J'aimerais éclaircir quelques points avec vous sur la condition de la femme dans le monde religieux. D'abord, j'aimerais proposer trois règles à suivre, que l'on soit athée, agnostique ou même croyante pour éviter les idées toutes faites sur ce topic:
Les trois commandements théologiques:
- Prière de lire les textes religieux, de s'instruire et de citer avant d'attester ou de contester (Bible, Coran, Torah...) Pourquoi ? Parce que les autres textes sont tous des interprétations et que votre propre interprétation peut servir la cause féministe.
- Prière de ne pas associer les mouvements extrémistes à l'essence d'un culte (djihad, ultra-orthodoxe...) Pourquoi ? Parce que vous frôlerez l’amalgame et ferez de la Femme une double victime de son propre culte.
- Prière de ne pas remettre en cause l'âme de quelqu'un, c-à-d ce qu'il croit juste et bon envers lui-même (rituels/habitudes, régime alimentaire...) Pourquoi ? Parce qu'à part si tu risques de mourir, c'est de la méchanceté gratuite.
Ensuite, je crois que ce qui vous dérange, ce n'est pas tant le sexisme, mais la non-mixité des organisations religieuses. C'est ce qui les caractérise le plus et le sexisme s'en retrouve d'autant plus choquant. Il faut savoir que dans un premier lieu, la mixité importe peu. C'est d'abord une question de spiritualité : se détacher de son corps, libérer son esprit de toutes les pulsions - désir, faim, possession de biens matériels - et chercher le bonheur, la paix à l'intérieur de soi-même puis à la rencontre de l'autre. Si vous avez vécu des expériences lors d'un voyage spirituel, dans un monastère ou dans un autre pays par exemple, je serais heureuse que vous les partagiez. J'oserais peut-être raconter le mien. En deuxième deuxième lieu, chaque culte a établi des préceptes dans ce but et, la rencontre, qu'elle soit avec une divinité (l'alter ego, l'autre nous, celui en qui on a foi, en qui on a confiance), un membre de sa famille, ou son âme sœur, les rites (prière, mariage, funérailles) ont été définis par une société patriarcale. Les rôles sont répartis afin d'établir la prospérité au sein d'une famille et d'une société. De ce fait, je crois qu'il faut
séparer le culte de la superstition, car celle-ci n'englobe pas tout le reste. Elle n'est d'ailleurs qu'entre les mains des institutions, qui s'en servent très souvent pour exercer leur pouvoir (monétisation de l'institution religieuse, construction de monuments...).
Il faut abolir l'idée reçue que la femme est inférieure dans une religion. Elle est, au contraire, souvent sacralisée, relayée au rang d'une déesse et donc malheureusement "inactive" en réalité. Je prend l'exemple des Vénus paléolithiques et de leur hypothétique culte de la Mère, ou encore Gaïa le culte de la Terre, dont les valeurs matriarcales sont associées à l’amour, la générosité, la patience, la bonté, la maîtrise de soi et la joie. Aujourd'hui, ces valeurs peuvent être perçues comme un rejet, une exploitation et une dictée de conduite pour la femme tant la recherche de cet idéal s'est cristallisée.
Il faut savoir qu'une divinité n'est pas réellement sexuée. Ce qui l'est, ce sont ses représentations (l'enfant Jésus, le prophète Mahomet, le Bouddha...) porteurs d'un message fort pour leurs disciples. De la même façon que pour la femme, on pourrait dire que cette image masculine et déifiée s'est cristallisée aussi à la différence que c'est un autre qu'on peut toucher. Entre autre, il faut y voir pour y croire.
@alita99 l'a expliqué plusieurs fois:
le sexisme dans la religion n'est pas un cas isolé.
Il y a également un sexisme débordant chez les politiciens et les scientifiques, des personnes censées être douées de raison et de logique. Ces hommes, que ce soit le
pape François,
Laurent Fabius ou
Tim Hunt,
puisent leur pouvoir dans le sexisme et non dans le domaine qu'ils servent. Vous remarquez que le sexisme s'exprime toujours par de la violence envers les femmes et ce sous une ribambelle de masques: indifférence, harcèlement, agressivité morale et physique, etc.
L'argument dont ils usent et abusent pour se légitimer est toujours à caractère sexuel. La femme est née pour être mère, la façon dont elle s'habille doit plaire aux hommes, sa présence empêche de se concentrer sur un travail sérieux parce-que-je-suis-très-très-viril, bref! La liste est longue. Or, ces arguments ne sont jamais fondés dans un but spirituel. Je crois qu'il y a un abus de langage au profit des hommes et que les textes doivent être réinterprétés dans le contexte actuel, là où les femmes sont lettrées, capables de penser d'elles-mêmes et de s'exprimer, soucieuses de leur propre bonheur et de celui de ses proches.
Pour terminer, je voudrais partager quelques articles sur l'émancipation des femmes de confession. Premièrement un article sur les nonnes bouddhistes, célèbres pour pratiquer le kung fu. C'est une communauté qui s'est réunie autour de la condition féminine. Leur art martial leur a permises, non seulement, de survivre à un tremblement de terre au Népal mais également de venir en aide aux réfugiés. J'admire ces femmes parce qu'elles expriment
de la bonté dans un acte héroïque censé être attribué aux hommes et aussi parce que c'est une dimension autre que sexuelle et réductrice [
Lien] . Egalement, je voudrais parler de l'actrice Whoopi Goldberg de
Sister Act incarnant une fausse bonne sœur infiltrée dans un couvent. Cette série de films ne parle pas ouvertement du sexisme dans le contexte religieux mais elle souligne les échanges passionnés entre plusieurs femmes ainsi que les valeurs communes qui les soudent. Je pense que
la solidarité féminine et l'affirmation de soi est primordiale avant de lutter contre quoi que ce soit. C'est ce que
Sister Act m'inspire en tout cas. Disney a l'intention d'en faire un remake. Affaire à suivre. En attendant je pense fêter le weekend et la fin des examens en les regardant ce soir [
Lien] .
Voilà, c'était long à écrire et j'ai essayé d'être "laïque" en ne citant les confessions qu'à titre d'exemple. J'espère que leur description vous conviendra.