Bonjour à tous,
J'ai également envoyé un témoignage à Mélissa qui m'a dirigée vers cette page. Je suis contente de savoir que je ne suis pas seule, vraiment.
Je vous adresse mon écrit ci-dessous, même si la fin ne semble plus tout à fait utile. :-)
Je serais évidemment ravie de participer à l'article, pour le 18 de ce mois, ou pour avril.
Bonne fin de semaine à vous!
"Le syndrome asperger est une forme d’autisme, comportant une multitude de symptômes maillant mon quotidien. Il a déjà été abordé sur Madmoizelle, par le biais d’une Mad dont le compagnon était « aspie ». Mais je souhaitais donner la vision d’une personne qui est concerné, d’autant plus que chaque cas est différent, et puis surtout, je ressentais le besoin de m’exprimer sur le sujet, à défaut de pouvoir le faire à l’oral.
J’ai été diagnostiquée comme asperger alors que j’avais 5 ans. À l’époque, je faisais de nombreuses crises de nerfs, je n’étais pourtant pas une enfant difficile, mais j’avais des moments de crises incompréhensibles. Ma mère m’a alors amené chez un psychologue, pour connaître l’origine de ces maux, et c’est ainsi que mes parents ont su que j’étais asperger. Cependant, je ne l’ai su que 15 ans plus tard, alors que j’avais vingt ans, et que le sujet a doucement été abordé entre ma mère et moi. Je pense que mes parents ont souhaité me préserver, et me permettre de m’épanouir sans que je me considère comme quelqu’un de malade. J’ai fait toute ma scolarité dans des établissements publics, non adaptés. Je considère aujourd’hui qu’ils ont eu une bonne idée. Malgré tout, ne pas le savoir n’ôte aucun mal… J’ai eu une enfance fort difficile, je ne parvenais pas à communiquer, en particulier avec les personnes de mon âge, et j’avais des comportements clairement « inadaptés ». Aller à l’école relevait vraiment de la torture pour moi. Déjà parce que les heures de cours étaient affreusement inintéressantes (mes parents refusaient que je saute des classes). Mes instituteurs, relativement complaisants, me donnaient des livrets de petits exercices des classes supérieures et des feuilles pour dessiner, je pense qu’ils étaient au courant. Mais aussi, et surtout, parce que mes camarades de classe me faisaient beaucoup de mal, tant verbalement que physiquement. La seule fois où j’ai osé aborder ce sujet avec un adulte, le directeur de l’école, je n’ai pas su exprimer ce qui se passait, j’ai trop bafouillé, il n’a pas pu/voulu comprendre ce que je lui expliquais. Du coup, j’ai pensé qu’aucun adulte ne voudrait m’écouter, et j’ai gardé tout cela pour moi, ça ne m’a pas aidé.
J’ai été au collège dans un établissement situé assez loin de mon école primaire, ainsi tous mes petits démons de l’enfance m’ont quittée. À partir de mes 13 ans, j’ai commencé à être un peu plus « adaptés », et donc à pouvoir avoir des amis, pas forcément des personnes de mon âge, mais des amis quand même. Je discutais surtout avec les profs aux récréations, ou avec le personnel encadrant. J’ai commencé à être plus épanouie dans ma vie scolaire, et dans ma vie sociale.
J’ai des symptômes plus ou moins (re)marqués. Certaines particularités ne me gênent pas, d’ailleurs elles n’ont été constatées que par mon entourage qui s’en amuse régulièrement, mes proches ne sachant pas forcément que je suis une aspie ; d’autres m’handicapent régulièrement.
J’ai une hyper sensibilité auditive, en somme, les bruits qui m’entourent sont démultipliés, c’est fortement dérangeant, d’autant plus que je vis dans une grande ville. Parfois je vais me mettre dans ma bulle et me fermer totalement aux personnes avec qui je suis, parce que le bruit nous entourant m’empêche de profiter de ce moment avec eux… Cependant, cela m’a permis de développer une oreille absolue passive – je peux répéter précisément sur un instrument de musique la note que je viens d’entendre, mais je ne pourrais la nommer.
Je suis agoraphobe, toujours très pratique dans une grande ville, les transports en commun sont affreux à supporter. Mais je me soigne, je pratique des exercices de respiration dans les moments difficiles. Les crises d’angoisse en public diminuent au fil des mois. La peur des mouvements de foule subsiste, et se manifeste régulièrement.
Je « souffre » de synesthésie (et je le mets bien entre guillemets, parce qu’en fait je trouve ça vraiment chouette !) quand j’écoute une musique, les notes auront une couleur dans mon esprit, et j’adore cette coloration. Les noms communs et propres aussi ont une couleur pour moi, mais cela ne se fait pas aussi instantanément que pour la musique.
J’ai des gestes parfois maladroits, qui peuvent sembler violents, parce qu’ils sont saccadés…
J’ai une élocution « trop soutenu » pour citer certains de mes amis, disons que depuis mon plus jeune âge, je parle de façon très formalisée, notamment pour me permettre de poser mes mots au maximum, sinon je parle trop vite, et je ne prononce pas convenablement.
J’ai une logique différente des autres, j’ai l’impression de réfléchir à l’envers. J’ai eu mal à l’expliquer mais, il m’arrive régulièrement de ne pas comprendre la réflexion de quelqu’un, et inversement, les autres ne comprendront pas les miennes. J’ai aussi du mal à percuter les phrases ironiques ou sarcastiques, cela fait souvent rire mon entourage, mais je crois que c’est surtout perçu comme de la naïveté. En tout cas, je n’ai pas tant de difficulté dans mes interactions sociales, mis à part quand je suis dans ma bulle (et que j’ai du mal à en sortir).
En 2012, alors que j’avais 20 ans, le (superbe) documentaire « Dans le cerveau d’Hugo » a été diffusé sur France 2, je l’ai regardé en Replay, par curiosité, et je m’y suis terriblement retrouvé… J’en ai alors parlé à ma mère qui m’a révélé que j’avais une forme d’autisme qui s’appelait « asperger ».
Quand j’ai découvert le symptôme j’ai eu de belles surprises réconfortantes. Par exemple, le créateur de Pokémon est un asperger lui aussi ! J’ai surtout compris beaucoup de choses, et aujourd’hui j’essaye de les maîtriser, j’ai plus de facilité désormais, car je sais pourquoi j’agis et réagis de façon particulière.
J’ai cependant un grand regret, je n’ai aucun d’ami asperger. Or, j’aimerai beaucoup échanger à ce sujet avec d’autres personnes…L’avis de recherche est lancé !"
Hmm... Désolée pour le très long post!