Je mangeais une espèce de soupe avec des spaghettis en sachant que les spaghettis étaient en vérité des sortes de vers ou d'asticots très allongés, et c'était tout à fait "normal", cela faisait partie de la recette, qu'il y ait des vers ou asticots en tant que spaghettis: je n'avais aucune peur ou répulsion.
Plus tard, je découvris à travers la peau de mes mains et de mes bras, que le fait d'avoir mangé de cette soupe avait infiltré les vers en moi, à ces endroits-là, les mains et les bras, au lieu que je les avale "normalement" et que je les digère. Je me disais donc: "Voilà, tu vois, tu as mangé de cette soupe, voilà le résultat". La peau de mes mains et mes bras était translucide: on voyait à travers les vers "spaghettis". Ils faisaient au départ des "points" blancs. Puis on les voyait, vraiment, sous la peau. En masse. Ils formaient une masse. Ils étaient très longs. Ils allaient de mon bras au bout de mes ongles. Pour les déloger, ce n'était pas facile: il fallait que j'essaie de les attraper de dessous l'ongle, par leur bout et une fois attrapés, je n'avais qu'à tirer, tirer, tirer, jusqu'à qu'enfin j'arrive à la queue et qu'ils soient à l'extérieur de moi. J'éprouvais la sensation de les faire glisser, je ressentais le glissement et même à un moment je délogeais un vers du doigt que je m'étais massacrée à l'époque, dans le réel (j'étais tombée en portant un poids très lourd, et j'avais tombé tout le poids sur mon doigt et mon ongle) et j'éprouvais la sensation douloureuse en faisant glisser le ver de ce doigt encore fragile et qui n'a jamais repris sa forme et sa force initiale. J'avais mal aussi à l'ongle, et je faisais en sorte d'incliner le vers sur l'arrière, car l'avant avec le glissement était très douloureux.