Tout mon soutient aux madz qui passent des moments pas faciles avec leurs parents, big-up à vous, vous êtes fort(e)s !
Cher "papa",
Je souffre tellement de la non-relation qu'on a. Faut dire que dès le début, dès ma naissance t'as pas été là, autant dire que ça partait déjà mal, non ?
Le jour de ma naissance, tu es parti surfer au lieu de soutenir ma mère lors de son accouchement. Merci pour elle.
Tu n'as jamais osé aider ma mère : ni me donner le bain, ni me changer alors qu'elle rentrait beaucoup plus tard le soir. Merci pour elle.
Les années ont passé, et que m'as-tu appris ? Rien.
Tu ne m'as pas appris à faire du vélo, c'est le père d'une amie qui l'a fait, le ping-pong, ski, rollers tu as préféré le léguer à ma mère ou à des profs.
Alors tu me collais devant un ordi à jouer, comme si on partageait quelque chose, mais non, j'étais dans mon coin. Tout ce que tu faisais c'était m'engueuler, me parler froidement ou me mépriser quand je faisais une bêtise, et encore aujourd'hui : sais-tu comment je me sens nulle lorsque tu me fais une réflexion alors que je cherche à ce que tu sois fier de moi ? .
Tu étais "La Haute Direction", sympa comme surnom, n'est-ce pas ?
Puis un jour, La Haute Direction est partie, tu as pris tes affaires et tu as quitté ma mère.
J'en ai énormément souffert, ma mère s'en rendait malade, et moi, la veille de venir te voir, j'étais toujours malade. Sympa, non ?
Tu m'as présenté ta compagne, j'avais deviné depuis de longs mois (te souviens de la fois où je suis restée 3h devant le Seigneur des Anneaux à attendre que tu reviennes de prétendues courses et que tu n'avais aucun sacs en rentrant ? ), mais dès que tu m'as dit que tu avais rencontré quelqu'un, tu me l'as présenté. Un peu brutal, non ?
Les années sont passées, encore, toujours avec de l'amertume.
Tu as re-rencontré quelqu'un, qui t'a changé, t'a empiré : tu es devenu beaucoup plus froid, sec, cassant. Je déteste celle qui t'a rendu comme ça : elle m'a volé le père avec qui je peine déjà à établir un semblant de communication.
Et tu es reparti à 2h d'avion de moi.
Tu sais combien de nuits j'ai passé à pleurer à me dire que déjà notre "non-relation" nous tuait, tu partais volontairement pour t'éloigner de moi ? Tu sais comme je me suis sentie abandonnée ? Non. Parce qu'on se dit pas les choses, et on se les dira jamais, on ose pas tous les deux.
T'es revenu, parce que maman t'as dit comme je le vivais mal.
Aujourd'hui tu es de retour, et on ne s'est pas arrangés.
Alors je m'accroche à notre relation, parce que je veux un père (tu sais qu'une fois, t'appeler "papa" m'a paru étrange ?). Je te fais partager mes goûts en musique, films, et inconsciemment, ils sont semblables aux tiens, sûrement parce que je veux m'accrocher à toi, et puis on est pareil toi et moi : caractère, physique...Alors pourquoi on arrive pas à construire une vraie relation ?
Puis, aujourd'hui, alors que je vais partir à plus de 300km de toi l'année prochaine tu veux m'empêcher de partir ? C'est maintenant que tu te rends compte que tu as une fille ? Que tu t'es pas assez occupé d'elle et qu'elle s'est sentie abandonnée ?
Et bien c'est trop tard : j'ai grandis, je vais partir faire mes études et quoique tu dises, je suivrais ce que j'ai envie de faire même si tu fais tout pour m'en empêcher, jusqu'à encore me faire pleurer. Tu te souviens quand tu m'as dit "J'espère que ce sera pas Lille." lorsque j'ai reçu une confirmation comme quoi j'avais une chambre pour cette ville où je rêve de faire mes études ? J'ai pleuré. Alors que tu ne t'es jamais occupé de moi, aujourd'hui alors que je pars faire mes études tu me retiens ? Paradoxe, non ? Pourquoi tu agis avec moi comme tu as toujours détesté qu'on agisse avec toi ? Pourquoi tu répètes les erreurs ?
Papa, cette non-relation finira par nous achever tous les deux.
Mais j'essaie de t'aimer. C'est pas facile mais j'essaie.