Jusqu'à mes dix-neuf ans, j'étais super super fine, presque maigre (on me le disait souvent), de nature, de morphologie. Déjà petite mon poids et ma taille étaient limites, je me souviens qu'à dix ans, à la visite médicale, l'infirmière avait noté ce souci, j'étais trop petite, et trop maigre. En même temps, c'est vrai que petite je n'ai pas mangé vraiment à ma faim et bien trop souvent. Mais en grandissant, même en mangeant des cochonneries, je ne grossissais pas beaucoup et maigrissais super vite. D'ailleurs, c'est intéressant parce que j'ai connu les réflexions "sacs d'os", et tutti quanti, et plus tard en grossissant j'ai connu aussi les réflexions " T'as un gros cul, de la cellulite..." du coup j'ai été vraiment des deux côtés: maigre et considérée comme "ronde". Et c'est pareil en fait, niveau souffrance: des deux côtés, on est critiqué et rabaissé et ça fait mal.
Là où j'ai commencé à grossir, c'est vraiment à partir donc de 19-20 ans, à l'époque de mon premier vrai copain. On mangeait souvent chez lui, et je n'étais pas habituée à manger comme ça, en aussi grande quantité, et des trucs bons aussi bien salés que sucrés. On allait régulièrement au Mc Do aussi (et oui j'ai fait des erreurs...). J'ai developpé un goût pour la bouffe que je n'avais pas avant. Avant, je mangeais quand j'avais vraiment faim ou pour manger. Je n'avais pas une attraction particulière, pas de gourmandise vraiment, et puis j'éliminais vite. Mon métabolisme s'est inversé parce que j'ai commencé à manger, manger, manger, grignotter, beaucoup, et enormément de trucs sucrés. En plus, ça a coïncidé avec ma première dépression. Je mangeais pour me calmer, me soulager, toute la journée, nimporte quoi. Du coup mon corps savait plus quoi faire: quand j'arrivais chez moi, y avait pas grand chose à manger, et avec lui, je mangeais comme quatre! J'ai déréglé complètement le fonctionnement de mon organisme !
Aujourd'hui, je grossis facilement. C'est plus du tout comme avant. A l'époque, je faisais du 34/36. Je suis passée au 38, et au 40 (en bas). Pour que je maigrisse, c'est très difficile. Le corps s'est habitué à manger et à stocker. En fait, y a que le fait d'être mal qui me fait maigrir: quand je vais très mal, je ne mange pas beaucoup, j'ai du mal à supporter d'ingurgiter, mon problème avec les corps étrangers revient, la bouffe me degoute. Un gros choc me fera perdre trois kilos en deux jours. Mais le reste du temps, c'est dur. Ca me fait chier parce que je rentre plus dans mes vêtements d'une année à l'autre et c'est ça le plus emmerdant; plus le temps passe, plus je grossis j'ai l'impression.En fait, je me rapproche de la corpulence de ma mère: hanches et fesses et ventre important, mais haut fin, et musclé.
A l'époque, j'avais entrepris un régime qui avait bien marché (Zermati). Le problème, c'est que je suis retombée dans la maigreur, en ne mangeant presque rien. Et au final, j'ai très vite repris car mon organisme désormais s'était mis à stocker très vite. Et puis maintenant, je fais avec. Je ne suis pas grosse, pas mince non plus: je suis entre les deux. On peut dire avec des formes, ou pulpeuse. Je voudrais bien perdre cinq kilos, voire dix, mais je sais combien c'est dur de forcer son corps qui lui a son propre fonctionnement: c'est la lutte effrenée entre mental et corps. C'est très dur psychologiquement et faire un régime, j'assimile ça à une espèce de labeur extremement épuisante à vivre. Alors je fais comme ça.
Je sais que quand je faisais de la boxe, quand je bossais, je perdais bien, regulièrement, pas trop vite. Il faudrait que je me dépense sans compter, à être eclatée, comme l'an dernier, journée de huit heures, deux heures de trajet, sport le soir... Je laisse faire désormais. Je ferai, dès que ça ira mieux, plus attention. Mais je suis incapable de me restreindre à un régime où on va peser chaque aliment, ou faire gaffe à chaque calorie, je trouve ça terrible pour soi, je veux pas retomber dans ça, je veux laisser faire (pour une fois que je veux laisser faire!).