@
Léontine
Voilà, du point de vue des libéraux. Et ces derniers ne servent pas l'intérêt général (ce qui devrait primer).
Je suis nulle en économie mais j'essaie de m'y intéresser un peu (parce qu'elle ne cesse de prendre de l'"ampleur"). Est-ce que la "compétitivité" est vraiment nécessaire ? A quel point ?
Le discours sur les 35h, le MEDEF le tient. Si le MEDEF pouvait payer les salariés au lance-pierre (ce qu'il fait déjà d'ailleurs), il n'hésiterait pas. Je me souviens avoir entendu Sophie de Menthon (qui s'était présentée pour être à sa tête) justifier le travail des enfants. Maintenant, j'ai quelques doutes quant-à la véracité de leur propos ! Ce n'est même pas une question "bouh les méchants, ils n'ont pas de coeur", ça me semble seulement être une "logique" (on vise à faire toujours plus de profit, on met tout en oeuvre pour).
Selon Laurence Parisot, il y a trop de "charges patronales" (de cotisations sociales en fait, l'utilisation de certains mots n'est jamais anodin), il y en aura toujours trop. On axe le problème de la dette sur les dépenses publiques en disant qu'elles sont trop importantes (sachant que celles-ci sont restées stables) mais en même temps, on ne cesse d'aider le grand patronat. Je m'interroge.
Quand je dis que la dette a bon dos, les Etats ne peuvent pas emprunter à la BCE, je trouve ça insensé. Elle sert à légitimer des politiques destructrices pour les peuples, tous les économistes ne sont pas unanimes. L'idéologie dominante est le capitalisme, il ne faut pas leurrer les gens.
Si tu allumes TF1 (qui appartient à Bouygues), si tu écoutes Europe 1 (Bolloré), si tu lis le Figaro (Dassault) etc., les journalistes tiennent un discours idéologique, les économistes les plus invités ont des liens étroits avec les milieux bancaires, industriels etc. Il est normal d'entendre partout "il faut de la rigueur, il faut de la rigueur", ils défendent leurs intérêts. Pas ceux de la majorité des travailleurs.
Ça ne veut pas dire que leur discours n'est pas erroné, que leur modèle est juste, le seul qui puisse exister etc. Le capitalisme, ce n'est pas une loi physique.
Quand par ex, tu dis que Mélenchon est un démagogue, je ne suis pas d'accord (ce n'est pas contre toi), c'est juste que les intérêts que tu défends sont différents. Tu trouves que l'augmentation du Smic est une folie, mais que penser des fortunes qui dépassent des milliards ? Ça, on l'admet. Il est là le paradoxe, des personnes qui souhaitent une augmentation pour vivre décemment sont traitées d'"inconscients" mais d'autres qui accumulent des sommes colossales laissent dans l'indifférence la plus totale, c'est "normal". Liberté, dit-on. Mais elle est où la liberté pour les pauvres types qui se voient contraints d'accepter n'importe quel boulot pour un salaire de misère ?
Et je suis certaine que si le SMIC était baissé de 100€, on trouverait ça normal parce qu'il faut faire des "sacrifices", soi-disant. Une augmentation du SMIC ferait grimper le niveau des autres salaires.
Autre point (je suis sur l'autre sujet mais je ne vais pas monopoliser les deux topics ^^). Tu as dit "est-ce qu'il est normal que quelqu'un de non diplômé gagne le même salaire qu'une pers diplômée ?", les autres salaires seraient revus à la hausse. Mélenchon ne propose pas une augmentation du SMIC pour faire du "populisme" mais entretiens-toi avec des personnes qui touchent le SMIC, voir elle est pas belle la vie. Qu'il y ait des écarts de salaire à la limite, mais entre 1100€ et 15000€, il y a une sacrée différence.
On n'est pas plus méritant selon qu'on ait bac+5 ou un CAP, c'est d'ailleurs problématique. Qui retrouve-t-on dans les filières professionnelles majoritairement ? Des fils de cadres ? Non, des personnes venant de milieux ouvriers (dans ma famille, seul un de mes cousins a obtenu son bac général, il a arrêté la fac, j'ai fréquenté une école où la majorité venait d'un milieu défavorisé et sur 15 garçons, seuls un ou deux ont obtenu un bac général) et dans les filières élitistes ? C'est souvent le même schéma. Mon copain vient d'un milieu modeste, l'an dernier en hypokhâgne, sur une quarantaine de personnes, il n'y avait qu'un type qui venait -comme lui- d'un milieu modeste. Selon que tes parents ont un capital économique et culturel bas/élevé, tes chances d'accéder aux études supérieures peuvent être nulles, minimes ou tout le contraire. Cette espèce d'idée de méritocratie est une supercherie. Si on partait tous avec une réelle égalité des chances (et sans prendre en considération les capacités intellectuelles)... mais ça n'est pas le cas.
Du coup, ça fausse toute l'idée de "t'as un diplôme, t'es plus méritant que quelqu'un qu'a arrêté en troisième donc il est normal que tu gagnes plus".
Tu valorises le travail, soit. Mais certains ne font que survivre, même avec un travail. La différence, ce n'est pas tant "la droite valorise le travail, la gauche, c'est plutôt les aides" etc., il y a d'un côté les dominants et les dominés. Le rapport de force est présent.
En ce moment je lis un bouquin et j'ai souri à un passage (je le cite), c'est une interview réalisée sur CNN avec Warren Buffett :
Dobbs - Est-ce que vous auriez une solution rapide pour réparer la sécurité sociale ?
WB - Personnellement, je ferais passer la base imposable au-dessus des 90 000$
Dobbs - C'est une idée progressiste. En d'autres termes, les riches paieraient plus ?
WB - Ouais. Les riches se portent si bien dans ce pays. Je veux dire, ça n'a jamais aussi bien marché pour nous.
Dobbs - C'est une idée radicale.
WB - C'est une guerre de classes, ma classe est en train de la gagner, mais ça n'est pas normal.
Dobbs - Pourtant on entend la Business Roundtable, la Chambre de commerce des EU se plaindre que "c'est déjà trop coûteux", que "c'est difficile de respecter les lois et de remplir toutes ses obligations". Quelle est votre réaction ?
WB - Eh bien, en ce moment, les profits des entreprises atteignent un sommet en pourcentage du PIB. Tandis que les impîots sur les entreprises, en pourcentage global des impôts, sont presque au plus bas.
Dobbs - Historiquement, vous voulez dire.
WB - Historiquement. Alors, vous savez, les entrepreneurs américains ne souffrent pas, disons ça comme ça.
Je ne pense pas que la différence en France soit très forte (je parle du grand patronat). Si j'avais appartenu à la classe bourgeoise, j'aurais certainement défendu mes intérêts (ou rompu avec mon milieu) mais je n'aurais pas dit à la majorité des travailleurs "nous menons le même combat, il faut nous écouter, nous voulons sauver vos emplois, les charges patronales sont trop importantes, les salaires trop élevés, écoutez-nous car nous avons de beaux diplômes, nous savons mieux que vous ce que vous vivez", le combat n'est pas le même, les buts sont différents.
Bon, je suis vraiment désolée pour le pavé, mon dieu.