Déclaration d'amitié
Je ne sais pas trop comment exprimer ce que je ressens pour toi. C'est une amitié très forte en tout cas.
On est tous les deux des déçus, des qui ont aimé comme des malades, tous les deux on souffre comme si on nous avait arraché le coeur, de l'absence, pour toi, l'absence d'elle, ton plus grand amour, ton plus grand regret, et moi de lui, mon désespéré amour.. On sait tous les deux qu'on ne les aura plus. On sait qu'on ne connaitra plus ces moments de félicité. On se sent englués dans nos vies qui nous déçoivent. On vie avec les souvenirs flous et enjolivés, réifiés du passé. Et c'est ce vécu brisé nous lie.
J'écoute ta musique, là. Et tous les jours quand je travaille avec eux. Comme toi tu le fais.
J'espère être aussi géniale que toi, quand j'aurai ton âge. Tu es merveilleux avec tes patients. Tant d'études, pour cette impression qu'au final, c'est toi qui m'a le plus appris.
Je me souviens, dans la voiture, quand tu m'as dit, avec tellement de maladroitesse, de pudeur et d'enthousiasme mêlé, que tu ne comprenais pas, vraiment pas, pourquoi tu ressentais cette amitié de fou pour moi. Pourquoi nous, c'était tellement évident. Que c'était pas sensé être là, mais que c'était là.
T'es comme un parrain pour moi, une sorte de passeur. T'avais l'air perdu, surpris, et tu l'as dit toi même, en toutes ces années de carrière, t'avais jamais eu cette connexion, et que clairement, c'était trop précieux, donc tu comptais lâcher prise. C'était sincère, c'était balbutiant, c'était beau
J'me souviens, de quand tu devais me déposer au bus, mais qu'au final on a parlé, parlé, et que tu t'arrêtais au magasin du coin, tu revenais chargé de petits pains, de petites bouteilles, et que tu me disais, "ça fait comme si on partait en vacances" et tu te faisais finalement 100 bornes pour me ramener chez moi
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Quand on était comme des cons à étouffer avec les fêtes de noel et qu'on s'est barrés pour se faire une virée resto et balade forêt pour se ressourcer. Loin de l'hypocrisie. Loin de nos vies. Pouvoir parler vrai, refaire le monde.
Là tu me manques, mais j'ose pas te le dire, parce je me sens encore apprenante et que dans ma tête t'as encore cette position de précepteur. Même si je suis diplômée, je me sens encore dans l'asymétrie relationnelle. Pas comme ton égale. Je suis sur la retenue niveau déclaration amicale du coup.
En tout cas, t'es une étoile de fou dans ma vie, sache le. T'es un humain merveilleux. Et je suis sûre que tu seras un prof merveilleux