Je ne comprends pas par quel procédé il est possible de se sentir, un jour, totalement épanouie, aimée, intéressante, drôle et sympathique, et le lendemain totalement inhibée, délaissée, soporifique et vide.
J'aimerais bien pouvoir enregistrer mon état d'esprit des jours où je vais très bien, et me l'insérer par clé usb les jours, comme aujourd'hui, où je vais très mal (oui, figer les sentiments sur clé usb, c'est un rêve récurrent chez moi
). C'est incroyable comme le bonheur tient à peu de choses, et comme c'est un état, un ressenti, et pas quelque chose d'objectif. Hier, j'étais déjà célibataire, je galérais déjà à être zen avec mes recherches de travail, j'avais déjà mes 3 boutons sur le front, et j'avais déjà des problèmes de fric. Mais hier, j'avais des amis, j'avais des mecs à qui je plaisais, j'avais des choses à dire, et j'avais envie d'écouter les autres.
Je sais pas, c'est dur à comprendre quand même : mes amis ne cessent pas d'être mes amis d'un jour à l'autre ; si je plaisais à un mec hier, on peut postuler que je lui plairai demain ; je ne perds pas tous mes sujets de conversation du jour au lendemain ; et je ne perds pas non plus mes capacités de curiosité quant à ce que me racontent les autres...
Tout ça, toutes ces sources ponctuelles de bien-être et de bonheur, elles ne sont donc pas si instables que ça, elles sont plutôt acquises. Alors pourquoi, certains jours, à certaines périodes, elles prennent le dessus sur tout, et elles me font voir la vie en rose ; alors que d'autres jours, à d'autres périodes, elles me semblent remises en question, secondaires et surpassées par tous mes ennuis ?
C'est pas logique quand on y pense, et ça ne tient à rien. C'est comme si pour être heureux, il suffisait d'oublier tous ses soucis, et pour être triste, il suffisait d'y penser. J'ai l'impression que dans un cas pareil, où rien n'a objectivement changé dans ma situation d'un jour à l'autre, le bonheur et la tristesse fonctionnent comme des prophéties auto-réalisatrices.
C'est peut-être un peu lâche, ça veut dire qu'on peut trouver son bonheur en fuyant la réalité ou en choisissant de l'oublier, mais c'est aussi un peu rassurant, ça veut dire que quand on est triste, on peut finalement toujours se rappeler qu'on était heureux la veille, que rien n'a changé entre temps, et qu'on ne gagne rien à être triste si cette tristesse n'est même pas un moteur.
Je ne viens pas du tout poster ça en réaction aux posts sur la dépression hein. La dépression, pour moi, c'est le mot le plus abstrait du monde et je me garderais bien d'avoir un avis là-dessus. Là, je parle juste de mon bonheur et de ma tristesse à moi (de toute façon je ne parle que de moi partout ici
), parce que j'essaie de les comprendre et que je trouve vraiment que l'un comme l'autre, ils ne tiennent à rien.