@Gabelote
A mon avis un enfant dont les parents "chantent juste" a plus de chance de chanter juste qu'un autre, mais l'inverse n'est pas vrai pour autant.
Chanter juste, ce n'est jamais une donnée de départ. D'ailleurs, juste par rapport à quoi ? Les intervalles qu'on considère "justes" dans notre culture ne le sont pas partout, ni à toutes les époques. Les types de voix varient aussi, d'un pays à l'autre, d'un style à l'autre... Si on prend un chanteur ou une chanteuse d'opéra, un.e de pop et un.e de death metal, ce qu'ils font avec leur voix n'a rien à voir ; pour autant, qui des trois chante plus "juste" que les autres ?
J'imagine que l'acception commune derrière l'idée de "chanter juste", c'est la capacité à imiter la façon de chanter en usage là d'où l'on vient. L'environnement culturel dans lequel on vit, avec l'accès illimité à tous types de musique et l'exposition quasi permanente à celle-ci, dans la sphère privée autant que dans l'espace public, change déjà la donne. D'autant que la musique est un marqueur générationnel fort ; aujourd'hui les références de la plupart des ados n'ont globalement rien à voir avec celles de leurs parents, phénomène dont on peut penser qu'il s'est fortement accentué ces vingts dernières années. Donc la seule idée de chanter "juste" est à mon avis de plus en plus difficile à définir.
Je pense qu'aujourd'hui, un enfant dont les parents estiment chanter mal est suffisamment en contact avec de la musique de son côté pour développer par lui-même son oreille musicale et sa voix, s'il en a le gout. A côté de ça, un enfant dont les parents chantent "juste", ou en tout cas sont suffisamment portés sur la musique pour pratiquer le chant dans la sphère privée, a toutes les chances de baigner dans un environnement où la musique prend une place prépondérante, et d'être encouragé à chanter lui-même, ce qui augmente ses chances de "chanter juste" à son tour. En dehors de toute question génétique.
Si la génétique intervient quelque part, c'est plutôt en amont de la question du chant lui-même, qui est déjà la résultante d'un certain nombres de données. Déjà, sur le timbre de la voix, puisqu'il est en partie définit par des facteurs physiologiques. Là où je suis très curieuse, pour ma part, c'est la place de la génétique dans la mémoire auditive, ou "l'oreille", qui est vraiment l'unité centrale du musicien...