Question (pas si) con Faut-il ou pas donner de l'argent aux mendiants ?

[Cottontail-]

Je n'ai pas lu tous vos commentaires, mais je reviendrai le faire dès que j'ai un peu de temps!
En attendant, je vous conseille de lire le livre Clocheman, de Jean-Paul Fantou, c'est le témoignage d'un sdf, il y raconte comment il se retrouve à la rue, et les difficultés pour en sortir, le cercle infernal dans lequel on tombe. Il traite d'ailleurs de ce problème avec l'alcool dont certaines d'entre vous parle.
J'avais trouvé ce livre très intéressant, il est facile à lire, et il m'a ouvert les yeux sur les sdf, le fait que ce sont des humains comme nous avant d'être des sdf notamment. Je trouve ça très pertinent d'avoir le récit d'une personne qui a véritablement vécu dans la rue pour comprendre tout ce qui touche à ça, plutôt que juste des témoignages de personnes qui ont connu des sdf mais sans connaitre concrètement ce que c'est de vivre comme eux (même si ça reste instructif hein!)
Voila

 

[jusdepomme]

Moi je donne, dès que je peux, sauf je dois l'avouez à deux types de personnes:
Ceux qui me font peur, le genre à te siffler quand tu passes ou à t'insulté
Ceux qui n'on pas l'air cleane (ex: dans le métro celui qui passe ou aux stop celui qui toque à ta fenêtre ou la mère avec son gosse et sa pancarte) parce que je trouve ça afffreu de forcer la main et que chez moi ce sont surtout des roumains et qui, j'en ais toujours peur même si c'est pas sur, sont peut être impliqué dans quelque chose de plus grand.
Après il y a des fois où je peux pas me le permettre en tant qu'étudiante mais j'essaye vraiment de donner au maximum, pas forcément beaucoup mais le plus souvent possible. Et même quand je ne donne pas je leurs dis bonjours, je n'évite pas leurs regard, je sais qu'ils existent en tant qu'être humain et je veux leurs montrer. Ca met déjà arriver de me retrouver assise avec certains à discuter, les laissé s'exprimer sur leurs vie c'est aussi une manière importante de les soutenir. Beaucoup sont seul et leurs permettre d'avoir un peu de compagnie c'est important je pense.

 

[Luna-Frog]

Je donne de la nourriture (jamais d'argent) de temps en temps (pour Noël par exemple j'ai acheté des menus dans un fast food pour les refiler à un couple de SDF avec nuggets pour le chien. Ils étaient tout contents, j'ai papoté avec eux, parce que le contact humain c'est bien aussi.) mais je n'ai pas des moyens illimités (je gagne 700 balles bientôt 500 par mois faute de trouver un temps plein, et je n'ai aucune aide sociale) donc c'est pas tous les jours et ça dépend qui aussi par exemple celui a qui je ne peux pas donner qui va mal le prendre et me dire que je suis (situation vécue) "une sale bourgeoise" b'en non, je suis loin de l'être même, et je dois faire mes petits boulots sont pas marrant pour gagner mes p'tites miettes. Je conçois que la situation dans laquelle se trouvait le Monsieur n'est pas fun, mais de là à agresser les autres je ne suis pas ok. Souvent ce sont des gens qui me saluent, que je croise régulièrement, à qui j'offre un café, quelques fingues quand je fais mon tri, quelques couvertures, croquettes pour les clebs...
Mais pas d'argent, par principe, parce qu'on ne sait pas sur qui on tombe, où s'en va l'argent (dans ma ville il y a beaucoup de réseaux), et que j'ai l'impression de donner un peu plus que du matériel quand je refile des trucs aux SDF que je "connais" (je sais qu'elle, elle est allergique à tel truc, que lui surkiffe tel parfum de gâteaux...) donc je trouve ça plus humanisant d'agir ainsi que de jeter quelques centimes à l'aveuglette en passant.

