit revolving qui plonge dans le surendettement de nombreux ménages ; créer à l’échelle européenne une taxe sur les transactions financières pour casser la spéculation, faire porter le poids du remboursement de la dette au système bancaire et non aux contribuables nationaux, mais aussi pour lancer des programmes d’investissement ; mettre en œuvre une agence de notation publique européenne ; interdire les relations des établissements financiers et bancaires avec les paradis fiscaux et bancaires qui sont le trou noir de la finance mondiale, ainsi qu'agir pour la suppression des paradis fiscaux à l'échelle européenne et du G20. En parallèle, nous devrons créer une Banque Publique Européenne, à partir du Fonds de Stabilisation Financière, pour empêcher la spéculation contre les dettes souveraines, et en France même, créer une Banque publique d’investissement sous forme de fonds régionaux. La finance doit être mise au service de l’économie et non l’inverse, et l'économie au service de l'humain.

Concernant le commerce international, tu sais le travail que j’ai mené au sein de notre parti pour dépasser une forme de libre échangisme dogmatique qui a trop longtemps prévalu dans nos orientations générales. Tu sais aussi que j’ai tenu à convaincre nos partenaires européens de militer à nos côtés pour une Europe qui protège son économie, ses industries et ses travailleurs. Le PSE et le SPD ont repris à leur compte nos propositions pour réguler les échanges et les rendre plus justes. C’est une avancée décisive, car, à l’évidence, nous ne pourrons pas pratiquer cette politique tout seuls. Nous avons besoin de le faire avec nos partenaires, à l’échelle de l’Europe. Aujourd’hui, une nouvelle politique commerciale européenne fondée sur une réciprocité exigeante est possible. C'est à l'Europe de la pratiquer sans attendre : nos intérêts en seront renforcés dans la compétition mondiale et nos exigences mieux prises en compte dans les négociations internationales. Europe ouverte, oui ; Europe offerte, non.

Je suis pour l’égalité dans les échanges commerciaux. L’Europe devra augmenter les droits de douane au niveau européen sur les produits ne respectant pas les normes internationales en matière sociale, sanitaire ou environnementale. Comment être de gauche sans être intransigeants sur le social et l’environnement ? Elue présidente de la République, je proposerai à nos partenaires européens de renforcer les clauses de sauvegarde et de réciprocité visant à garantir la loyauté des échanges. Il n’est pas acceptable, par exemple, que la Chine impose aux entreprises étrangères de produire localement pour alimenter son marché alors que l’Europe ne se donne pas les moyens d’obtenir la réciprocité : je ne me résigne pas à la fatalité des délocalisations de nos industries hors d’Europe. Je n’accepte pas davantage que nos marchés publics soient ouverts à des entreprises non européennes quand ceux de la nationalité de ces entreprises ne le sont pas. L'Europe doit être active, pas naïve. C'est tout le sens du combat pour la réindustrialisation que je n'ai cessé de mener depuis que je suis à la tête du Parti socialiste.

Parmi les mesures que tu évoques, je suis favorable à un contrôle national et européen de toute acquisition étrangère d’entreprises dont les technologies mettent en cause notre souveraineté. Les Etats-Unis le font. Pourquoi pas nous ? En matière de délocalisation, le principe qui doit prévaloir est simple : celui du délocaliseur payeur. Il s'agira, pour une entreprise qui réalise des bénéfices et qui ferme un site rentable, de rembourser les aides publiques, dépolluer le site et reclasser les salariés. Quant aux entreprises qui déménagent l'outil de travail ou les brevets, elles pourront être mises sous tutelle sur décision de la justice saisie par les salariés.

