Veille Permanente Classisme

[Mamy Chouette]

@AngelTen Richard II : j'ai connu la même chose au collège, j'étais dans un collège où allaient tous les enfants de médecins/avocats (ceux qui n'allaient pas dans le privé en tout cas) et je confirme, je ne me suis quasiment pas fait d'amis la bas. Enfin la seule vraie amie que je me suis faite avait un statut social à peu près équivalent au mien (je précise que ma mère, infirmière, nous a élevés mes deux frères et moi toute seule).
Et cette année j'entre en BTS dans un lycée privé, et ça + la différence d'âge (j'ai 21 ans), je pense que ça va être une année assez solitaire pour moi.

 

[Dame Andine cogite]

@AngelTen Richard II , @If-Only : J'ai aussi été dans un contexte + franchement discriminant en secondaire (+/- période collège). Faut dire que classisme + adolescence = cocktail explosif ! Puis j'ai changé d'école pour les 2 dernières années - il y avait déjà + de mixité sociale. A l'unif', j'ai globalement beaucoup moins ressenti cette discrimination. Mais en fait, elle réapparait de manière moins claire, moins explicite... entre autres parce qu'il y a ce "comme si" on était à égalité. (Je parle de ma branche ! Si j'avais étudié droit ou marketting, je pense que ç'aurait été beaucoup plus clair !)
Quand cet aspect n'est pas en jeu, mes amies sont vraiment chouettes. Et pour plein d'autres choses, il y a clairement moyen de communiquer. Mais de plus en plus, j'ai l'impression que le privilège et l'oppression liés à l'argent ont une ampleur énorme mais non-dite. Il faut dire qu'on vit dans le mythe du "selfmade man" - du coup, si t'es "pauvre", c'est de ta faute, t'avais qu'à choisir option "trader".
Je me souviens d'avoir lu dans un livre de Christophe André (Imparfaits libres et heureux) quelque chose dans ce sens : à l'époque médiévale, le pauvre serf n'était pas "coupable" d'être pauvre. Alors que maintenant, si. Il suffit de faire les bons choix, d'étudier ce qu'il faut, de bien travailler, et puis ça marche. Du coup, le pauvre est pauvre, et coupable d'être pauvre. Ce qui, évidemment, n'est pas très favorable à une bonne estime de soi...

 

[Kyubey]

Battez-vous pour avoir l'insigne honneur d'avoir un boulot :

http://www.m6.fr/emission-the_apprentice_qui_decrochera_le_job/




J'aime tellement le capitalisme

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[Dame Andine cogite]

@SuperGeekette : Oh my God. L'arène du XXIe siècle.
Dans le genre réjouissant, je sais pas si tu avais vu le doc "la mise à mort du travail" (en 3 parties)...? C'était instructif et j'en venais clairement à préférer le chômage et la dèche à certains contextes de torture, euh enfin "travail".

 

[Mamy Chouette]

@AngelTen Richard II : j'ai connu la même chose au collège, j'étais dans un collège où allaient tous les enfants de médecins/avocats (ceux qui n'allaient pas dans le privé en tout cas) et je confirme, je ne me suis quasiment pas fait d'amis la bas. Enfin la seule vraie amie que je me suis faite avait un statut social à peu près équivalent au mien (je précise que ma mère, infirmière, nous a élevés mes deux frères et moi toute seule).
Et cette année j'entre en BTS dans un lycée privé, et ça + la différence d'âge (j'ai 21 ans), je pense que ça va être une année assez solitaire pour moi.

Je m'autocite pour annoncer au monde que j'ai été très mauvaise langue sur ce coup. J'ai fait ma rentrée aujourd'hui, et même s'il y a des gens qui sont clairement issus d'un milieu favorisé (et avec lesquels je doute fort d'accrocher, vu l'attitude le premier jour), la majorité des élèves sont très cool et sympa ! Mea culpa donc !

 

[schizophrenia]

@If-Only : Toute ma compassion. Je rentre dans une formation qui n'est clairement pas adaptée aux gens de mon milieu social (vu la sélectivité/le coût de l'école/la prétention de former l'éééélite) et j'ai un peu peur. Je sais déjà que je risque de me retrouver en binôme avec la fille d'un dictateur et ça me terrifie. J'ai vraiment souffert avec ma licence de Droit, où on me faisait comprendre que je n'étais pas à ma place; où les gens portaient des costumes de marque etc. Mais là, c'est le niveau du dessus, la grande fracture sociale.