 

[Aleynia]

@Sur le fil Mon post n'avait absolument pas pour but d'être "jugeant" ni de déterminer qui était méritant.
Je ne donne plus, j'expliquais juste mes motivations. L'expérience me fait penser que donner dans la rue ne sert à rien.
Déjà car après m'être fait malmenée par des SDF, avec les aveux du frère de mon ex, et diverses expériences personnelles, je ne peux plus donner. Ca ne me donne pas bonne conscience. Je n'ai pas l'impression d'aider cette personne.
C'est pour ça que j'expliquais que je préférais donner de la bouffe ou encore mieux de mon temps pour les aider à se réinsérer avec l'aide d'associations.
On peut pas les aider à notre échelle, parce que bon, leur misère nous fait juste culpabiliser sur notre propre situation "privilégiée".
Je ne vais pas "adopter" un SDF chez moi, et lui donner 1€ ne va pas l'aider à surmonter ses problèmes. Mis à part l'aider au sein d'assos je vois pas trop ce qu'on peut faire.
Mais c'est encore toute une démarche qu'ils doivent faire eux pour s'en sortir, surmonter leurs addictions, se réinsérer dans la société petit à petit.

 

[chlomichx]

Hello ! Bon, déjà je précise que je n'ai pas eu beaucoup d'expériences avec les SDF, je vis dans un milieu rural, alors les gens qui font la manche dans la rue, je ne connais pas. Seulement, quand j'ai été à Paris, ça m'a réellement frappé de voir tous ces gens dans le froid. Alors certes j'étais consciente que ça existait, mais le voir c'est toujours plus choquant. Bref, là n'est pas le sujet.
Je voulais commencer par dire que je trouvais cela bizarre de souhaiter une bonne journée à un mendiant. (j'ai vu cette idée plusieurs fois dans les premiers postes) Je ne sais pas pourquoi mais je trouve ça plutôt "hypocrite". Je m'explique : cette personne va passer sa journée dans le froid, sans savoir si elle allait avoir à manger, à boire, si allait pouvoir survivre à la nuit qui allait suivre. Et normalement quand on souhaite bonne journée à quelqu'un, c'est qu'il va passer une bonne journée, ou que en tout cas, il ne va pas se poser les questions élémentaires comme 'Où est-ce-que je vais dormir cette nuit ? Je vais pouvoir manger ? etc" Alors certes, c'est mieux que de passer sans rien dire, mais souhaiter une bonne journée, je trouve ça presque "déplacé". Je sais pas si je suis la seule à penser ça ...
Ensuite, je trouve ça dégueulasse que les bancs, dans les métro par exemple, soit conçus pour que les SDF ne puissent pas s'allonger. Enfin, c'est quoi le problème ? Ça dérange qui à part les cons ? Pardon. Mais sérieusement, je vois pas qui ça peut déranger qu'un SDF vienne s'abriter là. Alors, ok les femmes enceintes, les personnes âgées ont besoin de s'asseoir pour attendre le métro, mais après ?
Ensuite, en ce qui concerne les dons, je pense que les deux moyens sont bons (le don dans la rue, et celui aux associations). Clairement, on peut pas tout faire, mais donner une pièce ou un sandwich de temps en temps et donner ses vieux vêtements à Emmaüs par exemple, je trouve ça plutôt pas mal. Après j'y connais rien comme je disais.

 

[Professeur Mc Gonagall]

C'est une question délicate... Je rejoins la peur qu'ils s'achètent de l'alcool avec : dans l'absolu ça ne nous regarde pas, sauf que s'ils dorment dehors et dans le froid, ça augmente les risques parce que l'alcool donne une fausse sensation de chaleur.
Il y a aussi la mendiante qu'on a toutes vue au moins une fois : celle avec le bébé dans les bras. Vous savez, celui qui ne pleure jamais. Tu pourrais rester plantée toute la journée, le bébé ne broncherait pas.
J'ai lu un témoignage à ce sujet récemment : la mendiante n'est pas la mère du bébé. C'est une immigrée qui a été prise dans un réseau, et le bébé a été pris dans une famille d'alcooliques. Et drogué pour qu'il dorme toute la journée, parce qu'un bébé qui pleure ça dérange. C'est pas la mendiante qui récupère les sous à la fin de la journée - si elle a de la chance on lui donne un kebab pour manger.
Du coup je me dis, si ceux-là ne servent qu'à enrichir un réseau, comment savoir si ce n'est pas le cas d'autres gens ?

