@Dame Verveine C'est marrant que tu parles de l'ENS Cachan parce que ce matin après avoir lu vos postes à toutes j'étais justement en train de penser à ce que j'avais à dire sur le sujet (oui
) et justement je voulais parler de l'ENS Cachan (va falloir lire le poste en entier pour voir où j'en parle
).
En fait par rapport à toutes vos expériences je me sens un peu pareil mais pas trop en fait
Y'a plein de choses dans vos parcours
@Croquemitaine @Dame Verveine ou
@Althée qui me font penser à mon parcours, le fait de venir de province, d'avoir été en ZEP au collège, etc.
Après je n'ai pas vraiment un parcours aussi "académique", la vraie différence entre les autres et moi, c'était au lycée quand en première, alors que je faisais espagnol LV2, je me suis retrouvée dans une classe composée exclusivement de germanistes LV1
Alors en soit faire Allemand LV1 n'est pas un critère de classe, mais quand même un peu en fait, surtout que tous les collèges ne proposent pas cette option (pas le mien par exemple
). Déjà en seconde je m'étais bien rendu compte de différence parce que j'étais la seule boursière de ma classe mais après avec mes camarades ce n'était pas du tout comme en première, je n'avais pas senti de décalages. C'est vraiment en première, et ensuite en Terminale S spécialité maths (oui j'avoue j'ai cherché) que j'ai vu vraiment un décalage avec mes camarades. Déjà rien qu'au niveau géographique, mon lycée brassait des élèves de tout le nord de la région, et tout mes camarades ou presque venaient de "la ville", et ensuite au niveau des centres d'intérêts, des ambitions, etc c'était vraiment quelque chose qui m'a marqué. Et c'est à ce moment là que je me suis dit, comme je disais la dernière fois, que je voulais pas faire de prépa "pour pas me retrouver avec ces fils à papa d'ingénieurs"
).
J'ai continuer à la fac, en mathématiques, et j'ai eu beaucoup moi cette impression que j'avais eu au lycée, il y avait vachement de mixité sociale etc. Ça vient probablement du fait que ce n'est pas une université super côté, même si elle se défend pas mal, pour la plupart c'était surtout l'université "de secteur".
En master j'ai eu deux profs qui ont fait l'ENS Cachan, l'un mathématiques et l'autre en informatique et je me rappelle que les deux nous ont fait des remarques comme quoi ils n'avaient fait "que" l'ENS Cachan et que les normaliens de la rue d'Ulm aimaient toujours à leur rappeler, et que du coup quand tu as fait l'ENS Cachan tu étais en quelques sorte obligé de le préciser hein, parce que quand même c'est pas la rue d'Ulm hein. Sur le moment j'avais trouvé ça assez triste que mes profs est intériorisé comme ça leur "infériorité" par rapport aux normaliens de la rue d'Ulm. Surtout qu'ils avaient pas à rougir de leur parcours ni rien, c'était vraiment des chercheurs très brillants.
D'ailleurs j'y ai repensé ensuite lorsque des élèves ingénieur m'ont bien fait comprendre que bon j'ai beau avoir un bac+5 et avoir un poste d'ingénieure (je l'invente pas c'est marqué sur mon contrat de travail), je ne serais jamais vraiment ingénieure, vu que je n'ai pas fait une école d'ingénieur et que j'ai "juste" un master.
Après je n'ai jamais vraiment senti de problème de légitimité, en partie parce que même si j'ai eu de la chance de faire des études supérieures ce n'était pas des études prestigieuses. D'ailleurs à l'époque où je voulais devenir professeure de mathématiques, j'avais direct écarté la possibilité de passer l'agrégation, parce que ce n'était pas "pour moi". Je comprends bien ce que tu veux dire du coup
@Croquemitaine. Du coup je l'ai pas passé
Il n'y a que maintenant que je bosse que je commence à avoir de l'ambition, je sais maintenant à peu près ce que je vaux et j'ai plus d'ambition qu'à l'époque où j'étais étudiante (je me freine encore mais plutôt pour des raisons de santé, c'est un autre sujet).
Pour ce qui est de se censurer ou de ne pas se sentir légitime... on entends souvent parler de la notion de mérite, je déteste ça mais dans un sens je trouve qu'on a tout.e.s beaucoup plus de "mérites" et sommes donc bien plus légitimes à nos places que celles et ceux pour qui la voie a été toute tracée
En vrai j'aime pas ce genre de discours basés sur le mérite mais en même temps ça fait tellement de bien de se dire ça: On est complétement légitime, nos places on les mérites bien plus que tout ceux qui viennent de milieux privilégiés. C'est bien de se le rappeler dans les moments où on a envie de se censurer
Pour le coup, un peu comme
@madmoizelle N mes parents ne se sont jamais vraiment intéressé à mes études ni à celle de ma sœur, la question aussi c'était plutôt "Est-ce que ça va te donner un travail rapidement?". Ça va surement avec le fait qu'il ne s'y sont jamais intéressé
du tout je pense, mes parents ne nous ont jamais aidé à faire nos devoirs par exemple, ni demandé nos notes ni rien, mais c'est perturbant
J'ai vraiment senti ça quand je me suis orientée à la fac, un an après que ma sœur soit partie faire une LLCE russe, ma mère a été plutôt très déçue de voir que je ne voulais pas faire des études courtes et professionnalisantes. Elle s'était dit que c'était "perdu" pour ma sœur mais que bon pour moi y'avait encore des chances que ma formation débouche sur un travail pas trop mal payé rapidement. Elle avait peur de devoir financer nos études en fait. Après vu qu'on étaient boursière échelon max et qu'on se débrouillait sans rien lui demander ni à notre père, elle a accepté nos choix. Et en y repensant elle est contente de voir qu'on a bien réussi et qu'elles avait jugé nos parcours d'études "trop vite" (cc
@Lady Stardust)
@Althée
J'ai déjà remarqué ça sur les sites de rencontres aussi, comment on rencontre finalement souvent des gens de son milieu etc, des gens "comme nous", ça s’explique en partie je trouve. Ce message est déjà beaucoup trop long, je reviendrais en parler