Spoiler: Mais mais mais

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[Oh]

[ D'ailleurs un de mes futurs camarades m'a dit qu'il était injuste que j'aie bénéficié d'une aide gratuite pour passer mes concours alors que lui, de classe moyenne, a du payer une prépa à 10.000 euros. Il a été très violent, confondant absolument tout (c'est pas juste de me reprocher l'accès à cette aide, selon lui je n'aurais pas du l'avoir car je suis blanche). Alors que certes, il est de classe moyenne, mais son père est quand même maître de conférence : son capital culturel est tellement plus élevé que le mien. [/SPOILER]

La violence de ce qu'il t'a dit Même pas honte! En plus il est fils de maître de conférence (en quoi d'ailleurs, ne me dis pas en socio pitiééééé) il quand même censé avoir une certaine conscience sociale. Mais non. La justice sociale, les bourses pour réduire les inégalités ont l'air d'être des concept qui le dérange, et le fait qu'il croit que ça ne doit être attribué qu'aux non-blancs il a pas tout compris le pauvre...
En gros pour lui tu n'as pas de mérite, mais lui oui, il croit qu'il est arrivé là tout seul sans aide. Et puis c'est pas lui qui a payé, c'est ses parents, donc il a bénéficié d'aide aussi (financière et culturelle, parce qu'un père prof ça aide bien quand même à se repérer dans les rouages des études). J'ai du mal avec les gens qui n'arrivent pas à voir plus loin que leur nez.
A mon avis il se sent menacé par toi, ta réussite scolaire, ta possibilité de monter dans l'échelle sociale et d'être une concurrente directe pour lui, du coup il te "remet à ta place" c'est comme ça que je l'interprète.
Il y a vraiment un gros mythe du mérite en France (je ne sais pas comment c'est le reste du monde) qui laisse croire que les classes supérieures/élites le sont grâce à leur travail, et que les classes populaires/pauvres le sont parce qu'ils n'ont pas assez travaillé. C'est faux! Le travail n'est pas le seul moyen d'avoir une bonne place en société, l'héritage aussi! Ca lui ferait trop mal de le reconnaître.
Alors que la reproduction sociale est l'un des phénomènes les plus puissants qui soit, encore plus dans un contexte de crise, tout le monde a peur et charge à garder sa place. L'ascenseur social est en panne. Les classes supérieures le restent. Les classes populaires le restent et ne progressent pas aussi vite qu'en temps que croissance.
Tu as pleinement ta place, ne te laisse pas atteindre, et évite le autant que possible?

 

[schizophrenia]

@Oh : Il va être difficile à éviter on sera dans la même promo. Après je peux comprendre son ressenti et c'est le problème avec les dispositifs "d'aides au mérite" : le nombre de place est limité et il faut bien opérer une sélection. Forcément, la sélection est arbitraire (revenu des parents, dossier scolaire etc). Certaines catégories sociales sont oubliées. Je sais que j'ai été sélectionnée sur de la chance et sur la rareté d'un profil comme le mien (parents ouvriers, milieu rural et enclavé, vie en banlieue et en autonomie) et que je ne suis pas plus méritante que lui.
D'ailleurs je m'interroge sur les critères à déterminer sur des dispositifs d'aides dans le genre. Comment être le plus juste possible etc. Au sein de ma prépa, on s'est rendu compte que beaucoup des bénéficiaires du dispositif n'étaient pas vraiment en situation de difficulté sociale (beaucoup d'enfants issus de la "bourgeoisie catholique" avec neuf frères et soeurs, qui bénéficiaient donc d'une bourse mais ayant un très gros capital culturel par exemple)

 

[Oh]

@Oh : Il va être difficile à éviter on sera dans la même promo. Après je peux comprendre son ressenti et c'est le problème avec les dispositifs "d'aides au mérite" : le nombre de place est limité et il faut bien opérer une sélection. Forcément, la sélection est arbitraire (revenu des parents, dossier scolaire etc). Certaines catégories sociales sont oubliées. Je sais que j'ai été sélectionnée sur de la chance et sur la rareté d'un profil comme le mien (parents ouvriers, milieu rural et enclavé, vie en banlieue et en autonomie) et que je ne suis pas plus méritante que lui.
D'ailleurs je m'interroge sur les critères à déterminer sur des dispositifs d'aides dans le genre. Comment être le plus juste possible etc. Au sein de ma prépa, on s'est rendu compte que beaucoup des bénéficiaires du dispositif n'étaient pas vraiment en situation de difficulté sociale (beaucoup d'enfants issus de la "bourgeoisie catholique" avec neuf frères et soeurs, qui bénéficiaient donc d'une bourse mais ayant un très gros capital culturel par exemple)

Non non, je n'ai pas dit que tu étais plus méritante que lui. Tu y as ta place, il y a sa place aussi. Le truc qui me dérange c'est qu'il t'attaque direct sur ta légitimité. Tu n'es pas là pour rendre des comptes mais pour bosser, tu ne lui dois rien!
Oui j'avais remarqué ça aussi, le caractère un peu aléatoire de l'attribution des bourses, j'ai pas trop fréquenté de boursiers moi-même, mais ma soeur avait une copine boursière, dont l'un des parents étaient aussi maître de conférence, l'autre gagnait bien sa vie, et ils avaient un super appart de 200m2... Elle n'en avait pas vraiment besoin quoi.
Je pense que le système des bourses est bien fait, jusque dans une certaine mesure. Ca a aidé et ça aide encore plein de gens à accéder à des études supérieures (quoique je trouve le montant plutôt faible, notamment pour suivre des études dans des grandes villes et à Paris où les logements sont chers) mais il y a toujours des abus de gens qui pourraient payer de leur poche.