 

[chlomichx]

@Thée Je suis parfaitement d'accord avec ce que tu dis. Avec le fait de dire "bonjour" aussi. Ce que je trouvais hypocrite c'était de dire "bonne journée", ce qui en soit, se ressemble beaucoup ...

 

[Lafastod]

Mais pourquoi c'est interdit? J'ai jamais compris pourquoi tout ce qui n'était pas vendu devait être détruit

Il me semble que c'est parce que s'il y a une intoxication ou quelque chose comme ça, ils pourraient se retourner vers l'enseigne.

 

[EndlessRain]

Personnellement j'hésite toujours à donner pour les raisons citées plus haut du "ils vont en faire quoi ? S'acheter de l'alcool/cigarette ?", et je ne donne jamais à ceux qui demande : qui viennent vers toi en disant "une petite pièce mademoiselle ? " ou qui t'interpelle quand tu passe devant eux, je ne sais pas pourquoi mais ça m'inssuporte ... Mais comme je sais qu'il y a vraiment des gens en situation précaire j'ai quand même trouvé une "combine". En fait je ne donne qu'aux gens qui ont des chiens, et je donne que des trucs pour le chien (croquettes, friandises, trucs à macher quoi). Pourquoi ? Parce que si le mec aime vraiment son chien il sera content, parce qu'en général ils font passer leur chien avant eux, et si le mec à juste un chien "pour attiser la pitié ou sympathie" (une fois ça m'avait atteré une meuf avec genre 3 chiots, des CHIOTS bordel, pour moi ça criait juste "regarde mes pauvres chiots olalala donne moi des sous pour m'en occuper stp") ben il se sera fait avoir et le chien sera bien nourri au moins.

 

[BRICBRAC]

Personnellement, je pars du principe que je ne connais pas la vie de ces personnes et encore moins qui elles sont ! C'est pour cette raison que je ne les catégorise pas et donne quand j'en ai l'occasion, quelque soit la personne. Il est vrai que se faire interpeller peut parfois être "exaspérant" mais imaginez vous dans cette situation et demandez vous comment vous réagiriez ?

Quand je donne de l'argent je donne toujours quelques euros ! Je sais que tout le monde n'a pas les moyens de donner plus que quelques centimes mais je ne me vois pas leur donner 0,40/0,50 cent quand je peux leur donner 2-3 euros. Avec ces quelques euros je suis sûre qu'ils peuvent s'acheter un sandwich (et tantpis si c'est pour de l'alcool même si je préfère le contraire). Comme je l'ai écrit plus haut, je comprends que tout le monde n'a pas la possibilité de donner la somme que je donne. Mais, je me souviens que j'avais une amie qui avait toujours un porte monnaie rempli de pièces et quand elle donnait (rarement) à un SDF, c'était une pièce de 0,20centimes avec l'impression d'avoir accompli la bonne action de l'année et en plus, recherchait une certaines reconnaissance vis à vis de cette personne. Ca ça me dérange, ces personnes qui donnent leurs petites pièces juste pour s'acheter une conscience. Enfin soit,

Sinon, je donne aussi de la nourriture. La dernière fois, j'allais faire les courses avec une amie et il y avait un mendiant juste en face du supermarché. Il nous a demandé si nous avions de la monnaie, alors comme je n'en avais pas, je lui ai dit que j'allais faire les courses et lui ai demandé si il voulait un sandwich et ce qu'il aimait comme nourriture. Quand on lui a demande ce qu'il aimait boire, il nous a répondu de la bière. On était un peu gênée mais finalement on lui a acheté une grande bouteille d'eau et du coca et il en était très content.

