Bon c'est pas vraiment quelque chose que je ne comprends pas, mais c'est plutôt une question que je me pose. Vous, à partir de quand vous estimez qu'un secret a été trahi ? Moi j'ai l'impression que c'est extrêmement relatif et pourtant je pense que pour certaines personnes, c'est de l'ordre de l'absolu.
Je suis plutôt du genre à considérer que répéter un secret qui nous a été confié à quelqu'un qui ne connaît ni d'Eve ni d'Adam la personne porteuse du secret, ce n'est pas trahir le secret. Je comprends qu'on puisse vouloir garder le secret qui nous a été offert « pour soi et rien que pour soi », par principe, parce que se dire que le secret relie juste deux personnes c'est une belle idée. C'est vrai que ça donne une dimension totale au secret, il y a un côté assez beau. C'est un peu une sorte de « secret suprême » pour moi, le secret idéal.
Mais à mes yeux, parler de ce secret à une tierce personne complètement in-concernée par la situation et par ses acteurs, ce n'est pas trahir un secret pour autant. Certes, le secret perd de son intensité parce qu'il n'est plus la seule propriété de ses deux investigateurs. Mais je trouve que ce n'est pas une trahison, au sens où la personne qui vous a fait confiance ne souffrira pas « factuellement » de cette révélation, puisque tout simplement elle n'a aucun lien avec la personne qui est mise au courant. La seule souffrance que ça pourrait engendrer est morale : si la personne apprend que vous n'avez pas gardé le secret pour votre propre personne, elle peut se sentir trahie par rapport au principe, au symbole, du secret. La personne peut être heurtée si l'idée qu'elle se fait de la confiance n'est pas la même que la votre en fait.
Et l'autre raison qui fait que je ne vois pas là une trahison mais juste une « perte d'intensité du secret », c'est qu'en parler avec une personne extérieure peut être aussi une façon d'obtenir des conseils. En partageant sur ce qui nous a été confié, on peut également trouver des nouvelles pistes pour aider la personne si elle a « besoin » d'aide, ou pour la rassurer si elle a « besoin » d'être rassurée. Et puis, dernière raison, un peu plus extrême, c'est que dans le cas de certains secrets, en parler à quelqu'un d'autre (extérieur toujours) peut être un exutoire pour la personne devenue confidente. Parce que certains secrets sont lourds à porter, et engendrent des responsabilités au sens où on devient « la seule personne qui sait » et « qui peut comprendre ». Dans certains cas, la personne qui s'est confiée va donc parfois créer une sorte de dépendance à son confident au sens où il est le seul à même d'entendre et de répondre. Bon, moi quand on me confie un secret de ce type, j'aime le garder au maximum « rien que pour moi », parce que je trouve que c'est une belle preuve de confiance et que j'aime (dans une certaine mesure) sentir que j'ai une responsabilité affective auprès de quelqu'un d'autre. Mais il y a des fois où je pense que c'est réellement pesant de le garder uniquement pour soi, et où « vider le sac qu'on nous a confié » à quelqu'un d'autre peut s'avérer presque nécessaire pour le confident.
Et du coup je ne comprends pas réellement quand quelqu'un meurt d'envie de parler d'un secret qu'on lui a confié et qui ne concerne pas ses interlocuteurs, mais s'y interdit parce « qu'il a promis ». En fait si je comprends, mais je trouve ça fou comme les principes moraux sont différents selon les gens et comme ils vont faire diverger nos décisions. Et je trouve ça fou aussi comme certains (comme moi) peuvent être incohérents, et valoriser une idée du secret un jour, et une autre le lendemain.
edit : @systeme je suis pareille, j'ai énormément de mal à me concentrer quand je lis du coup je lis très peu voir jamais et je le déplore, et je ne sais pas si on peut appeler ça "ne pas aimer lire" ? Il n'y a pas des fois où, même si tu lis 3 pages, tu trouves ça génial et complètement stimulant ?