Je viens partager un coup de blues qui fait écho à mes messages précédents... à croire que j'entends toujours le même refrain pour le moment.
Soirée théâtre. Enfin, au
Théâtre des rues. C'est du théâtre action. On réfléchit sur le monde, on débat. D'ailleurs c'est dans une ancienne grange. J'étais déjà allée il y a 2 ans. Depuis leurs dates ne concordaient pas avec les miennes.
Ce soir, je vais au théâtre - c'est à 5 km de chez moi, une paille à vélo.
Le spectacle,
Démissions.
Rose Hanon raconte le quotidien d’une jeune enseignante, envoyée sans viatique dans une école où, actrice, elle n’aime pas la pièce que le système lui fait jouer.
• «Je rêvais l’école comme échappatoire au déterminisme socioculturel familial, comme arme de libération massive, comme le fondement de toute société démocratique. L’école de l’émancipation, oui.»
• «-Et m’dame ! Vous avez oublié où vous êtes ici? Mes couilles, je vous rappelle : c’est une école de merde ! Alors, faites pas chier putain!»
• «Je pensais : enseigner, c’est changer le monde. C’était avant que je ne me découvre artiste, prestidigitateur de formation, par nécessité dompteur de lions, funambule ou clown. Ma classe a pris des allures de cirque, j’allais dire les pop-corn en moins, mais même pas : tout y est. Le numéro est rodé, l’illusion parfaite. Et telle la boule à paillettes de l’équilibriste, le monde tourne et tournera demain, juste comme il doit tourner.»
Pour avoir brièvement tenter d'enseigner en secondaire (2e en Belgique = 4e en France), je reconnais ce que l'actrice décrit, je compatis...
J'apprécie la conscience du lien entre le Marché et l'école. ç'aurait pu être davantage approfondi. En fait, ouais, ç'aurait été vraiment bien d'approfondir.
Mais badaboum. Pauvreté économique = pauvreté intellectuelle. C'est ça le "déterminisme socioculturel".
Comment dire.
Si Charles-Henri, fils de, est un abruti, on lui trouvera bien une place pas trop mal payée à pas faire grand chose (ou pire : à faire quelque chose et ça aura un impact pour d'autres!). C'est surtout ça le déterminisme.
Ma famille est modeste. Mon père a commencé à travailler à 16 ans. J'ai fait des études. Ma soeur aussi. Mon frère pas. Il est intelligent. Juste il n'a pas fait d'études.
Ma voisine est modeste. Elle n'a pas de diplôme. Elle n'est pas débile. Sa fille commence l'université cette année.
Quand j'étais étudiante, je croisais souvent un sdf. Parfois on discutait. Il avait clairement perdu les pédales à un moment ou à un autre : il était un peu à l'ouest et me racontait des choses absurdes. Et pourtant un jour,
- vous allez en cours ?
- oui !
- c'est cours de quoi ?
- euh, phénoménologie...
- ah oui, avec Husserl
-
euh... oui, c'est ça.
Il en faut combien des exemples qui distinguent niveau économique / niveau intellectuel / niveau de diplôme ???
Je ne nie pas l'intersection des 3 phénomènes. ça représente un certain nombre d'individu-e-s. Et puis, à côté, il y a un certain nombre d'individu-e-s intelligents, sans diplôme, avec argent / intelligents, sans diplôme, sans argent / pas intelligents, sans diplôme, avec argent, etc !!
Pour sortir des déterminismes, faudrait déconstruire les stéréotypes non ?