(En respectant le deal avec
Sow² , un texte "émouvant" )
Elle n'osait pas franchir le seuil de cette porte, elle n'en avait ni la force, ni le courage. Là, à l'intérieur, elle y verrait ce lit d'hôpital, cette vision sordide, avec ces barreaux, ces fils partout, ces bip-bips angoissants. Et, au milieu de tout ça, comme un nourrisson à la peau flétrie, enroulé dans ses draps, son père.
Cela faisait plusieurs mois, comme ça, que son état s'était empiré. Les cheveux qui partaient par milliers, les rides qui s'accentuaient, cet état toujours fatigué. Ses muscles qui l'épuisaient, son corps qui ne répondait plus à ses ordres. Il lui avait déjà été assez insupportable d'assister à tout ça à la maison, mais là, dans cette chambre d'hôpital, c'était encore pire. Elle savait que c'était la fin. Il le savait aussi.
Elle aurait voulu rentrer, lui saisir la main. Le regarder lui sourire. Ce même sourire avec lequel il l'avait toujours regardée. Il n'aurait pas la force de lui parler, mais elle l'aurait fait. Elle aurait raconté quelques souvenirs. Ces moments qu'ils avaient vécus ensemble. Toutes ces fois où il l'avait réconfortée. Quand son papillon adopté s'était envolé...
Elle devait avoir 5 ans, peut-être 6... C'était un joli papillon, plein de couleurs. Du noir, du bleu ciel, presque transparent, et puis du blanc, du violet, du orange. Il était magnifique. Et il était venu se poser sur sa main. Sa petite main, à elle. Elle n'en revenait pas, elle se sentait comme magique. Elle savait que ce papillon auprès d'elle, plus rien ne pourrait lui arriver. Et que s'il s'envolait, il l'emmènerait avec elle.
Mais il commença à bouger ses ailes. Elle le regarda, effrayée. Il décolla et la quitta.
"Non, reste, reste avec moi"
Elle était petite, et les larmes l'avaient emporté. Alors les lourdes mains de son père s'étaient posées sur ses épaules, et même si elle pleurait, elle s'était sentie apaisée.
Aujourd'hui, qu'elle était grande, les larmes venaient encore, lui nouaient la gorge. Mais les lourdes mains de son papa ne seraient pas là cette fois...
"Je t'en supplie. Reste. Reste avec moi..."