@Jeanne des brumes :
j'ai tout lu (eh ouais
) ; et je crois que je te comprends carrément.
Je trouve déjà qu'il y a une grande différence entre les gens qu'on choisit (amis, conjoints) et ceux qu'on ne choisit pas (famille). Du coup à mon sens, si ma famille fait de la merde (ce qui est régulièrement le cas
), je ne vais pas particulièrement me sentir coupable.
Après il y a le conjoint et les amis. J'ai déjà plus l'impression que ces derniers reflètent mes "valeurs" et "principes". Non pas qu'ils aient les mêmes, mais je dois bien admettre qu'ils disent quelque chose de moi. Cela dit, ça arrive tout de même souvent de ne pas être en accord avec une personne, et rester son amie.
Le conjoint je te comprends, c'est quand même un cran au-dessus. Je trouve que la notion de principe intervient plus fort car souvent (pas toujours), c'est la personne avec qui on va vivre, éventuellement avoir des enfants...
Par exemple si tu as des convictions écolos et que ton mec fait grimper vertigineusement et inutilement la facture d'électricité et la consommation d'eau, comme c'est ton foyer, tu vas te sentir concernée. Tu ne peux pas simplement te désolidariser de lui, puisque vous avez fait le choix d'habiter ensemble.
Et les enfants bien sûr. Un enfant, ça s'élève quand même selon des valeurs. Tu dis toi-même que tu as des convictions féministes, j'imagine que tu envisages d'y sensibiliser tes enfants, par conséquent il serait difficile, dans le cas où tu voudrais fonder une famille, de leur "choisir un père" qui y serait réfractaire. Du coup je pense que dans mon cas, inconsciemment, il va y avoir quelques trucs non négociables sur lesquelles je peux être plus "sélective" sur le choix de mon mec dans la perspective d'une relation sérieuse - ou alors, de façon plus pragmatique, être vraiment déconcertée si je me rends compte que mon mec actuel ne colle pas à certains points de mon code moral.
Enfin tout ça, qui n'est qu'une série de remarques théoriques et d'exemples, pour dire que ça ne me paraît pas incohérent que tu appliques davantage tes convictions dans ta relation à ton copain que dans ta relation à ta famille ou à ta soeur.
Et je connais aussi le moment un peu douloureux où tu as flanché, et quelqu'un vient tenir le même discours que toi, mais auquel tu ne t'es pas tenue. C'est très très chiant, ça donne un sentiment d'échec. Je supporte moi aussi très mal qu'on me mette face à mes propres contradictions (...en revanche je me rends compte que je le fais avec autrui
faudra que je travaille là-dessus), surtout que je suis exigeante envers moi-même et que ces "manquements", tout comme toi, je me les reproche déjà.
En revanche je te trouve dure avec toi-même sur ton exemple précis, car finalement, dans toute cette histoire, il n'a jamais été question de ta conduite. Disons qu'avec la fin de ton développement (le post-spoiler) j'ai mieux compris, mais en lisant le début puis en voyant ton exemple, tout ce que je me suis dit c'est :
"mais en fait ça va c'est pas elle qui conduisait, c'est pas elle qui a dérogé à ses principes".