Ça ne me dérange pas d'en parler... Si ça informe les gens, si ça permet d'éviter les parcours chaotiques que connaissent les autistes sans prise en charge adaptée, si ça permet de casser doucement les idées reçues... Alors, c'est tout gagné!
Non, pas du tout...
J'ai des parents atypiques (mon père est hpi, dyslexique, artiste autodidacte), deux grands-pères certainement autistes, et un oncle également, des hpi à foison, et des personnalités décalées (je suis le pot-pourri de ma famille )... Donc mes parents n'ont pas le même référentiel, quand ma petite soeur est née, ma mère s'est posée des questions parce qu'elle pouvait comparer (je hurlais quand on me touchait les cheveux, avait horreur des câlins, ne cherchait pas la compagnie des autres, j'étais très calme, et en même temps très angoissée parfois...). Mais elle a pensé que j'étais un peu singulière, voyant son père et son frère pareil.
Enfant, j'étais beaucoup beaucoup dans mon monde, à l'adolescence, en 4ème, je me suis un peu rendu compte qu'il y avait tout un monde à côté. Enfin, les contacts avec mes pairs se sont mal passés (harcèlement, moqueries, tromperies...), la communication se passait mal avec mes parents, j'ai fini par commencer à déprimer vers 15 ans, et de plus en plus, jusqu'à commencer à consulter à mon entrée en 1ère année aux beaux-arts. Malheureusement, je suis tombée sur des incapables, à majorité dans la psychanalyse, je me suis faite balader partout, j'ai testé des trucs qui m'ont plongé aux tréfonds de l'âme humaine. J'étais sérieusement au fond, idées noires, suicidaires, je ne voyais pas d'avenir. J'ai cherché des explications: pourquoi je dérapais malgré tout? Pourquoi je faisais des crises d'angoisses quand je sortais avec les autres? Pourquoi je comprenais rien aux autres surtout...?
J'ai fini par tomber un lien, puis un autre, puis des témoignages et des livres sur le Syndrome d'Asperger. Revelation time! Il ne me restait plus qu'à trouver comment vérifier tout ça, j'ai appelé le centre ressource d'autisme de ma région pour prendre rendez-vous. Des entretiens, tests, et quelques mois plus tard, je ressortais avec un diagnostic d'Autiste Asperger...
Le parcours est résumé dans les grandes lignes, j'ai été relativement chanceuse dans la période diagnostic, certains doivent attendre deux ans pour un premier rendez-vous dans le CRA de leur région... Pourquoi donc?
Le problème, c'est qu'il y a très très peu de professionnels vraiment formés à l'autisme et avec des infos tangibles et récentes... À cause majoritairement de la main mise de la psychanalyse en France, qui a à peu près 40/50 ans de retard sur le concept, attribuant tout à la mère frigidaire... (à voir le documentaire "Le Mur", Sophie Robert). Pour situer, la France a été condamnée trois fois par la Haute Autorité de Santé (HAS) pour la prise en charge des autistes catastrophique, il y a tellement peu de place en institut qu'ils sont obligés d'envoyer les enfants en Belgique. Et surtout, c'est le comportemental qui est nécessaire comme méthode, pas l'analyse où on met un gamin nu dans un linge réfrigéré (oui, ça existe, et ça s'appelle le packing, soit-disant pour qu'il retrouve les limites de son corps ). Au mieux, on le regarde barboter dans un coin en le bourrant de médocs nuisibles dans un hôpital psy en disant aux parents de renoncer à son enfant...
Donc, c'est pas faute d'avoir distillé des indices... C'était pas la psy qui me regardait silencieusement pendant une demi-heure qui allait m'aider.
(je vous épargne le parcours psy chaotique au possible)
Bref, essayez de trouver un psy qui vous dit que vous n'êtes pas autiste parce que vous parlez, ou avez un travail. Enfin, il y a un tout petit peu de progrès, on fait en sorte d'informer dessus autour pour ça, justement...
Merci pour les précisions