Bon, ma sensation de profonde solitude s'est bien accentuée jusqu'à ce que je touche pas mal le fond la semaine dernière. Je me suis réveillée le samedi avec une impression affreuse qui ne m'a pas quittée jusqu'au samedi d'après. Je n'arrêtais pas de pleurer, à me sentir nulle de ne pas avancer dans ma vie, de vivre seule, d'avoir accumulé les échecs amoureux. Je me suis pas mal isolée jusqu'à ce qu'une copine m'engueule un bon coup, me disant qu'elle ne me comprenait pas du tout et qu'il fallait que je réagisse. Vraiment, j'ai eu l'impression de me retaper un état dépressif grave et de juste survivre à mes journées. Les idées irrationnelles, la tristesse, le sentiment de solitude et d'anormalité, quand c'est à un degré comme celui-là, je sais que ça n'augure rien de bon. Et j'étais à chercher tous les arguments pour me prouver que j'étais une sous-merde qui ne mériterait pas de trouver l'amour et d'avoir des amis.
Finalement, la chose qui fait qu'aujourd'hui je me sens un peu mieux, c'est simplement que j'ai posé quelques mots dessus à des amis, des collègues ou des connaissances, et qu'ils ont tous été énormément gentils. A un de mes emplois je partage mon bureau avec une collègue adorable qui a tout de suite vu que j'avais la tronche en vrac et la boule au ventre. J'ai complètement perdu pied et j'ai fini en larmes et en morve à lui dire que ça faisait des semaines que ça n'allait pas et que je finissais pas désespérer. Bah sa réaction m'a beaucoup touchée, elle m'a écoutée, conseillé une psychiatre, fait plein de blagues, réécrit le soir, elle est même venue exprès le lendemain au boulot alors qu'elle devait être en télétravail pour me tenir compagnie.
Mon amie qui m'a engueulée, c'est celle qui est enceinte. Elle m'a dit que ça ne servait à rien de dire que j'avais peur qu'on s'éloigne si je le faisais volontairement de moi-même. Et puis quand je lui ai expliqué que ce n'était pas vraiment volontaire mais plutôt un état global, elle s'est radoucie et elle m'a dit qu'elle était surtout frustrée car elle voulait être là pour moi. On a passé une soirée ensemble et elle m'a tendu des perches pour qu'on se revoit dès la semaine d'après, qu'on se fasse des vacances cet été... Il y a des choses qui me font toujours mal au coeur, notamment la comparaison entre ce qu'elle vit et ce que moi je vis que je n'arrête pas de remettre sur le tapis, mais c'est vrai que je me suis sentie plus rassurée et moins seule.
Ce weekend j'ai vu deux amis, et si je leur ai juste mentionné que je n'étais pas en forme sans m'étaler sur le sujet, rien que de les voir et rire un peu m'a fait du bien.
Et puis tout à l'heure, une autre collègue avec qui je m'entends bien depuis quatre ans m'a tendu une perche pour que je parte en vacances avec elle et sa famille la semaine prochaine. Ça m'a paru un peu étrange, beaucoup surprise, parce qu'elle était en train de raconter qu'elle voulait partir avec son mari et ses enfants, pour les occuper un petit peu en extérieur maintenant qu'il faisait beau, et puis d'un coup pouf elle m'a sorti "bah si jamais tu veux venir, je pense que ça sera à partir du jeudi", et finalement ça m'a touchée parce qu'en plus je n'avais vraiment pas l'air de réclamer, donc c'était très spontané de sa part. Même si ça ne se fait pas pour plein de raisons ça m'a fait très plaisir qu'elle me montre une marque d'affection en plus de la simple relation de collègue, genre, pour qu'on devienne peut-être amies.
Bon, tout ça pour en venir au fait que ça me saoule que ce célibat et ce manque d'activités sociales me fasse me sentir si seule alors que je ne le suis visiblement pas. Très sincèrement, ces restrictions sociales sont en train de me briser, et j'en ai marre que mon quotidien se soit transformé en lutte contre la maladie mentale. Mon grand-père est décédé du covid samedi, donc, je me rends compte de la gravité de la situation. Mais je me sens vraiment prise en otage, avec la sensation qu'on va me rendre complètement malade à mon tour au nom du risque sanitaire. Je suis sur la brèche pour être de nouveau candidate aux anti-dépresseurs et anxiolytiques et ça me terrifie.
Sinon sur Tinder je parle à deux gars sympas, mais j'ai l'impression que ça n'était pas une très bonne idée et que je vais avoir du mal à gérer la suite. Le premier a un taff passionnant mais c'est un daron séparé de 10 ans de plus que moi. Le premier argument m'a fait oublier les autres, mais par moments je me demande ce que je fous à lui parler, la sapiosexualité a ses limites. Le deuxième sort d'une relation de 7 ans et a l'air du gars qui veut remplacer le fantôme de son ex. Pas engageant non plus. Mais avec les deux j'ai eu en quelques heures des discussions super profondes, ce qui me fait penser par ailleurs que j'ai vieilli et que les prochaines relations que je vais avoir seront peut-être bien plus cools que celles que j'ai eues avant. Je sais un peu mieux m'ouvrir aux autres quoi.
Là où je dis que je vais avoir du mal à gérer la suite, c'est que ma faible estime de moi entraîne des angoisses de ouf. Dernièrement j'ai beaucoup maigri, et j'ai donc peu de photos de moi qui ressemblent à ce que je suis actuellement. Je n'en ai donc mis qu'une seule, plutôt jolie, mais j'ai l'impression d'être une imposteur qui ne montre pas son vrai visage, et que les mecs vont être forcément déçus de voir ma vraie gueule. J'ai envoyé ma photo à un ami en lui demandant de me dire franchement si ça me ressemble et il m'a dit oui, mais j'ai trop de mal à m'y faire quand même. Sans compter que mon moral bas me fait m'imaginer que je vais manquer de peps et d'énergie pour séduire. Et puis s'il jamais il y a encore du ghosting, mon dieu, je n'ai pas envie de me retrouver comme en décembre à chialer parce que je me fais tej par des mecs qui ne me plaisent même pas...
Donc bon, prudence.