@Mama Sara tout comme pour les grands secteurs de l'energie, des télécommunications etc la volonté de l'état français depuis les années 80 c'est la privatisation à tout va. Pour moi ca va de paire avec le mode de pensée libérale: peu voire plus du tout d'intervention, de subvention de l'état, favoriser l'entreprenariat privé avec actionnariat, faire de la rentabilité le critère n° 1 devant le service, l'écologie etc bref le capitalisme quoi!
Pour le secteur précis du fret par rail en France, il y a plusieurs étapes. En 1991 la directive 91/440 instaure la séparation entre la propriété des infrastructures et leur exploitation. A partir de ce moment là la SNCF, qui exploite le réseau ferré fret, va donc payer le RFF (Réseau Ferré de France) qui possède le dit réseau.
Fatalement une telle décision ne vas pas aller dans le sens de la sacro-sainte rentabilité du secteur du fret par le rail, puisqu'on augmente méacaniquement les dépenses.
Comme l'activité est encore moins rentable, on va donc la privatiser. L'état privatise d'abord les lignes rentables: un opérateur privé ne va pas se positionner sur un axe déficitaire, pas con!
L'arrivée de nouveaux acteurs privés en compétition entraine une guerre des prix.
Dans le meme temps (depuis 199
le transport routier en Europe change completement avec l'ouverture au cabotage (l'autorisation pour une entreprise étrangère de faire du transport national). Du coup les grosses entreprises de transport montent à tour de bras des filiales dans des pays où la main d'oeuvre est peu chère (d'abord la Pologne, maintenant aussi la Hongrie, la Bulagrie etc) et embauchent à bas cout des conducteurs. Le recours à la sous-traitance va également se généraliser (affretement). Ca a pour conséquence de faire basser drastiquement les couts des opérations de transports en Europe.
Tout ca fait qu'un transporteur peut:
- soit faire appel à un réseau ferré avec beaucoup de contraintes (horaires, manque d'entretien du réseau, retard etc)
- soit faire appel a ses propres moyens matériels (camions) et humains (conducteur d'Europe de l'Est peu payé)
Autant te dire que la vaste majorité optent pour la 2eme solution.
En 2016, Macron pas encore président mais au gouvernement fait passer la loi dite "Loi macron" qui impose aux entreprises étrangères de payer leurs conducteurs au SMIC horaire français pour les heures travaillées en France. C'est un voeu pieu car il n'y a pas assez d'agents pour controler, la majorité des entreprises de transport font une déclaration de facade, ne l'appliquent pas et passent entre les gouttes.
Tant qu'on harmonisera pas les salaires au sein des états membres de l'UE, ces disparités rendront le TRM toujours plus attractif en terme de cout.
En revanche en Suisse les poids lourds ne sont pas interdits, loin de là. Ils doivent payer une taxe journalière, la RPLP. Du fait de son cout très élevé, beaucoup de transporteurs choisissent de contourner la Suisse (notamment pour aller en Italie en passant soit pas la France et le tunnel du Mont Blanc, soit par l'Autriche) ou de prendre le train. Mais ceci n'est possible que parce que la Suisse n'est pas dans l'UE et a donc encore des frontières: tous les PL s'arretent pour payer la taxe. Les suisses peuvent donc véritablement controler qui les PL qui rentrent sur le territoire payent.