@Oudin : j'ai regardé de plus près (m'enfin, wikipedia)
le concept de slow-dating, je trouvais que ça avait l'air intéressant. Mais du coup, il est surtout question d'OVS (qui n'est pas spécialisé site de rencontre amoureuses/... mais plutôt amical, du coup) et de MeetUP (qui est plus pro). Du coup, si ça ne t'ennuie pas, tu utilises quel site ?
J'étais sur Tinder (l'antithèse du slow-dating, quoi)
et je compte m'y remettre sous peu. Mais j'ai l'impression que la manière dont j'utilisais le site se rapproche (vaguement) du slow-dating. Passé l'enthousiasme des premières rencontres dans une ville moyenne (où tu arrives vite à bout des personnes à proximité), les "on se rejoint pour boire une bière" ont commencé à m'ennuyer un peu. Forcément, on se dit toujours un peu les mêmes choses et dans un ordre assez similaire et surtout, aujourd'hui, je ne vis plus en centre-ville, donc si ça implique de faire 1/2 h de vélo aller, 40 min de vélo retour pour que Pierre-Charles me pose des questions en mode entretien d'embauche, non merci. Je proposais plutôt au mec de se joindre à moi pour une activité (de la promenade urbaine à un film, en passant par un pub quiz ou une expo...). Même si le rendez-vous se révèle décevant, je n'ai pas perdu ma soirée parce que j'ai fait un truc qui me plaît. Ça doit être différent si tu as des cafés en bas de chez toi : l'investissement est moins conséquent.
Et ma situation géographique limite aussi mes plans d'un soir :
- Finesse des murs => je ne peux choper que quand mon coloc n'est pas là (il fait preuve de la même courtoisie à mon égard)
- Éloignement du centre-ville + mode de transport individuel : pas facile de ramener un mec chez moi. Et je ne me suis jamais retrouvée chez un homme le premier soir. Je pense que je suis plus rassurée chez moi, en terrain connu, je ne sais pas trop.
J'ai l'impression de partir avec des handicaps, un peu comme au golf. On peut ajouter à cela des photos pas terribles (je suis + bonne en vrai)
et le fait que j'ai tendance à recaler une syntaxe trop pourrie (bouh, classisme! d'autant que je ne serais sortie avec aucun de mes ex si j'avais fait de ce critère qq chose de déterminant alors qu’ils avaient bien des qualités). Mais pour le coup, j'ai du mal à passer outre. Pas que je me sois sentie emportée par la verve d'un quelconque tinderou, d'ailleurs. Je repense à un mec qui se disait écrivain "comme Houellbecq" (l'ortho est de lui) mais dont les messages ne dépassaient pas la phrase. Mince, j'ai l'impression d'être blasée avant d'y retourner. Irf.
J'aimerais de la tendresse. Ça me manque que quelqu'un me prenne dans les bras ou contre lui et m'embrasse dans le cou. Mais bon, ça ne me fait d'effet que si la personne me plaît...
@Nastja : quand je lis tes messages, j'ai l'impression que ce tu ressens vis-à-vis de l'attachement (l'idée qu'il est vain de t'attacher amicalement et que la seule solution est donc amoureuse) ressemble à ce que la thérapie cognitivo-comportementale (de ce que j'en comprends) appelle "pensées/croyances limitantes". Si tu te mets en retrait par rapport aux autres parce que tu t'attends à être déçue ou décevante, ça diminue d'autant tes chances de nouer des relations profondes avec eux.
Et puis ce que tu dis sur le fait que rien ne changera pour toi si tu ne te mets pas en couple me fait réagir. C'est peut-être parce que je suis en train de composer avec ça en ce moment. Je suis en train de me dire : et si je ne retrouve jamais de couple stable, comment puis-je vivre ma vie de manière à avoir le moins de regrets possibles ? D’où une certaine tendance à l’hyperactivité. C’est peut-être la
control freak qui parle mais ça me ferait flipper de me dire que mon salut viendrait de quelqu’un d’autre que moi-même ou de ma relation avec une seule autre personne. C’est clair que ça peut être vachement aidant d’avoir un.e équipier.e, un.e partenaire (la phrase toute faite « seul.e on va plus vite, à deux on va plus loin »). Mais je me dis que la réponse se trouve plutôt dans un certain équilibre entre différents pôles (travail, couple ou trouple, ou…, amitiés, loisirs…). Peut-être est-ce par pessimisme ou peur de m’engager mais je craindrais de ne pas être en mesure de me sortir d’une relation qui ne serait pas épanouissante (voire dommageable, j’ai assez de témoignages autour de moi là-dessus) parce que j’aurais l’impression de me jeter dans le vide si je considérais le couple comme la solution principale à mon bonheur. J’ai lu une étude il y a longtemps sur l’idée selon laquelle les personnes heureuses avaient moins tendance à rester dans une relation amoureuse qui n’était pas épanouissante (et que l’inverse était tout aussi vrai). Ca paraît assez logique, d’ailleurs.
