@Althéa Vestrit et même sans tous ces éléments que tu cites, d'où ça les regarde ? o_O
C'est vraiment un truc que je ne comprends pas, cette manie de se soucier de la parentalité future de parfaits inconnus. Déjà que poser la question aux personnes proches me met mal à l'aise, à moins qu'iels aient été particulièrement open sur leur désir de parentalité, mais alors quand c'est des gens que tu ne connais pas ?
C'est méga intime comme sujet.
Iels sont mééééga intrusifs dans le coin où je suis. Et j'ai pas encore trouvé comment dire poliment que ça les regarde pas quand iels demandent si j'ai un copain ou dans quelle maison j'habite..
Blague à part un enfant faut aussi avoir le temps de s'en occuper.
Dans ma classe de primaire y'avait :
Des familles ultra riches, parents jamais là avec les enfants (sauf 1 semaine en vacance ski mais avec leurs amis, donc les parents refourguaient les bambins en garderie d'hôtel / 2 semaines en été (idem garderie, ou cours ou baby sitter)). Et le reste du temps, des employés qui cherchent, ramènent l'enfant à domicile, le font manger, le nourrissent. Puis profs particulier, puis dodo. Idem matin, petit dej et direction école. Ces enfants là ne voyaient quasi jamais leurs parents et l'ont mal vécu. Iels ont développé plus tard des troubles concernant l'argent/le vol (certains étaient étouffés sous mille cadeaux compensatoires et le vivaient très mal).
Des familles vraiment pauvres. Souvent la mère à la maison, plusieurs autres enfants et une situation se précarisant à chaque nouvelle naissance. Subissant des conflits familiaux avec le père exténué, la mère bloquée à la maison et qui peut pas vraiment travailler car payer une nounou mangerait le peu de salaire dont elle peut bénéficier. Et j'ai été beaucoup amie avec ces enfants là et en grandissant, iels me disaient que leur enfance avait été atroce, à quel point iels ont été traumatisé(e)s d'avoir bénéficié trop tard de soins médicaux (car les parents ne pouvaient rien avancer), d'avoir porté des vêtements plus que défraichis (et d'avoir subi plein de moqueries à ce sujet -et je pèse mes mots, certains c'était du harcèlement-. Ok aujourd'hui on a vinted, mais ça reste cher, et peut être qu'avec la fast fashion, les vêtements/chaussures sont moins défraichis quand on les trouve à 50ct à la brocante.. mais bon... pour un enfant, pas toujours évident de trouver ça chouette des vieux vêtements), d'avoir eu les yeux explosés (car pas de lunettes avant que l'enfant ait vraiment de gros soucis de vue), d'avoir eu des affaires scolaire de mauvaise qualité (et de se prendre des remarques concernant le soin par les profs en primaire (bah oui, un cahier de brouillon tout fin s'abîme + vite que le clairefontaine et son papier épais, par ex, se faire enguirlander par les enseignants pour taches d'encre alors que c'est juste le stylo à encre qui est de mauvaise qualité), d'avoir subi le fait que les autres enfants de la classe partaient en vacances alors que eux terminaient en larmes quand au retour, il fallait raconter ce qu'iels avaient fait et ils avaient honte d'écrire qu'iels n'avaient pas voyagé / vu des choses, de s'être ennuyés ferme l'été, d'avoir été beaucoup par chambre quand les autres avaient une chambre privative, d'être coupés de la culture type théâtre/opéra/musés/livres de qualité et dont l'horizon ne se résumait qu'à disney-minikeums/Tfou (pas que c'est nul/qu'il faut regarder de haut, juste, iels ont regretté le manque d'horizon, d'ouverture de n'avoir que ça). Iels se plaignaient aussi de ne pas avoir bénéficié d'un ordi familial, donc d'avoir été largués quand iels ont dû en utiliser un plus tard, d'être à la traine en culture générale, pour certains d'être envoyés sales à l'école car plus d'eau /coupure d'électricité (avec le regard du corps enseignant et des parents sur eux, et quand t'es un enfant, tu le sens ce regard), d'avoir pour certains renoncé à l'unif car largués déjà au collège/lycée en matière scientifique et les parents ne pouvant pas payer des profs particuliers pour aider l'élève etc etc. Et pour couronner le tout, en général des parents qui n'ont pas le temps : le père qui cumule parfois des jobs / la maman certes à la maison, mais débordée pour la faire tourner cette fichue maison, exténuée et qui fait les choses machinalement.
C'est peut être ultra classiste comme analyse, et mon échantillon ne se base que sur une petite classe, donc peut être pas représentatif. Mais je me souviens très bien de ce qu'iels disaient à ce propos.
Finalement on voit 2 choses, que les enfants riches mais laissés de côté = environnement "idéal", mais leur manque la présence parentale = sont malheureux / enfants pauvres : parents exténués, soucis matériel, et traumatisés par ce souci matériel.
C'est donc avec ça que j'ai compris que c'est pas une histoire d'être assez riche, faut surtout avoir le temps / l'énergie mentale / être bien dans sa tête/famille/vie pour s'investir à minima dans l'expérience de parentalité. Le bien immatériel le plus précieux qu'on peut donner à un enfant, c'est le temps !
Quel que soit le côté (enfant riche / pauvre), iels ont maintenant la trentaine et restent profondément marqués par leur enfance.
Et en cabinet, en pédia, je vois surtout les enfants des classes aisées, et on retrouve ce côté typique d'un gamin qui court les spécialistes en tout genre parce que les parents n'ont pas le temps et se disent qu'en l'envoyant chez dr X, dr Y, iel sera bien suivi et ira mieux, qui est amené par sa nounou ou alors que le parent me refourgue ("et je repasse le prendre tout à l'heure" > même pour une consult chez un personnel de soin, iels n'ont pas le temps, ces parents), et qui a de gros troubles type hyperactivité / stress paroxystique (sur même de très petits enfants parfois) / ou parfois un trouble du style il se comporte comme si iel avait un trouble dans le bénéfice secondaire de passer un minimum de temps avec ses proches quand on l'amène chez le spécialiste.
Mais faites des petits quoi qu'il arrive ! surtout si vous n'avez pas le temps, hein