@Bernarde Le truc c'est que 70% des personnes diagnostiquées autistes ont également une déficience intellectuelle (de légère à profonde), et un déficit au niveau du langage. On en parle peu et on les oublie souvent parce que c'est pas eux qui sont sur les fora spécialisés ou qui écrivent des livres, mais c'est pourtant en majorité à eux que les soignant.es ont à faire. C'est beaucoup, 70%, et c'est eux qui sont repérés dès la petite enfance ou en primaire et qui ont une scolarité affectée ou en classe CLIS/ULIS. Donc beaucoup de soignant.es retiennent cette majorité de personnes autistes. Mais elles ne devraient pas, c'est sûr !
Quand il n'y a pas de retard de langage ni de déficit intellectuel (mais là encore le niveau est souvent dans la moyenne nationale) on parlait avant de Syndrome d'Asperger, et le soucis c'est que l'image qu'on retient c'est les personnalités qui font partie de cette infime minorité de personnes autistes sans altération du langage et qui en plus ont un niveau intellectuel supérieur à la moyenne avec des aptitudes impressionnantes. C'est une toute pitite minorité du spectre autistique, mais très marquante et dont on parle beaucoup dans les médias
Il faut aussi penser que l'autisme sous toutes ses formes est évidemment reconnu comme un handicap et donne accès des aides sociales, et ce n'est pas pour rien : c'est parce que même dans les 30% de personnes autistes "de haut niveau" il y a de grosses difficultés à trouver et garder un travail.
Donc ce n'est pas absurde de la part des soignant.es de se focaliser sur le parcours scolaire et l'intégration sociale quand on cherche à savoir si une personne est concernée par l'autisme.
Tout ça pour dire que la réaction de (malheureusement) beaucoup de soignant.es a une explication, mais ce n'est pas excusable : c'est leur métier de se tenir à jour et de prendre en compte les 30% de personnes autistes qui ne sont que rarement diagnostiquées dans l'enfance. Et puis le tact quoi. Si t'es soignant.e et qu'en face de toi tu vois bien qu'il n'y a pas d'indices pouvant conduire à une piste de diagnostic, tu te fous pas de la gueule de la personne et tu lui explique clairement et sans jugement
Ça n'a pas dû être agréable d'entendre ces remarques... (
@Cornélie aussi)
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Il y a quelques jours (grâce à ma prof de psychopatho de l'enfant spécialisée dans l'autisme
-mais elle ne le sait pas que c'est grâce à elle-), j'ai enfin trouvé le courage d'aller demander une recommandation de ma médecin pour aller remplir les papiers du CRA chez un psychiatre. Et j'en étais sûre, elle était pas
du tout à jour. Elle était à fond dans l'autisme Kanner et ne m'a pas du tout prise au sérieux au départ. Après je lui ai rappelé que depuis on a bien avancé et que ce n'est plus la même chose, elle m'a dit que "oh oui maintenant on met n'importe quoi sous l'autisme bla bla", et je l'ai coupée par "Non, c'est même assez clair, le nouveau modèle du DSM-5 et de la triade autistique est plus organisé que dans le DMS-IV
" "Heu, vous faites quoi comme études ?" "Psychologie. Je bosse sur l'autisme en ce moment en fait." "Ah. Oh oui bah ça a changé depuis mon époque."
Visiblement une simple étudiante en psycho a plus de connaissances sur l'autisme qu'une médecin diplômée. Bien bien bien. (Bon après depuis le second semestre de cette année c'est le cheval de bataille de ma fac l'autisme ! L'autisme, les troubles anxieux, les troubles dépressifs = 99% des cours
)
Mais bon, j'ai ma p'tite lettre, et je vais essayer de me trouver un rdv chez un des meilleurs psychiatres spécialisés dans l'autisme de France (et qui est sympa) et qui par chance inouïe habite dans ma ville
J'ai très envie de passer les tests, d'être enfin fixée : oui ou non suis-je atteinte d'un TSA. Si oui : ça me fait flipper parce que merde c'est pas rien mais au moins j'aurais une réponse, si non : j'aurais d'autres pistes de la part de l'équipe et j'en saurais déjà plus sur mes problèmes et à quoi ils sont dus !
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En cours en ce moment on voit plein de vidéos d'enfants autistes du centre de la prof, et bordel, je reconnais tellement mon beau-fils au même âge. Langage absent, pas d'attention conjointe, pas de jeu symbolique, retrait, mécompréhension des consignes et de l'émotion d'autrui, communication alterée... Aujourd'hui il est diag dysphasique et va commencer à voir une psy sous demande de l'orthophoniste. Je vais essayer d'en parler avec elle (j'ai pris des notes de son comportement depuis ses deux ans pour aider le père qui sait pas comment faire), parce que là ça y ressemble assez tout de même. Je ne suis pas sûre, mais il y a beaucoup d'indices tout de même.
S'il est concerné j'espère pouvoir l'aider et aider son père à comprendre tout ça...