Bon et bien, de meme, je suis tombée par hasard sur ce sujet, et en lisant l'article "relations père filles "http://www.madmoizelle.com/peres-aujourdhui-filles-demain-46400
Ca m'a donné envié de parler de ma propre relation avec mon père aussi.
Alors mon père,
Il a toujours été plus boulot-boulot que famille.
Avant de mourir, mon grand père disait de lui qu'il était très personnel. C'est le moins qu'on puisse dire.
Ma mère l'a suivit à chacune de ses mutations, à Aix puis à Paris. Moi, j'étais un petit bout de chou à l'époque, j'avais 2-3ans mais je me rappelle de ses départs pour le boulot et de ses nombreux voyages d'affaires.
Ma mère en a eu assez à mes 4 ans quand une des maitresses de mon paternel s'est mise à appeler sur le téléphone du domicile. Elle est repartie avec moi dans sa région alpine d'origine.
A partir de là je ne voyais mon père qu'assez rarement, même s'il essayait de revenir. Je me rappelle seulement que les rares fois où il venait, il m'engueulait souvent (parce que je ne finissais pas mon assiette ou que j'avais renversé un truc).
Il est ensuite parti s'installer à l'étranger donc je ne le voyais que pour les vacances.
Grosso modo ce qu'on peut dire c'est que c'est ma mère qui m'a élevée et que mon père était un grand absent.
Les rares moments de "réunion" familiale il passait tout son temps avec mon demi frère.
Et je ne sais pas si beaucoup de fille son dans mon cas, mais mon père a toujours fait des préférences.
L'adolescence a peut être été la pire période: il est revenu en France, il s'est marié et je ne l'ai appris que 3 mois plus tard au restaurant (je cite: "une badoit pour mon épouse, merci").
Puis bon même en essayant d'être parfaite dès que je renversais quelque chose (je suis très maladroite) je m'en prenais une. Bref je ne rentrais pas dans le cadre je pense. Il était impossible de discuter avec lui. Dès que je voulais parler de mes problèmes personnels d'ado ou avoir son avis il me disait si que j'avais des soucis c'est que je l'avais bien chercher. Et je ne parle pas des insultes, des promesses non tenues, des préférences marquées pour les petites filles des autres toujours plsu belles/intelligentes/ et gâtées par mon père. Bref le père idéal.
Je n'ai jamais pu dialoguer avec mon père, ni du divorce avec ma mère, ni des sujets importants jusqu'à mes 21 ans. et encore aujourd'hui parfois il me rejette. Je me suis demandée si le problème ce n'était pas qu'en me voyant moi, il voyait ma mère.
J'ai donc décidé de couper les ponts à 15 ans car le dialogue était impossible et que j'en souffrais trop. Ca a duré 5 ans. Entrecoupées de périodes où je lui passais un coup de fil (lors d'une de ses opérations du genoux notamment) où je me prenais des savons car j'étais une fille ingrate etc. Tandis que lui ne m'appelait jamais. Normal quoi.
On a repris contact non pas de mon fait mais parce que mon grand père paternel sur son lit de mort m'a dit quelque chose qui m'a marqué à vie. J'avais également coupé les ponts avec cette famille car au niveau de leur attitude vis à vis de moi, elle ne valait guère mieux que mon père...
Mais je suis quand même allé voir mon grand père quand mon père m'a appelé (au bout d'un an) pour me dire que c'était surement la fin.
Mon grand père était très surpris. En tout, nous sommes une vingtaine de cousines, alors il ne se doutait pas qu'il s'agissait de moi. Bref il était heureux que je lui rende visite et il m'a dit tout ce que j'avais toujours rêvé d'entendre: "il n'a jamais été présent, je sais bien que ce n'a pas été facile ni ce que tu désirais. Je sais combien ton père est égoïste. Mais un père on en a qu'un, alors s'il te plait, reste là pour lui, il n'a que ses enfants dans sa vie et personne d'autres. Même si tu n'en as pas conscience, il a besoin de toi." Nous avons beaucoup pleuré ce jour là, et j'ai toujours beaucoup de regrets de ne pas avoir été là pour lui auparavant. Je l'ai vraiment découvert ce jour là.
Et à partir de ce moment, j'ai considéré que j'avais un engagement à tenir vis à vis de mon grand père et que malgré l'insatisfaction et parfois vraiment la tristesse de voir les différences perpétuelles et l'égoïsme de mon père, et bien j'allais être plus adulte que lui et rester là. C'était en 2009.
Depuis, les relations son meilleures. Mon père m'oublie toujours un peu, c'est à dire que si j'ai besoin de lui il ne me répondra pas avant un mois, ou alors m'enverra pour seule réponse seulement une blague par mail en copie d'une vingtaine d'autres de ses contacts...
Mais parfois il se réveille et prend de mes nouvelles.
Vendredi dernier par exemple j'ai eu droit à un "je t aime ma fifille, je suis fière de toi" et même un "C'est quand ta date de soutenance? est ce que je pourrai y venir?". Et a chaque fois que j'ai droit à ça, ça vaut tout l'or du monde. Je n'en ai pas eu beaucoup et donc ça me fait toujours un peu pleurer de joie ou trembler après avoir raccroché.
Pourtant tout n'est pas rose comme je le disais: mon frère sera toujours le préféré et ses enfants également.
Si un jour, j'ai des enfants, et bien je sais qu'ils n'auront que peu d'attention de sa part, ce qui me blesse en y pensant. Mais je ne pourrai rien y faire.
Pendant des années, concernant leur divorce, mon père s'est victimisé et a fait passer ma mère pour un monstre (je l'ai appris par ma famille paternelle, par mon demi frère aussi et par ma mère). C'est difficile de connaitre la vérité sachant que tous ces acteurs sont plus ou moins impliqués, et ont donc des contentieux ou une certaine représentation de la situation.
Mais je ne me fais pas d'illusion: je ne la connaitrais sans doute jamais.
Mais il est clair qu'il n'a jamais réglé la situation avec ma mère et que j'en paie les pots cassés sans pouvoir rien n'y faire.
Là son nouveau trippe actuellement, c'est: de dire que je suis une tronche, de nous comparer mon frère et moi, et enfin de se comparer à moi (lui comme mon frère n'ont pas fait d'études supérieures et complexent j'imagine, car je n'explique pas cette attitude) en disant que les blagues qu'ils font sont trop nulles pour moi et mon intellect... Bref il rejoue son scénario habituel des différences qui tendent à m'exclure - cette fois-ci car je serais selon lui "trop supérieure". Bref, comme d'habitude, il se fait des idées.
Enfin, j'imagine que c'est le mieux que je puisse avoir de lui alors je fais avec.
Mais vivre une enfance de rejet c'est traumatisant.
A vrai dire je ne sais pas trop comment les autres font pour passer au dessus et ne pas projeter sans cesse.
En tout cas ça fait du bien de lâcher du leste à propos de tout ça.
Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée dans l'absolu mais raconter son histoire, sa relation: ça fait du bien