Après 6 mois de mi temps, de stress, 10 kg de perdus, de dépression... dans une semaine et 2 jours je vais dans un nouvel endroit, avec de nouveaux collègues, dans une nouvelle structure, avec plus de résidents...
Et je flippe grave.
Après mon deuxième, j'ai eu LE poste que je voulais: un mi temps (idéal quand tu as comme moi un petit qui ne fait pas ses nuits), aurpès des personnes atteintes d'Alzheimer ou de démences séniles. C'est mon truc à moi. Je veux faire carrière dans ce domaine là. Bref, quand j'ai eu ce poste, j'étais épanouie, heureuse, je kiffais grave, je me sentais totalement à ma place.
Et puis, deux mois après... je suis passée coté maison de retraite: manque de personnel. J'ai un peu déchanté :/ . Les personnes agées, c'est mon truc qu'on se le dise. Mais les collègues... vu que j'étais en mi temps, je bossais dans les deux équipes, et très vite j'ai fait "tampon" entre elles, et puis j'ai en quelque sorte cristallisé tous leurs problèmes de non communication. "Ama, tu diras à l'autre équipe que..." était une phrase répétée tout au long de ma journée. Très lourd. Heureusement, l'ambiance était sympa quand même.
Et puis j'ai eu ma dernière, j'ai du prendre un congé parental de 3 ans parce que ma fille a divers problèmes et une prise en charge quasi quotidienne au CAMSP, pas de nounou dispo dans mon village... Bref.
J'ai repris en janvier. Une semaine après, je suis partie en pleine journée, en claquant la porte. Après 3 jours de boulot à essayer de prendre mes marques (toutes les routines avaient changées, etc), je me suis retrouvée un matin toute seule, avec une vacataire qui faisait son 1er jour. J'avais jamais fait de petits déjeuners toute seule, je connaissais à peine les résidents. Ca a été la catastrophe, et une "super" collègue à sa prise de poste à 9 h m'a houspillé comme la dernière des crottes. je suis allée voir ma chef, lui ai dit que c'était inadmissible, et que j'allais prendre une semaine pour réfléchir.
Je suis revenue. J'ai fait profil bas, bon gré mal gré, me suis pris des réflexions tout le long de mes journées, je me suis tellement remise en question... déjà que j'ai pas LE diplome, mais une équivalence... Une collègue me prenait de haut à cause de ça. une fois elle m'a carrément engueulé à 7h30, très fort, parce que "mon chariot c'est le bordel, c'est de la merde, de toute façon, t'es pas une vraie aide soignante" (texto). Je lui ai demandé calmement de me montrer comment l'organiser, et elle est partie en furie dans une chambre. (on ne m'avait jamais montré les ptits dejs, en 10 ans c'était la 1ere fois que je les faisais, excusez moi si je n'ai pas encore les bons réflexes...) Jusqu'à ce jour où j'ai discuté avec le médecin et l'infirmière d'une résidente, en utilisant des termes médicaux et tout... fin voilà, j'ai 3 ans d'études derrière moi, même si ça fait 10 ans, je sais tenir une conversation pro avec un médecin quoi. Là bizarrement, elle ne m'a plus rien dit: finalement, elle a u que j'étais pas si bête que ça.
Sans compter que je faisais tampon entre les deux équipes, avec leur manière de faire différente en pensant que l'autre équipe faisait de la merde...
J'ai commencé à ne me référer qu'à ma chef, parce que quand l'une dit blanc, l'autre dit noir. Et j'ai enfin trouvé ma place,
Sauf que j'ai demandé ma mutation dans la ville des prises en charge de ma fille. Parce que faire 6h de route par semaine, c'était plus possible. Je voulais un temps plein aussi, parce que je ne voulais pas être à cheval sur deux équipes. J'étais frustrée de ne pas être là "tout le temps". Je veux pouvoir être réfrente de résidents, m'occuper d'autres choses que juste des toilettes et des repas.
Et mon poste actuel, ma chef m'a clairement dit qu'elle n'avait rien à me proposer.
J'ai obtenu en 6 mois ma mutation, et un poste. J'ai eu beaucoup de chances, et j'ai su saisir les opportunités qu'il y avait, surtout. (et j'ai eu beaucoup de jalousies: d'autres ont demandé avant moi pour d'autres résidences, et n'ont toujours rien eu. En même temps, j'ai sonné à toutes les portes, j'ai téléphoné tous les mois pour savoir si un poste se libérait, je n'ai pas attendu quoi...)
Et j'ai très peur.
peur parce que je n'ai plus confiance en moi, en mon petit diplôme, en mes capacités. Peur qu'on me juge parce que je suis incapable de faire une toilette en 10 minutes. J'ai rencontré quelques futures collègues qui m'ont rassurées et trouvent même inadmissible qu'on me demandait une telle chose. Je mets aussi du temps pour m'adapter, j'ai mis un bon mois en mi temps pour connaître les noms des résidents et les habitudes du service, et je sais qu'un mois, c'est trop long.
Je sais que j'ai été prise parce que la RH avait la flemme de chercher, comme j'étais là au bon moment, elle m'a prise, mais l'entretien ne s'est pas forcément méga bien passé. (enfin, ça se passait bien jusqu'à ce qu'elle me dise qu'elle a appelé ma chef pour savoir comment j'étais, normal quoi, et que celle ci lui a dit: "tu verras bien" d'un ton peu engageant... j'ai cru que j'allais faire un meurtre, j'ai toujours été là pour dépanner au dernier moment, je fais toujours preuve d'humilité, je me renseigne avant de faire n'importe quoi, je suis une bonne soignante quoi)
Mais j'ai peur quand même.