Je suis épuisée d’avoir cette impression de devoir taire mes besoins affectifs auprès des hommes. Je me sens muselée, réduite au silence, à devoir m’adapter à l’autre sans cesse. L’impression que si j’ose manifester mon besoin de sécurité affective, l’homme va prendre peur et me fuir, même exprimé en toute délicatesse et en prenant soin de ne pas le pointer du doigt pour telle façon de faire. J’ai appris à me taire pour plaire aux hommes. Dire ce qu’ils aimeraient entendre. Ne pas m’écouter et subir en silence. J’ai grandi avec ces injonctions et je les reçois encore de toute part : la société, mes amis, moi-même. Et franchement je n’ai pas l’impression que ce silence que je m’impose m’aide dans mes relations. Toutes sont des échecs. Quand j’en parle, on me fait porter la responsabilité de l’échec « c’est parce que tu as montré trop d’intérêt ». On me dit (implicitement) que je dois élaborer des stratagèmes pour qu’un homme s’intéresse à moi. Souffler le chaud, puis le froid, montrer de l’intérêt mais attention ! pas trop ! Surtout ne rien dire, laisser l’homme venir à soi sinon il risque de prendre ses jambes à son cou.
J’aimerais que l’autre m’accepte toute entière, avec mes besoins, mes désirs, mes zones d’ombres et de lumière. Est-ce que l’autre se rend-t-il compte que j’existe moi aussi ? Je me sens emprisonnée avec mes émotions. Elles bouillonnent, là, je sens que le « vase » est plein. Je ne peux plus garder tout ça en moi, ça me gâche la vie, je fais des insomnies, je passe mes journées à angoisser. Je suis bloquée. J’aimerais tellement une belle relation. J’ai l’impression que ce n’est pas possible. Et chaque nouvelle expérience m’achève un peu plus, faisant monter encore le niveau du vase.
Maintenant, tout ça, ça engendre chez moi beaucoup d’anxiété. L’homme que je vois en ce moment, par exemple, a mis 48h à répondre pour définir une date où se voir. Il ne me propose jamais plus que deux rencontres par mois. Il ne m’ouvre pas la porte de l’intimité émotionnelle. Et moi, j’ai tellement d’attentes! Mais j'agis toujours avec beaucoup de mesure. J'essaie de prendre du recul. Je réfléchis beaucoup et je me demande si au fond je n’exagère pas ? Je ne veux pas le brusquer, mais je refuse de me taire encore ! Je suis tiraillée, triste, en colère, perdue. Je n’ai pas la recette.