Alors je nuancerais pour cet aspect : on peut voter pour quelqu'un qui fait preuve de mépris, parce que l'on se dit que son programme peut fonctionner, parce que l'on veut faire un vote-protestation, parce que l'on a épuisé les autres choix et que l'on se dit "bon, voyons voir".
Il est évident que l'influence médiatique est réelle, et que tout le monde n'a pas le bagage pour faire de l'analyse politique. Donc effectivement, il est bon de ne pas rentrer dans les clichés.
Pour autant, il y a deux points qui me dérangent derrière cette argumentation (et beaucoup de critiques du même style que j'ai vu passer assez régulièrement) :
1) Les programmes politiques des présidentielles que l'on met dans les boites aux lettres, ils font une page et ils contiennent les grandes lignes des programmes.
Je me souviens clairement de"120 000 postes non renouvelés dans la fonction publique" pour Macron, et "500 000 postes en moins" pour Fillon. Je me souviens moins clairement de ce qu'il y avait écrit sur la politique fiscale, mais de mémoire la suppression de l'ISF était explicite et il me semble que l'allègement d'impôts pour les riches était présent dans les deux. Il me semble que l'on soit là sur une orientation claire qui ne demande pas outre mesure beaucoup d'analyse pour voir qu'il s'agit d'un programme qui va favoriser les riches.
2) Que l'on mette en avant le manque de prise de conscience des différences de bagage culturel et de contexte d'analyse, je suis d'accord - il est bon de se rendre compte que quelqu'un n'est pas "juste un con" parce que ses choix sont lourdement influencés par sa situation. Mais j'ai parfois la désagréable impression que cet argument est poussé au point de se retourner contre lui-même et de traîter les personnes qu'il défend avec une sorte de paternalisme, bienveillant certes mais au final infantilisant. Comprendre est nécessaire, mais je ne pense pas que l'on puisse respecter une personne si l'on ne la considère pas responsable de ses choix et de la part des conséquences de ces choix qui est évidente.
Oui enfin, tu parlais de remettre dans le contexte, alors remettons dans le contexte : la Révolution, c'est un peuple sous un régime autoritaire et héréditaire, avec des famines qui tuent des milliers de gens et de la troupe qui tire à balles réelles dans la foule. La comparaison me semble assez spécieuse.
Donc la révolte était mille fois plus violente, mais l'oppression aussi.