Bon, ces deux derniers jours on s'est croisés. On se regarde de temps en temps mais je n'arrive pas à percevoir un indice sur lequel vraiment me baser ou non. Et comme j'ai du mal à m'ouvrir de mon côté, je ne lui laisse pas trop l'occasion de s'ouvrir non plus.
Au travail j'ai également un stagiaire sur certains jours de la semaine. J'avais quelques réticences à le prendre étant donné qu'il s'agit d'un homme mais je me suis dit qu'étant plus jeune que moi et dans une posture très professionnelle ça ne me gênerait pas. Et même si les choses se passent finalement globalement bien, je me rends compte d'à quel point j'ai quand même quelques soucis à côtoyer les hommes. Enfin, ce n'est pas la première des nouvelles hein, mais ça rererereconfirme le truc. Avec le stagiaire, je vois bien combien je suis sur mes gardes, en tension, en malaise, quand bien même rien n'est foncièrement compliqué dans les actes.
J'ai vraiment une angoisse latente à être en présence des hommes. Ça ne me le fait pas avec tous les hommes, seulement bien sûr ceux avec qui je peux imaginer un semblant de séduction. Les hommes beaucoup plus vieux non. Les hommes homosexuels non. Mais le reste est quand même toujours soit un peu difficile, soit carrément complexe à gérer.
Mes difficultés psychologiques que j'ai déjà dû mentionner une quarantaine de fois tellement c'est obsessionnel se sont toujours cristallisées autour de la question de la séduction (est-ce qu'un homme pourrait m'aimer ? est-ce que je suis assez belle ? assez bien ? est-ce que je mérite un compagnon ? est-ce que ma vie sera comme celle de toutes les autres femmes ?...) au point que quand j'étais ado, je ne pouvais même pas adresser la parole à un mec de mon âge. Et une fois que j'ai pu le faire, et même approcher des hommes sexuellement, tout s'est emballé et j'ai pas mal vrillé en angoisse. Depuis quelques années les choses sont plus calmes mais je sens qu'il y a toujours une peur profonde prête à ressurgir à la moindre occasion.
Je n'ai jamais eu d'ami homme, même pas de pote homme, en dehors d'un ami très proche mais qui est homosexuel, ce qui a réglé d'emblée la question de la séduction. Sinon mon monde n'est qu'un monde féminin, des amies, des collègues à 80% des femmes.
Du coup depuis quelques temps, je crois que je l'avais mentionné ici aussi, avec mes progrès dans ma confiance en moi, je séduis beaucoup plus, tout en gardant ces angoisses, ce qui créée un mélange un peu bizarre où je ne sais pas où me situer, quels hommes approcher, de quelle manière le faire... J'ai donc vachement coupé les choses pour abaisser la tension : plus de sites de rencontre, le minimum d'espoir, en restant quand même ouverte à l'inconnu au cas où.
Ce soir je me sens carrément perdue. Mon voisin de bureau m'attire beaucoup mais j'ai l'impression que cette histoire va devenir bien plus angoissante que plaisante à la longue tellement cette question de la séduction est difficile à gérer ! J'en reviens presque à regretter le temps où je ne le connaissais pas, parce que je n'avais rien qui me trottait en tête, aucune porte de bureau à regarder pour voir s'il est présent, aucun repas où j'ai peur de prendre la parole parce que je ne veux pas déplaire... Parfois au travail je ressens des sensations de vide, du spleen, alors que ça n'était jamais le cas avant. J'ai l'impression que c'est à cause de cette tension que j'éprouve en sa présence, qui me laisse juste fatiguée ensuite. Quand j'étais en couple d'ailleurs je me souviens que je me sentais constamment fatiguée et que j'avais souvent ces ressentis de vide et de fragilité assez indescriptibles.
Rah et ça y est je sens que je me prends trop la tête, c'est parti.