J'avais fait une analyse d'urine et je tenais une ordonnance avec des résultats de toutes sortes et des chiffres faisant la page entière attestant que j'étais enceinte. Au départ, etant donné que j'étais sûre que c'était un faux positif - il n'y avait absolument aucune raison que je le sois, aucun risque n'avait été pris - je la laissais de côté, pendant plusieurs jours, alors que ma mère elle était dans un état de panique total et me disait sans arrêt que je l'étais, que les résultats parlaient d'eux-mêmes.
Au bout du troisième ou du quatrième jour, je pris soudainement conscience de la réalité: J'étais peut-être enceinte. Je regardais encore et encore le résultat d'analyse sans y comprendre quoi que ce soit, les termes étant inconnus, multiples, agrémentés de chiffres par centaines; J'allais même chercher une ancienne ordonnance où j'avais été effectivement enceinte et où les chiffres malheureusement semblaient coïncider.
Au paroxysme de ma terreur, j'étais dans une ville inconnue et je trouvais enfin un hôpital; mon frère m'accompagnait. Dans la salle d'accueil il y avait deux caisses, comme dans les supermarchés, une pour les problèmes gynécologiques et autres problèmes; l'autre pour d'autres affectons (j'ai pu lire "dentaires" entre autres).
J'obtiens un rendez-vous avec une femme docteur gynécologue; mais pour la trouver il va me falloir beaucoup marcher à travers des allées et des couloirs. Une femme me dit de continuer tout droit puis d'aller ensuite vers la droite, "cela va se faire tout seul" en m'aidant d'une sorte de "barre" qui me permettra d'y tourner logiquement. Je suis dans un tel état d'angoisse et de terreur que je peine à marcher; je pense que je vais mourir, tomber dans la seconde-même (je ne sais si je suis enceinte ou si j'ai une tumeur). L'hôpital est très lugubre, très angoissant. Beaucoup de blanc cassé, de bleu livide, de vert clair. Je croise des gens, beaucoup de filles et de femmes comme moi. A un moment, il y a comme une sorte de file, avec des filles jeunes, des adolescentes. Comme une file de cafeteria. Je passe devant et une fille me critique; je l'entends, et je reviens vers elle. Je me dispute avec, et nous voulons nous battre mais étant donné mon état, je n' y arrive pas. Je renonce en lui disant que je suis trop faible, que nous sommes malades et qu'il ne faut pas, mais elle réussit à me donner des coups, profitant de ma faiblesse. Je repars encore plus démolie.
J'arrive à la fameuse voie de droite, que j'ai pu trouver avec une sorte de liteau en bois que j'ai appliqué dans l'angle du mur. Je vais attendre longtemps, longtemps, avec mon frère. Je crois qu'une histoire similaire me vient à l'oreille; une fille avec les mêmes résultats que moi, qui avait en fait une tumeur à l'ovaire qu'il a fallu opérer d'urgence. La femme docteur vient enfin au bout d'un temps infini. Elle porte un haut de chirurgie vert laissant les bras découverts, et un masque. Elle dit à ma mère (ma mère est là finalement?) qu'il va falloir me mettre de "l'alcool avant l'opération" (sous-entendu: de la bétadine). Je réalise qu'on va m'opérer d'urgence. La femme repart. Nous attendons de nouveau.
Ca y est, elle est là. Entre temps dans les allées, en cherchant où elle était, j'ai craché des espèces d'insectes, comme des fourmis, mais en plus allongés, et de grands vers marrons et courts, épais, avec trois yeux ronds noirs d'humains sur la tête. J'en ai aussi sur les doigts et les mains, ils forment des espèces de trous noirs, creusés, je suis terrorisée, j'essaie de ne pas les regarder, de me dire que bientôt ils n'y seront plus, que c'est temporaire. Je la suis, elle et son assistante. Nous allons dans une grande salle obscure, comme une immense pièce de hangar. Un petit poste de chirurgie, parmi peut-être des tas d'autres; je vois la nappe verte de la table assortie à leurs hauts, tout plein d'instruments en inox, des machines. Je pleure, je panique, j'ai peur. Je ne veux pas y aller.
Je leur montre les trous noirs et marrons sur mes mains, faits par les insectes, à l'intérieur de moi. L'assistante dit quelque chose comme si elle découvrait et savait enfin quelle était ma maladie; elle a l'air en parallèle effrayée, dégoûtée. Je ne me vois pas allongée, mais on est en train de m'opérer. On a m'a ouvert. Je le vois d'en haut, tout près. La femme docteur ou l'assistante trouve une grande mèche de cheveux, épaisse, juste dans le repli droit, dans la profondeur à côté de mon uté... Elle fait très attention à ne pas tirer, à faire venir les cheveux lentement, les démêler afin de les extirper. Elle arrive à l'enlever. Elle est soulagée. Je comprends que si les cheveux avaient poussé carrément, étaient implantés dans l'organe, ça aurait été bien plus grave.