Tiens, je suis en train de parcourir cet article de l’université de Toronto, «
Settling for Less out of Fear of Being Single» (Se contenter de moins par peur de rester seul.e). Je n’ai pas fait d’études dans ce domaine, j’ai du mal à juger de la qualité scientifique de l’article mais voici ce que j’en retire :
- l’équipe part d’une hypothèse : la peur d’être seul.e conduirait au fait de se contenter de moins dans des relations amoureuses, ce que montre un état de dépendance accrue de ces personnes au sein de relations insatisfaisantes («fear of being single predicts settling for less in ongoing relationships as evidenced by greater dependence in unsatisfying relationships. »)
- présente le résultat suivant : la peur de rester seul.e (que l’on mesure comment?) conduit à une plus faible probabilité pour la personne qui en souffre d’initier une rupture dans une relation amoureuse qui n’apporte pas satisfaction (« fear of being single predicts lower likelihoodof initiatingthe dissolution of a less satisfying relationship »)
- une citation d’une autre étude présente les stéréotypes négatifs qui entourent le célibat chez les femmes : les femmes seules mènent des vies solitaires, déprimantes et incomplètes. Leur malheur croît de manière exponentielle à chaque anniversaire parce que, passées un certain âge, les femmes sont « périmées ». Toutes les femmes cherchent désespérément à se marier ou à se remarier car le mariage constitue leur seule chance de mener une vie heureuse et leur permettant de se sentir en sécurité
(“Single women lead lonely, depressing, and incomplete lives. Their unhappiness increases exponentially with each passing birthday, because past a certain age a woman is ‘used up.’ All women are desperate to marry or remarry because marriage is their only real chance for security and happiness” (Anderson & Stewart, 1994, p. 64))
- un résultat de leur étude est le suivant (dans le cadre d’un speed-dating, si je comprends bien) : la peur de rester seul.e conduit clairement les sujets à développer un intérêt amoureux pour des cibles moins attirantes ou moins intéressées (« fear of being single consistently predicted romantic interest in less responsive and less attractive dating targets »)
Et de cet article, je tombe sur celui-ci : «
Longing for Ex‐Partners out of Fear of Being Single » (pourquoi on s’ennuie de nos exs par peur de rester seul.e, traduction approximative). L’hypothèse de départ : les personnes qui ont peur de rester seul.e rencontrent-elles davantage de difficultés pour se détacher de leurs ex-partenaires que les autres ?
Cela pourrait-il être pour cela que je repense (tant) à J., tout goujat qu’il soit ?
En tout cas, je suis assez conformiste et je suis sensible au jugement des autres (ou ce que je m’en figure). Et c’est vrai qu’être seul.e (et peut-être plus encore pour les femmes) est souvent mal vu. J’essaie de travailler là-dessus, notamment en tentant de changer le regard que je pose moi-même sur des femmes d’un certain âge que je vois seules (dans la rue, au théâtre, dans un café…).
Ca me fait penser à un après-midi que j’avais passé dans un café à travailler : à un moment, il n y avait que des personnes seules installées aux tables. Un peu tous les âges (mais plutôt plus âgées que moi quand même), le milieu social semblait plutôt uniforme. Je me disais, tiens, voilà : toutes ces personnes sont seules comme moi et personne n’a l’air particulièrement anormal. J’avais l’impression qu’on formait une sorte de communauté informelle. Et puis, peu à peu, iels ont tou.tes été rejoint.es par un.e partenaire (et j’attendais moi-même un tinderou) : cette impression réconfortante que j’avais eue s’est révélée complètement illusoire.
@Osha : en tout cas, je trouve ça chouette que tu sembles au clair avec les sentiments que tu éprouves pour le Pianiste.