Je me suis faite agresser au repas du dimanche.
J'allais pas donner de détails mais en fait fuck it.
Quand ma belle mère a commencé à parler comme d'habitude des rroms en des termes que je reproduirai pas, j'étais face à mon choix habituel : je rentre dedans et j'argumente, on m'écoute pas (cette dame, même si c'est pour parler de sèche cheveux elle ne laisse personne parler) et on me dit que j'y connais rien parce que je travaille pas dans un lieu ou les rroms sont gênants, moi, ou sinon je me tais et j'encaisse la xénophobie pour préserver les politiques familiales et ce beau repas dominical, et préserver mon copain d'une embrouille entre sa meuf et sa famille.
En fait j'ai choisi aucun. J'ai fait signe du pied sous la table à mon copain pour qu'il prenne la parole, mais on ne l'a pas laissé parler. Du coup il s'est levé et a fait mine d'aller fumer, et je l'ai suivi.
La dame m'a suivie jusqu'à dehors pour me passer un savon et m'expliquer en me retranchant dans un bout de balcon que j'avais insulté tout le monde en quittant la table et que c'est pas la première fois qu'ils le remarquent.
En fait c'est bien que vous remarquiez mon malaise, j'en suis quasi soulagée.
Par contre elle m'a enjointe de débattre avec elle sur les rroms, les musulmans et les étrangers, elle m'a dit que j'étais mal placée pour m'exprimer parce que je n'agis pas au quotidien pour aider ces gens (mais alors elle je sais pas ce qu'elle appelle aider, traiter les gens comme des imbéciles dans son boulot ça compte pas), que j'étais dans l'obligation de donner mon avis parce que sinon ça voulait dire que je les traitais tous de racistes, et qu'elle pouvait pas savoir si dans ma tête j'étais pas en train de penser qu'elle vote FN.
Elle m'a pas laissé placer une réponse vous vous doutez, et mon copain a dû faire mur humain pour qu'elle arrête de me coincer sur le balcon.
J'étais sidérée et je bougeais plus, j'attendais que ça passe. Je lui ai quand même dit que du coup pour elle c'était pire d'être accusé de xénophobie que d'avoir dit des trucs xénophobes, et elle m'a répondu que le pire, c'était de quitter la table.
J'ai fait la meuf conciliante, je lui ai dit que j'avais pas la force d'écouter des propos xénophobes et que ça me heurtait et que c'est pour ça que je suis partie. En vrai j'ai pas la force de côtoyer des blancs, j'en suis à mes dernières limites là.
Elle a bien tenu à me mentionner que son premier copain avait été algérien, qu'ils acceptent tout le monde dans cette famille et que si je prenais tout mal c'est parce qu'on parlait de minorités et que comme je suis une minorité je prends tout pour moi.
J'ai jamais atteint ce niveau. C'est le final boss de la fragilité blanche et des politiques de respectabilité, combo double kick de racisme anti blanc.
Je me sens perdre pied là. Je vais plus les côtoyer, mais ça résoudra pas mon problème. Mon copain non plus, même s'il va vite se sentir obligé. Maintenant si j'y vais plus, c'est que je choisis de devenir la sorcière radicalisée qui a séparé le fils de sa famille et qui racialise toutes les interactions, etc vous connaissez la chanson.
Je fais le choix de me préserver moi avant tout et je n'irai plus. Mais c'est sur mon copain que tout va retomber. Et ça c'est pas juste.