Plus généralement, les élèves de collèges ont l'habitude qu'on ne les bloques plus. Ils passent d'une classe à l'autre, même avec des lacunes énormes (je pense à un de mes élèves de 6e qui ne sait pas franchement écrire). Arrivé en troisième on commence à leur dire "hey les cocos, c'est finis maintenant, si tu as pas assez bossé avant tu ne pourras pas aller au lycée général comme tu le désire parce que tes lacunes sont trop importantes". La remédiation doit se faire en amont, mais il faudrait mettre énormément de choses en place (et non la futur réforme ne va pas le permettre).
"Normal" qu'ils passent : les profs ont pour consigne de faire passer le maximum d'élèves, parce que les établissements veulent le moins possible de redoublant (ba oui, ça fait tache dans la notation de l'établissement, c'est mieux d'avoir un bon taux de réussite, m'voyez). Ajoutons à ça le fait qu'on ne peut faire redoubler un élève qu'une fois par cycle (ou deux, là d'un coup j'ai un doute, mais me semble que c'est une) (c'est à cire une fois en primaire, une fois au collège, une fois au lycée, même si là au lycée avec le bac ça change un peu les choses)... ba avec certains on a vite fait le tour...
J'vais encore la ramener avec ma mère (désolée, mais j'ai pas mieux comme exemples ^^) : un de ses élèves savait à peine lire et écrire arrivé en 6ème, je vous laisse imaginer ses résultats aux évaluation en début d'année... il ne savait même pas écrire son nom et son prénom sans faire de faute ! Elle a demandé comment on avait pu le laisser aller au collège : "ba il a déjà trop redoublé en primaire, ils étaient obligés de le faire passer"... vouivouivoui. Et quand ma mère a proposé de le faire redoubler sa 6ème parce que vraiment là ça n'allait pas, elle s'est heurtée à deux refus : le conseil d'établissement "ah non, on a déjà trop de redoublants pour l'année prochaine" et les parents du gamin "pourquoi il redoublerait, il est pas débile !"... voilà voilà... on en est là... (résultat, le gamin est en total échec scolaire, il a abandonné à ses seize ans pour travailler comme son père dans les cochons, et comme le disait si bien son père devant le gamin en réunion parent-prof avec ma mère "t'façons pour élever des cochons, y'a pas besoin de faire des études"...
Bon, ok, ma mère enseigne en milieu dit "péri-urbain" (comprenez la campagne profonde réunie dans une petite ville), mais elle en a discuté avec des collègues d'autres établissement moins campagnards et plus urbains, à part les métiers des parents qui changent, les gamins eux semblent faits sur le même moule.
Après c'est vrai qu'on sent que certains c'est pas de leur faute (la plupart ne comprennent pas vraiment pourquoi ils devraient faire autrement, d'ailleurs) : ils sont élevés comme ça, et les profs (et instits avant eux) ont beau faire leur possible, un gamin qu'on ne prend pas en main à la maison, à qui on n'impose pas des heures de travail et qu'on laisse végéter devant un écran, quel qu'il soit, ça peut pas donner un gamin bosseur à l'école. Il y a des bosseurs : j'ai eu un élève de ma mère ne cours particulier/aide aux devoirs, il avait du potentiel, une super idée de métier (océanographe, paye ta vocation de ouf ^^), mais c'était galère pour le faire bosser. C'est un truc d'ado, mais vachement exacerbé de nos jours : ils sont partisans du moindre effort. Exemple tout con : exercice sur un polycop, il fallait remplir un tablea. Le tableau n'était pas très grand, donc il paraissait logique vu la taille du texte à analyser qu'il fallait refaire le tableau sur une feuille à part pour le remplir, et le fermer une fois compléter. Ba non, le gamin a commencé à remplir le tableau sur la feuille d'exo, en écrivant normalement, et au bout de trois bouts de phrase relevé "ya plus de place, je passe à l'autre exercice ?"... sur le coup j'ai eu envie de lui éclater la tête contre la table
(ma mère a eu le même genre, en 5ème : "madame, ya plus de place sur ma feuille, je fais comment ?" ... ils ne réfléchissent pas du tout, ils attendent vraiment que tout leur tombe tout cuite dans le bec...).