Je tiens aussi à préciser que la réindustrialisation de la France réclame davantage qu’une politique strictement défensive. Nos emplois industriels réclament une vraie stratégie de compétitivité-qualité : je souhaite augmenter progressivement nos dépenses de R&D ; je souhaite relancer l’investissement public national et européen dans les secteurs d’avenir ; je souhaite que les PME et leurs capacités d'innovation soient réellement soutenues par les grands groupes et naturellement par les banques ; j'entends réorienter la fiscalité et l'épargne vers l'outil productif plutôt que vers la finance et la rente. A mes yeux, la vraie performance passe beaucoup par une sécurisation des parcours professionnels pour réduire la précarité dans l'emploi, par la présence des représentants des salariés dans les instances de décision des grandes entreprises, ainsi que par la prévention des maladies professionnelles et l'amélioration des conditions de travail

Tu le vois, je plaide pour une stratégie offensive et protectrice pour la France et pour l'Europe. En cela, mon projet est porteur d'une vraie alternative qui lui permet aujourd'hui de rassembler beaucoup de celles et ceux que le débat sur l'Europe en 2005 avait divisés.

Concernant la transformation de notre économie, je suis fière d’avoir affirmé au coeur de notre projet le besoin d’un nouveau modèle. Notre volonté n’est pas seulement d’aménager ou d’humaniser le marché, mais bien de transformer le modèle de production libéral capitaliste. Plutôt que la financiarisation et la recherche du profit maximal à court terme, enrichissons notre base productive par les valeurs et les méthodes des entreprises du secteur mutualiste et coopératif. Nous les soutenons dans les Régions et les Départements que la gauche dirige, mais l'actuel Gouvernement, hélas, les ignore souvent quand il ne les méprise pas carrément.

J’ai eu aussi l’occasion, durant cette campagne, d'exprimer ma volonté de développer et de soutenir l’économie sociale et solidaire, dont j’ai rencontré de très nombreux acteurs. Il faudra leur faciliter l’accès à la commande publique. De même, je me suis engagée à favoriser, en matière agricole, les circuits locaux de l'agriculture paysanne et le renforcement des droits des producteurs face à la grande distribution et ses marges abusives : les paysans ne sont pas seulement des jardiniers du territoire, ils doivent pouvoir vivre de leur travail et subvenir aux besoins de leurs familles. Cette transformation sera d'abord sociale et écologique. Elle conduira la société française à produire, à consommer, à se déplacer autrement. J'ai pris des engagements très fermes sur la manière de conduire cette transition, à la fois en matière énergétique, pour le logement et pour les transports.

Concernant la démocratie, tu sais les engagements clairs que j’ai pris sur le non-cumul des mandats et des fonctions. J'ai souhaité, avec l'immense majorité des militants socialistes, que ces règles soient applicables dès maintenant et pour 2012 et sans attendre la loi qui doit venir ensuite. Je n'ignore pas les résistances qui s'expriment encore aujourd'hui, mais sache bien que je serai intransigeante sur ce point.

Au-delà, l’essentiel pour moi est de changer profondément la République Mon engagement est clair : je veux une nouvelle République qui mette fin à la monarchie présidentielle anachronique de la Vème République. L'échec de l'hyper-présidence Sarkozy nous montre, s'il en était besoin, la voie à ne pas suivre. Dans cette République, la mobilisation des citoyens sera l'une des conditions des changements que nous voulons. Je sais comment l'action publique peut être revivifiée par les budgets participatifs, les débats publics, les référendum d'initiative populaire, mais aussi en associant loyalement, effectivement, les réseaux associatifs, les mouvements de consommateurs, et en ouvrant largement à tous les données publiques. J'ajoute – car c'est pour moi un combat constant depuis vingt ans – que le droit de vote aux élections locales sera étendu aux étrangers en situation régulière sur le territoire national.

Je veux une République exemplaire qui combattra sans compromis ni compromissions les conflits d’intérêt – renforcement des incompatibilités de fonctions, amélioration des contrôles, surveillance accrue du lobbying – et qui sera sans merci contre la corruption ici et ailleurs. Je défendrai le principe d'inéligibilité pour les élus condamnés par la justice pour des faits de corruption. Et je réduirai de 30 % la rémunération du chef de l’Etat comme celle des ministres.

Je veux une République équilibrée, avec un Président qui préside, un Gouvernement qui gouverne et un Parlement capable de jouer pleinement son rôle de contrôle. Le Conseil constitutionnel deviendra une véritable Cour constitutionnelle, dont le mode de nomination sera revu.

