Je sens que je devrais élaborer un peu donc je reviendrai écrire plus tard peut-être, mais
je me demande si le fait de singulariser les problèmes de santé mentale
- dépression, anxiété, stress post-traumatique, toutes les maladies mentales révélées par des événement traumatisants (oui, la schizophrénie ou les troubles de la personnalité peuvent se déclencher à la suite de certains événements, certes c'est "en nous" dès le départ mais ça ne va pas forcément surgir au cours de notre vie ou en tout cas bien plus tard et bien moins fort, par exemple) -
comme des problèmes individuels "il faut t'endurcir" "n'écoute pas machin.e" "il aurait fallu quitter cet environnement plus tôt" dépendant de la volonté ou de la "force" du sujet (
),
au lieu de questionner une potentielle cause systémique, ne contribue pas à l'isolement.
Je m'explique. Oui, il y a des gens qui auront des problèmes de santé mentale quoi qu'il leur arrive (mais agravés tout de même si on t'oppresse ou que ton environnement t'est défavorable...), mais je ne pense pas que ce soit un hasard si nous sommes si nombreux.ses à souffrir d'anxiété/dépression dans le monde actuel, notamment chez les personnes non-blanches, les femmes et minorités de genre et de sexualité. Or, il est très courant, quand on se rend compte qu'on ne va pas bien, de se sentir très seul.e et de se demander ce qui ne va pas chez nous. Comme si c'était une marque de faiblesse et, socialement, je trouve qu'on fait de nous des exceptions dans un monde où on devrait tout réussir et tou.te.s aller très bien en permanence. Et pourtant on est vraiment beaucoup dans le même cas, alors que le sentiment d'être un peu unique dans le mauvais sens est prégnant.
En un sens, le système tel qu'il est, raciste, patriarcal, capitaliste, est toxique et on le sait. Mais en tant que société (je parle,
hors sphères militantes, au niveau gouvernemental ou même médical, mais aussi à plus petite échelle dans l'entourage) j'ai le sentiment qu'on ne le remet pas en cause quant à son influence sur la santé mentale, et celleux qui en souffrent sont juste considéré.e.s plus vulnérables que les autres. Alors qu'il faudrait se pencher sur la question et reconnaître que nos sociétés actuelles "occidentales" sont propices à la dégradation de la santé mentale de façon globale, pour pouvoir vraiment lutter contre ces phénomènes et ne pas essentialiser la dépression notamment.
Et prendre du recul, identifier les facteurs, c'est déjà réunir les personnes touchées et augmenter leurs chances d'aller mieux. Puisqu'alors on se rend compte qu'on n'est pas juste un échec social et une honte, mais un vrai produit social, et qu'on n'est pas seul.e.