 

[schizophrenia]

@Oh :Je pense que c'est impossible de trouver un système juste et que du coup, il faut un système qui s'en approche le plus possible. C'est vrai que l'attribution de la bourse à ses défauts mais elle reste nécessaire. Ça a été dur à comprendre pour moi. En première année, il n'y avait pas de fac proche de chez moi, je devais donc trouver un appartement par moi-même et travailler pour me le payer. Alors qu'une amie qui vivait chez ses parents, divorcés, touchait 560 euros par mois, ce qu'elle considérait comme de l'argent de poche, bien qu'à eux deux, ils gagnent deux fois plus d'argent que mes parents. Le système à ses failles mais malheureusement c'est aussi comme ça qu'on protège aussi les plus vulnérables.
D'ailleurs mes parents ont failli divorcer juste parce qu'ils n'arrivaient pas à payer les études de mon frère et moi (de manière à ce qu'on puisse être logés par le CROUS et qu'on ait un échelon suffisant pour vivre). C'est d'ailleurs ce qui me fait bien rire chez le mec qui m'en veut pour avoir bénéficié d'un système d'aide pour passer mes concours. Lui a déboursé 10.000 euros, ne voit pas de problème à payer 3500 euros de frais d'inscriptions par an et me dit encore "je vais pas faire d'alternance, je veux améliorer ma plume et prendre du temps pour moi. Si tu fais une alternance, tu seras médiocre dans ton travail". Comme si j'avais le choix en fait. C'est ça où je suis dans l'incapacité de payer mon école...

 

[Oh]

[QUOTE="schizophreniaC'est d'ailleurs ce qui me fait bien rire chez le mec qui m'en veut pour avoir bénéficié d'un système d'aide pour passer mes concours. Lui a déboursé 10.000 euros, ne voit pas de problème à payer 3500 euros de frais d'inscriptions par an et me dit encore "je vais pas faire d'alternance, je veux améliorer ma plume et prendre du temps pour moi. Si tu fais une alternance, tu seras médiocre dans ton travail".[/QUOTE]

Je... je... je... je FUIS les gens comme ça quand c'est possible. C'est tellement bas.
Pas d'empathie!! Qu'est ce que ça peut lui foutre que tu aies eu une bourse ou que tu travailles? C'est ta vie. Et c'est LUI le privilégié. Laisse le dans son monde, il ne comprendra jamais. C'est fou qu'il ne voit pas qu'on a tous besoin d'argent pour vivre ,et à fortiori pour faire des études? Evidemment parce que lui ses parents ont de l'argent, il n'a pas à payer lui même, à travailler, donc il ne voit pas le problème. On est en plein dans la non-reconnaissance de privilèges là.
Tu n'as RIEN à te reprocher, tu as plein de difficultés pour réussir à arriver là où tu trouves aujourd'hui, tu es super courageuse et je t'admire! J'espère que tu vas passer une super année

 

[Angel.]

Hey

Voilà, je vous suis depuis longtemps, je ne crois pas avoir participer mais voilà, je voulais savoir comment calculer de quel classe on est, je sais que je suis de la classe moyenne, mais voilà. Je me considère comme riche mais mes parents non, donc voilà et une deuxième question : gagner 2 000/3 000 euros selon les mois pour 6 c'est comme même énorme non ? Enfin c'est comme ça que je le vois. Même si c'est dernier mois on était à environ 1 200 euros par mois, mais je trouve que ça va encore on est super chanceux.
Je suis perdu.e car mes parents ne le vois pas comme ça et pour moi c'est parce qu'ils ne voient pas le privilège qu'on a.
Et je viens de me renseigner et j'ai vu que les ouvriers pouvaient être menuisier, or mon père l'est mais dit qu'il est artisans, je comprends plus rien, si quelqu'un pouvaient m'aider

Je sais bien que je suis privilégié.e là-dessus, c'est pas du tout pour voler votre vécu comme toi @schizophrenia (d'ailleurs ce mec est et 10 000 + 3 500 euros d'inscription, mais ses parents sont super riches pour dire que c'est rien comme frais d'inscription !) et à tout.es les autres.

Sinon je vais rentré.e en fac de psycho, et j'imagine que je vais me retrouver avec des gens moins riche que moi, est-ce qu'il y a une bonne façon de bien réagir je veux dire j'imagine que le/la plaindre en disant que je ne sais pas comment iel fait pour vivre... c'est une très mauvaise façon de réagir, mais est-ce que je dois ignorer ça même en faisant attention à ce que je dis comme ne pas me plaindre alors que je ne suis pas lae plus à plaindre ? Proposer de l'aide comme je peux ? Lui demander c'est la meilleure solution non ?

Voilà, si vous ne voulez pas répondre je comprendrais parfaitement, j'essaye d'être lae meilleure allié.e mais je sais que je peux offenser quelqu'un et si c'est le cas, je vous demande pardon