La nouvelle République, c’est une justice pleinement indépendante. Beaucoup de magistrats m'ont confortée dans ce choix. Je ne transigerai pas avec l’indépendance du parquet que je réaliserai en rendant la nomination des procureurs et le déroulement de leurs carrières indépendants du pouvoir politique ; je mettrai fin par la loi aux instructions individuelles qui ont été réintroduites par J. Chirac puis N. Sarkozy depuis 2002. De même, le statut pénal du chef de l'Etat et des ministres sera révisé afin qu'ils répondent de leurs actes devant des juridictions de droit commun, comme tout citoyen. J’abrogerai les dispositions choquantes du code pénal que sont les peines planchers et la rétention de sûreté, et j’engagerai une profonde réforme du code de procédure pénale. Je maintiendrai la spécificité de la justice des mineurs. Je rendrai la justice et la défense accessibles à tous, notamment par une revalorisation de l’aide juridictionnelle.

La nouvelle République, c’est aussi le pluralisme des médias. Il faut en finir avec cette spécificité française qui voit les principaux médias écrits et audiovisuels appartenir à des groupes de l'armement ou des travaux publics qui vivent de la commande publique. J'imposerai par la loi des règles anti-concentration pour consacrer l’indépendance des rédactions.

Ces engagements exigeront des modifications législatives et constitutionnelles profondes que je soumettrai aux Français par référendum. Nous procéderons à la révision la plus importante de notre loi fondamentale depuis son établissement par le Général de Gaulle et Michel Debré. Nous ferons entrer notre République dans le XXIème siècle.

Dès 2012, je tiens aussi à le rappeler, il ne faudra pas attendre les modifications constitutionnelles pour s’attaquer concrètement aux problèmes des Français. Le vote de dimanche dernier a confirmé la grande aspiration des Français à plus de justice sociale. Il faudra refonder notre système éducatif, rétablir l’accès à la santé pour tous, rendre effectif le droit au logement, garantir le droit à une retraite décente et l’âge légal de départ à 60 ans, permettre la revalorisation des salaires et notamment du SMIC, agir pour le pouvoir d’achat en encadrant certains prix et revoyant la tarification des biens essentiels comme l’eau et l’énergie.

Cette réponse que je t'adresse confirme et approfondit la Lettre que j'ai écrite aux Français en août dernier. J'y disais notamment : « En Europe comme en France, nous savons bien que la crise n’est pas ponctuelle. Il ne suffira pas d’éteindre des incendies, toujours plus coûteux, mais bien d’être les architectes d’un nouveau modèle de développement économique, social et durable ».

Depuis des mois et des semaines, je fais une campagne de propositions, pas de communication ni de clientélisme. Je resterai constante, fidèle à ce que je suis et à ce que j’ai dit aux Français. C’est cela aussi la morale en politique. Tu seras d’accord avec moi pour dire que la première rénovation en politique, c’est de défendre ses idées devant ses électeurs et de respecter le mandat que l’on a reçu d’eux.

Sur cette base claire et ambitieuse, je souhaite qu'ensemble, nous puissions continuer pour la France en 2012 le travail que nous avons déjà accompli depuis 2008. Nos convergences ne sont pas de façade ou de circonstance. Tu peux compter sur moi et j’espère pouvoir compter sur toi. Nos électeurs nous regardent : dimanche, je ne doute pas qu’ils feront le choix d’un vrai changement et d’une gauche forte.

Bien amicalement à toi,
Martine Aubry
 
18 Avril 2010
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Brest
Pas d'élément nouveau de décision pour moi. Un débat très techno, avec beaucoup de chiffres mais sans réelle ambition pour le pays. Ni souffle ni enthousiasme.
J'ai pas encore lu la réponse d'Aubry à la lettre, j'attends également celle d'Hollande, mais à priori, j'irai voter blanc dimanche.
Ce n'est pas à moi de trancher entre deux candidats entre lesquels je ne voie que des nuances de caractère. Je ferais avec le choix des électeurs.
Sinon, j'aime pas beaucoup l'ambiance de ce deuxième tour, ça c'est considérablement tendu, je trouve et c'est bien dommage parce qu'on avait réussi a éviter ce piège, ce serait dommage de tout gâcher si près du but.
 

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