Je travaille comme étudiante dans une gare, ce qui fait que je vois beaucoup de SDF. Ils sont souvent très mal traités, ce qui est bien plus qu'injuste ! Mais le plus important, n'oubliez pas que ce sont des personnes comme vous et moi ! Qu'il ne faut pas avoir peur de leur parler, et surtout ne pas les déshumaniser.

Sur ce, je vous souhaite une très belle soirée.

 

[sushinette2934]

En tant qu'éduc qui a bossé auprès du public SDF je comprends bien les appréhensions a donner, ou la culpabilité de ne rien donner... J'avais parfois les mêmes il y a quelques années. Puis j'ai compris que trouver à manger n'était pas ce qu'il y avait de plus compliqué, ce qu'il y a de plus dure c'est de tenir le coup, de passer le temps sans sombrer alors oui avec nos quelques euros ils s'achètent parfois de l'alcool, des cigarettes, et alors j'ai envie de dire ? si ces petits quelques choses les raccrochent à la vie, leurs permettent de se sentir mieux, moins seuls, en dehors d'une réalité trop dure et pesante, tant mieux. C'est déjà ça. A nous (en tant que société) de nous sentir coupable de favoriser la consommation de masse, l'envie et l'individualisme au détriment de l'entraide et la compassion.
De plus le monde de la rue est terrible, le plus souvent l'intégration des nouveaux se fait malheureusement par la consommation. Être seul dans la rue c'est mourir.

 

[sushinette2934]

Alors je suis pas bien d'accord avec toi Daffy Duck même si je comprends ce point de vue. J'ai fais mon sujet de mémoire sur les jeunes et l'errance, les consommations, l'estime de soi et tout et tout et je me suis vite rendue compte que ces "punks à chiens" (qui n'en sont plus réellement d'ailleurs) ont quitté le foyer familial car souvent extrêmement violent, compliqué ou sont des jeunes au parcours chaotique fait de placement en placement et oui ont peut être au début choisi la rue, car elle peut apporter un sentiment de liberté, de non contraintes etc... mais souvent ils se rendent bien vite compte que l'errance est dure et invivable surtout quand on est jeune. Sauf que quand ils se disent qu'ils veulent changer de vie il est trop tard. moins de 25 an = pas de RSA, pas de thunes = pas de logement = pas de boulot = pas de thunes. Gros cercle vicieux. Du coup on les trimballes d'administration en administration avec toujours plus de demandes et de contraintes alors oui ils perdent patience, s’enivrent et envoient tout valser.
Par ailleurs, cette fuite dans les produits et l'alcool est bien souvent une fuite de la réalité trop dure à assumer qu'un mode de vie pleinement reconnue et accepté. Je te mets un petit extrait de mon mémoire ou je cite F. Chobeaux, spécialiste de l'errance chez les jeunes et directeur des CEMEA.


pour François CHOBEAUX « la vie du zonard est en fait beaucoup plus pour eux une fuite permanente douloureuse et désespérée d’une souffrance individuelle impossible à gérer et à dépasser que la mise en acte du choix d’un mode de vie épanouissant fait d’hédonisme de convivialité inventive et de liberté ». Pour lui, ce mode de vie revendiqué ne serait donc qu’une façade, un vernis pour cacher un profond mal-être auquel ils ne veulent pas être confrontés par peur de ne savoir le gérer. « L’engagement dans l’errance est alors à la fois une fuite et une quête désespérée de soi, faite de prises de risques non gérées, d’impulsivité, d’intolérance à la frustration ».

François CHOBEAUX affirme que durant ce processus mouvant qu’est l’errance, la personne passe par plusieurs stades : après la lune de miel, la joie éphémère ou la personne se satisfait de son mode de vie et le revendique, celle-ci passe par la prise de conscience progressive puis arrive l’installation passive et autodestructrice dans l’errance où la personne en vient alors à réellement subir cette vie en marge de la société.