@Rocksteady
ton questionnement ce mouvement de "retour" à un mode "traditionnel", ça m'inspire deux choses :
- le côté fantasmé de ce mode de vie. La femme au foyer traditionnelle est une figure qui vient autant d'une réalité de la société à un moment donné que des fantasmes de notre époque sur un passé idéalisé. Comme si la vie des femmes adultes dans les années 50-60 était un petit chemin standardisé sans besoin de réfléchir, de faire des choix, de prendre des décisions. Je ne sais pas dans vos entourages, mais pour ma part, toutes les femmes âgées que je connais (nées dans les années 30 on va dire) n'ont pas eu cette vie de femme au foyer fantasmée. Et pourtant je viens d'un milieu catho bourgeois assez tradi.
Peut-être que c'est aussi une raison qui fait que ce mouvement trouve peu d'écho dans la population : parce qu'à part celles et ceux qui sont nés et élevés dedans (et pour qui donc c'est une réalité), on finit un jour ou l'autre par réaliser que c'est un tout petit peu plus complexe que ça.
- ce n'est pas parce qu'on adopte pas cette direction qu'on ne fonctionne dans un système de règles qui est censé nous cadrer. D'ailleurs, la plupart des gens que j'ai vu évoquer de l'angoisse sur leur état de vie, sur leur futur... était des gens qui ne se sentent pas l'aise dans ce cadre de vie.
La règle c'est bac puis études sup (2-3 ou 5 ans, moins est accepté si on est en filière pro, plus c'est qu'on glandouille à la fac) puis un ou deux ans de galère (plus c'est qu'on fait pas d'effort, moins si on a un bon réseau), au passage on récupère un conjoint (pacs, mariage pour les plus tradis), entre 25 et 30 ans faut être calés dans le boulot et la vie sentimentale. Ensuite faut faire des gosses et accéder à la propriété. 1ou 2, plus t'es fou, moins t'es égoïste. Je pourrais continuer des heures sur ce qui est acceptable socialement.
Hier un couple qui divorçait était l'objet de honte. Aujourd'hui on plaint à voix basse la petite voisine qui ne bosse pas et dépend complètement de son mari. Hier les enfants étaient la joie du foyer. Aujourd'hui on stigmatise les inconscients qui font plus de 3 enfants (et oui, ça retombe sur les femmes généralement : les pondeuses compulsives). Je ne parle même pas des règles de beauté ! Quand on voit défiler les articles sur les moyens de "rester belles même pendant le confinement" par belle comprenez mince, sportive, maquillée, coiffée, épilée, habillée avec goût... Elles sont toujours là les règles. Elles ne racontent plus la même chose sur les valeurs de notre société (l'individualisme et le relativisme ont remplacé le paternalisme et l'autoritarisme) mais elles ont toujours les mêmes objets.