Bon, ce n'est pas la joie extraordinaire.
Ma meilleure amie en moins, du coup. J'ai moins de colère que quand j'ai écrit tout mon message à propos d'elle ici. Mais j'ai toujours l'impression d'avoir pris la bonne décision. Je ne veux plus rien subir, plus aucune de mes relations. Je veux du sain, du bienveillant, de l'indépendance, de la liberté.
Beaucoup de réflexions à propos de mes parents pour essayer de mieux me comprendre, aussi. J'ai bien vu que je m'identifiais énormément à mon père, que je reproduisais les mêmes modes de relation qu'il a lui-même avec les autres (dominant/dominé, manipulant/manipulé). J'ai refait mon histoire, celle de mes parents. J'ai compris que même s'ils ont de l'amour pour moi ils ne m'avaient jamais aimée normalement, comme s'ils étaient indisponibles pour le faire. Je ne me souviens pas par exemple de ressentir l'amour de ma mère une seule fois dans mon enfance et mon adolescence. Je pense que c'est la raison pour laquelle j'ai souvent eu des relations déséquilibrées et pourquoi j'ai un telle quête d'être en couple. Je me sens seule. J'ai un vide affectif. Je suis terrifiée à l'idée de ne pas être aimée. Je suis terrifiée au moindre rejet.
Je me tape une belle obsession sur le dernier gars de Tinder, et j'en ai beaucoup honte. Je pense souvent à lui, à ce qu'il se passerait si je lui réécrivais. Pourtant on parle d'un gars qui m'a à peine réécrit après qu'on ait couché ensemble. Et qui a quand même dit "bah ouais si tu veux on se reverra" quand je lui ai dit que je ne comprenais pas son comportement mais que je lui proposais qu'on se revoit plus tard quand je serai prête. Un gars ambivalent, donc. Vog, tu n'as pas l'impression que tu mérites mieux que ça ? Qu'un nouveau mec qui a l'air d'être illisible ? Mais je n'arrive pas à lâcher. Si je n'ai plus ce mec en tête, je n'ai plus personne. Et puis j'avais apprécié les moments avec lui. Et puis j'aimais bien ses yeux. Oui, je suis incapable de lâcher. La seule chose qui me ferait lâcher... C'est d'avoir un nouveau mec en tête. C'est sans fin. Ma quête est sans fin.
Je me sens perdue. Une rupture amicale, la décision de mettre fin aux sites de rencontre, le futur incertain à cause du covid, mes problèmes d'anxiété envahissants. Je vais avoir besoin de temps pour me remettre de tout ça. Je ressens comme un énorme besoin de renouveau, de changer mon fonctionnement, de rencontrer des nouvelles personnes avec simplicité, sans attentes. J'ai besoin d'instants présents sans tout ce poids sur ma poitrine. J'ai besoin d'accepter mon célibat, d'accepter mes fragilités, de construire des choses avec. Je ne peux plus subir mes relations amicales et sentimentales, c'est fini, ma tête me dit stop, mon corps me dit stop. Je ne peux plus coucher avec n'importe qui sans le vouloir vraiment parce que ça me donne l'impression d'exister. Je ne peux plus me dévoiler au premier venu. Je ne peux plus angoisser de savoir ce que je suis pour l'autre, être ballotée au rythme des messages, des rencards, des baisers, des matchs. Je ne peux plus me blâmer et m'excuser pour tout. Je ne peux plus me détester à ce point. Je ne peux plus subir une quelconque pression face aux autres, que ce soit des amis ou des amants. Je ne peux simplement plus, je suis arrivée au bout de cette façon d'être, de faire, d'exister. Je veux que mon rapport au monde soit différent, plus sûr, plus solide, plus sain.
J'édite pour ajouter un petit élément à propos duquel je suis fière. J'ai donc beaucoup cogité sur le fait d'apprendre à mettre des limites aux autres et à moi-même. Et il y a ce collègue, au travail, qui est devenu très envahissant avec moi. Pour résumer, ce type est l'archétype de la personne manipulatrice, tout mon travail sait qu'il faut s'en méfier, ça se dit dans son dos. Il a 45 ans, une femme. Il a énormément besoin d'attention, prend beaucoup de place. Depuis quelques mois, je l'ai senti devenir envahissant avec moi, et je n'ai bien sûr pas mis de limites. J'en ai honte, mais ce jeu a pu me plaire au début. Jusqu'à ce que je sente une pression se retourner contre moi : une main dans le dos par ci par là, des SMS pour me demander pourquoi j'étais absente du travail, puis des remarques sur le fait que je n'avais pas répondu assez vite à ce SMS, des blagues passives-agressives sur une prétendue jalousie envers d'autres collègues masculins, des demandes répétitives d'aller boire un verre (avec d'autres collègues, heureusement), un message totalement excessif pour mon anniversaire (me souhaitant un délicieux anniversaire trois petits points). Et puis là, quand j'étais en arrêt la semaine dernière car j'étais au fond du trou : aller voir la collègue avec qui je m'entends le mieux pour lui demander ce que j'avais, et pourquoi j'avais tant maigri, et pourquoi je n'avais pas encore répondu à son message… STOP. STOP STOP STOP STOP. Ce genre de comportement, je ne peux plus, c'est niet, c'est trop. Plus jamais ce genre de jeu, plus jamais ce genre de relation. Alors quand il est venu me voir hier et que je le sentais gros comme une maison qu'il allait pousser le bouchon un peu trop loin, et qu'il m'a demandé "Je peux t'enlacer Vog ?" : bah je lui ai répondu non. Non non, je n'en ai pas envie, distanciation sociale, et puis pas envie. Pas méchamment, hein, juste non. Il faisait la gueule ce matin, ça m'a confirmé que j'avais tapé juste : les personnes qui soufflent le chaud et le froid selon si je réponds à leur demande d'attention, c'est ciao. J'ai le droit de dire non sans qu'il y ait des techniques manipulatoires derrière. Tu veux faire la gueule ? Fais-la. Ce jeu est fini avec moi.